Michel Benoit faisait preuve d’un bel optimisme jeudi matin en annonçant qu’il faisait beau. Bien sûr cette belle flaque vue en sortant, juste après avoir lu son commentaire, avait plusieurs heures d’âge, mais la journée s’est écoulée entre soleil filtrant à travers un voile blanc, quelques déchirures et quelques gouttes paresseuses. Les manches longues reviennent et le linge reste humide.
Puisque Paumée se poursuit encore, le pauvret, j’ai pris en rentrant des rues luisantes le sujet des impromptus http://impromptus.fr/dotclear, soit : un texte commençant par « elle avait apporté des fleurs de Tournesol », j’ai décidé, comme tous les autres d’ailleurs, d’ignorer la majuscule, et cela a donné :
Elle avait apporté des fleurs de Tournesol, mais je ne l’ai pas su tout de suite.
J’ai vu les belles traces boueuses sur le carrelage provisoirement propre, entre la porte ouverte sur une douce lumière et la petite bonne femme droite, dressée, tête levée avec un sourire radieux qui prenait toute la place, transfigurant la bouche et les joues, faisant briller les yeux et électrisant ses boucles.
J’ai grogné - où était elle encore allée se fourrer ?
- « y avait une belle flaque devant ta cour, et regarde, j’ai de nouvelles bottes… elles sont belles, hein ! »
Et c’était vrai, elles étaient charmantes ses bottes de caoutchouc, d’un bleu de soleil de grand été, avec des petits liserés jaunes qui tranchaient avec éclat.
J’ai embrassé ses cheveux : « bonjour ma belle, ton père sait que tu es là ? »
« il est parti tôt au marché, et il va revenir avec des hommes - ça m’ennuie, - tu m’invites à déjeuner, et tu lui téléphones - tiens, je voulais te montrer… »
Une fois encore, elle décidait.
Sa main gauche a plongé dans le sac plastique qu’elle tenait, et lentement, comme en hésitant, et avec détermination, ses yeux me guettant, en a tiré un grand bristol. Et ils étaient là les tournesols, les tiges esquissées, en quelques traits joyeux et souples, s’épanouissant en grandes taches lumineuses, travaillées, qui surgissaient de la surface ivoire.
J’ai retenu mon souffle. Elle a posé son dessin sur la table. Nous l’avons regardé sérieusement. Je cherchais une remarque à faire. Qu’elle ne soit pas trop satisfaite, qu’elle continue..
Et puis, parce que je le pensais : « c’est très beau - j’aimerais pouvoir - continue ma belle. Qu’est-ce que tu veux manger ? Il n’y a pas grand-chose… »
« c’est pas vrai. Tu vas bien trouver. Je peux regarder tes vieilles BD ? »
« vas-y - mais range tes fleurs »
« elles sont pour toi »
« merci - enlève tes bottes » et j’ai ouvert le réfrigérateur.

Constaté que l’absence de lumière bouffait le monde avec autant d’efficacité que le trop, et qu’une construction, de taille tout de même non totalement négligeable, s’est réduite à la trace de quelques joints, transmutés en grille légère.
Un plaisir de lecture, sur Remue-net, les deux parties de « Danse » de Raharimanana http://remue.net/spip.php?article2668 et la suite en cliquant - et, c’est vrai, le mot « plaisir » n’est pas le bon, mais qu’importe si je ne le trouve pas, c’est le texte qui compte.et il parle aussi, et surtout, de la langue.

M'en vais diner et dormir, apaisée, l'orage qui voulait descendre dans ma cour - et j'avais animalement peur - semblant vouloir s'éloigner

petit complément :à 9 heures 15 : la pluie nous a quitté mais Kouchner et ses petits camarades nous font l'honneur de venir décider pour nous en toute discrétion, alors comme j'ai mauvais caractère http://brigetoun-avignonmu.blogspot.com/2008/09/venez-vendredi-5-septembre-2008-18.html