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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, octobre 18, 2008

barbarisme
Si j'accepte, à contrecoeur, d'être le choeur antique de ce conte, c'est à moi de décider où il commence. Et puis aussi de choisir mes mots parce que je suis réservée, là, tout de suite, sur ce choeur qui suit un coeur, même contre, et sur l'irruption d'un choeur antique dans un conte. Très bien, mais pas pour moi. Alors pourquoi ? Parce que.
Or donc, c'était dans des temps très anciens, et le héros, haletant, la main pressée contre son flanc, se coulait le long du bois, tendu vers la belle et verte eau qui se précipitait sur les rochers au bas de la falaise.
Il était comme un cerf blessé, puni par les dieux pour sa vaillance et...
Je suis apparue au dessus de lui, sur le bord du plateau.
Et il a commencé sa plainte, lyrique, maudissant le destin qui le frappait.
J'ai chanté la pitié, la prière, appelant sur lui le repos, la clémence d'Athéna, de Zeus, et de Héra - ce qui était assez osé comme rapprochement je l'avoue.
Mais, à vrai dire, j'ai du mal à le prendre au sérieux lui et son malheur, et à rentrer dans la tragédie.
Pour moi, c'est un jour pareil à tous ceux qui se sont succédés durant les neuf ans qui ont suivi ma résurrection (j'implore Melpomène qu'elle plaide mon pardon pour cette modification).
Et lui, depuis ses temps antiques, a levé sa tête ensanglantée vers moi, et repris son récit plein de larmes et de douleurs, il s'enfonçait dans les pleurs, entonnait presque son propre thrène.
Alors, comme décidément il m'agace, comme il joue mal son rôle, et que j'ai un soudain désir de cruauté bien pleine, j'abandonne le chant, je lui jette un "pauvre de toi" et, le toisant, même si, là encore, je m'égare, pour plaire, dans les temps et les genres, je me rends compte que le sourire dont je le gratifie est aussi féroce que joyeux, un sourire terrifiant, et que je n'ai plus rien de commun avec un scholiaste, un lettré civilisé.
pour le défit 60 des écritures ludiques il fallait en relever trois au choix - là, c'est le 11a posé par Michel, http://www.ecritureludique.net/article-12985123.html , et je m'en veux un rien d'avoir choisi contre lui, ou presque - scholiaste ne suis pas, mais peut être vieux clerc à demi dégrossi et bougon -
il s'agissait de partir de "Si j'accepte, à contrecoeur, d'être le choeur antique de ce conte, c'est à moi de décider où il commence"
pour arriver à "je me rend compte que le sourire dont je le gratifie est aussi féroce que joyeux, un sourire terrifiant, et que je n'ai plus rien de commun avec un scholiaste, un lettré civilisé "
en intercalant si on le voulait "C'est un jour pareil à tous ceux qui se sont succédé durant les neuf ans ayant suivi ma résurrection
"
Un blanc, et, pour se souvenir que ce vendredi était "le" jour de la misère, une vision un peu décalée, ou comment se pencher sur la pauvreté risque de tenir lieu de pensée sur les inégalités http://www.inegalites.fr/spip.php?article949&id_mot=28 (en fait il faudrait combiner l'aide et la tentative de compréhension et d'action).
Après cette tentative de pensée, suis partie vers le théâtre des halles pour le second des trois jours de la carte blanche à Alain Cesco-Resia : "Lettre de Dostoïevski à son frère Michel"

