l'arbre, le jardinier, la fuite de la fable
il était un petit arbre, pas si petit, pas si jeune, mais qui le croyait, parce que les grands vieux imposants autour de lui le lui disaient, et lui donnaient de beaux conseils, pour devenir superbes comme eux.
Mais ils l'entouraient de si près, avec leur pesanteur immobile, eux que même les plus grands vents ne faisaient plus danser, qu'il se sentait humilié, empêché, sans espoir, malgré les promesses de son ami jardinier.
Alors il restait dans leur ombre et il s'appliquait et de toute sa sève, sa volonté, son essence, il se faisait souple, beau, image de minceur et certitude de force, et il était fier, les visiteurs lui souriaient, le caressaient en passant, mais il s'ennuyait un peu
Ni les vents, ni les oiseaux survivants ne parvenaient jusqu'à lui.
Alors il s'est mis à danser, ployant ses branches, leur faisant dessiner des courbes inattendues, tout un langage qu'il inventait et qui n'avaient jamais été pensées pour un arbre, toute une anarchie gracieuse et mélodieuse.
Le jardinier s'est gratté la tête, a soupiré, et puis s'en est allé chercher une échelle et une scie, parce qu'il était jardinier novice, sans savoir, mais plein d'application et de bon vouloir. Il ballait de la tête ; l'échelle se prenait dans ses jambes comme ses idées dans leurs efforts en quête de certitude.
A ce moment un amoureux des arbres s'est arrêté derrière son amie qui, assise sur un banc, regardait l'arbre et le jardinier, suspendant la marche de ce dernier, en cherchant comment, dans sa fable, elle allait empêcher son geste : par le chant d'un oiseau, une racine traîtresse... et quelle morale pourrait bien en sortir.
L'amoureux des arbres a ri, la fabuliste a grimacé et fermé son carnet, le jardinier les a regardés puis s'en est retourné et les branches ont envoyé des signaux de fin d'alerte.
La morale ? on ne s'invente pas plus fabuliste qu'un arbre ne peut se faire ballerine
La seconde morale ? est-ce tellement certain ? l’arbre proteste.
Une morale personnelle : la nuit est faite pour dormir, cela évite en partie les yeux battus, la petite douleur qui se cache derrière, les rares idées en fuite à la poursuite de la volonté.
honteuse déroute dans une tentative pour répondre à l’exercice 71 d’écriture ludique proposé par isa/zabilou « fable » sans plus http://www.ecritureludique.net/article-25016026.html
10 commentaires:
salut petit arbre, même si tu ne seras jamais bellerine, j'ai vu que tu avais encore du vert au bout de tes rameaux d'hiver , c'est ça les feuilles persistantes..celles qui préparent l'oxygène pour la saison prochaine.
Avait-il demandé à être là, ton arbre?
Un déraciné, un transplanté, un déplacé, un transfuge peut-il vivre sans nostalgie de son pays? Les arbres ont-ils une patrie?
Elle est bien belle cette fable et m'a rappelé un conte de Noël : "le petit sapin"..
l'arbre tente de garder ses racines pendant nous recherchons parfois les nôtres.
Pas si honteuse que ça, cette tentative... il ne lui manquerait peut-être pas grand chose pour s'enraciner dans le terreau des histoires et danser dans l'air léger de l'imagination...
Ah, je m'en doutais, je le survole sans regarder, hélas, c'est toujours comme devoir laisser un beau cadeau encore quelque temps.
Quelle force mets tu donc dans ton écriture pour me le rendre si sympathique ton arbre? Je rêverai presque de faire un pas de deux avec lui!
Je danserai bien au gré du vent sous cet arbre là. Son essence serait mon essence et sa force serait ma force. Il y a des mots riches de sens dans ta fable. MA d'Autriche
C'est vrai qu'on ne s'improvise pas fabuliste mais tu es une une bonne conteuse, c'est déjà ça ( sourires)
ayant moi même galéré pour ma fable, je suis 100% d'accord avec ta morale. Par ailleurs l'important n'est il pas d'amener le lecteur à trouver sa propre morale?
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