pour l'hiver, le théâtre nous évite l'attente dans le charme glacial du jardin (avec le petit vent mon manteau léger qui ne s'est imposé que depuis une semaine est devenu nettement insuffisant) et la chapelle a été ouverte, avec des petites tables et des boissons pour lesquelles une sébile permet de donner ce que l'on veut (m'a posé problème, je n'avais qu'un billet de cinquante euros qu'ils ont eu la gentillesse de refuser).
les murs noirs mats, comme charbonneux, des théâtres hors décor, le sol noir un peu bitumineux et un projecteur. En scène une babouchka volubile, et un homme qui l'écoute et résumera le tout en quelques mots : condamnation de Dostoïevski, départ en Sibérie, 5 ans bagnard (et nous entendrons l'évocation de l'horreur de cette vie et de l'hostilité des bagnards envers ces nobles déchus), 4 ans soldat.
Toujours amusant (pour moi) dans ce flot chantant de reconnaître des mots épars comme littérature, groupe, verdict etc... (je pense que l'orthographe est autre).
Et puis la babouchka qui m'avait évoqué, en très dégradé physiquement tout de même, sans la belle ossature de la montagnarde serbe, mon amie Branka dont j'aimerais avoir des nouvelles, est venu s'asseoir à côté de moi et s'est endormie par moments, ronflant un peu, et j'avais l'impression de veiller sur elle.
et puis Alain Cesco-Resia, feuilles inutiles en main, vient dire ce qui, relatant les neuf années, semble plusieurs lettres. Un visage qui a un peu la même construction que celui de Dostoïevski (pommettes, nez), et cette voix un peu étrange, juste un peu, dans ses variations presque anarchiques du grave à l'aigu.
Après les horreurs, le froid, le haut-mal, la défiance à demi avouée quant à la constance de la famille, vient la certitude de l'oeuvre à venir, la demande de livres, historiens, économistes, pères de l'église, le Coran, Kant, Hegel et ces brides que j'ai notées :
"je n'ai pas perdu mon temps..... j'ai appris à connaître non pas la Russie mais son peuple.... découvrir de l'or sous la rude écorce... il en est que l'on ne peut pas ne pas respecter.

spectacle fascinant des ministres et députés accrochés à leurs papiers emmêles et à leur raison pour battre tous les records de rapidité et finir l'examen de la loi Grenelle 1 avant l'aurore de samedi. Je les abandonne parce que ma machine chauffe pour retrouver ma morue et mes pommes à l'huile avec les prisonniers grecs de Chronis Missios (il y a quelques jours).
Pardon, pas le courage d'élaguer

9 commentaires:

micheline a dit…

Elaguer, élaguer, il en restera toujours quelque chose

Anonyme a dit…

Ne pas élaguer, laisser librement les mots se couler. Ils finiront toujours par épouser quelque cause
digne de l'être.

tanette a dit…

UN petit coucou et mes souhaits de bon week-end pour toi.

Anonyme a dit…

j'avoue que j'ai bien ri, la parodie est toujours très agréable quand elle est bien menée :-)

Anonyme a dit…

les ministres prêts à battre des records...
la frénésie de brasser du vent

l'affreux berlusconi et la pologne se sont opposés à la motion écolo, pourtant fort modeste, de Bruxelles
ce n'est pas une motion, j'ai oublié ce que c'est exactement, disons que c'est une goutte d'eau destinée à freiner d'un poil le désastre climatique à venir.

mais pour certains même une goutte d'eau c'est trop

Brigetoun a dit…

Céleste le but était d'arriver avec une loi votée à une réunion européenne, pour grace à notre exemple (tu parles ! le pays en tête pour l'utilisation des pesticides entre autres.... mais vive les convertis) peser sur la décision des réticents.
Mais en tant qu'exploit quasi sportif et de spectacle c'était assez fascinant

joye a dit…

Wah, je vais devoir arrêter de te lire. Tes textes pour l'Écriture sont plus que ludiques, il me fichent le cafard à savoir que je n'arriverai jamais à ton niveau.

Mais je suis bouffée d'admiration, tout de même (et j'essaie de dompter ce monstre vert et vicieux qui veut sortir par mes yeux, le bougre).

Autrement dit, bravo, brige !

Anonyme a dit…

Bravo pour tant de talent... et merci pour les liens

Muse a dit…

Je commenterai ici ton texte, troisième et dernier défi. Je dois dire qu'il n'était pas aussi facile que ça. Pour moi ce sera venir sur tous les textes non lus puisque j'ai voulu jouer la fainéante:!