commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, janvier 20, 2009

Mes souvenirs du Conquet sont curieusement en noir, gris et blanc, et, à l’époque, dans les années du presque immédiat après guerre, les maisons étaient certainement moins pimpantes que sur cette photo trouvée sur http://maison-le-conquet.com/index.php?page=gallery&lang=fr - et j’en ai chipé une autre siglée par le site d‘origine, seule la petite vignette fantomatique est en rapport avec cette école dont j’ai gardé un souvenir un peu confus, mais où j’ai appris, avec un peu de méthode Rose (avant l’abandon raisonnable de toute prétention à la musique), à vivre en partie dans le rêve. Quelques années (deux je crois ou une et demie) où ce rêve fut nordique et brumeux avant que je le brûle au soleil, sur des pierres sèches et des sols poussiéreux en revenant vers ma mer.
Bon tout cela parce que le sujet des impromptus littéraires

http://www.impromptus.litteraires.fr/dotclear/ était : « et si vous nous racontiez un souvenir d'école, tendre, ludique, triste, révélateur ou imaginé. », alors cela qui est à peine recomposé à partir de brides de souvenirs (et que je corrige légèrement) Nez face au mur, comme les autres, j'accroche mon manteau au clou qui m'est réservé et puis, en essayant de faire comme si c'était normal, comme si j'en avais l'habitude, en jetant un coup d'oeil pour voir si les autres le remarquent, savent que je suis complètement du groupe, j'extirpe mes pieds de mes nouveaux sabots de cuir noir, et je pars dans mes jolis chaussons à carreaux en négligeant les patins qui m'étaient réservés - toute fière que maman ait capitulé devant les ressemelages. Il n'y a plus que mon sarreau qui est un peu trop joli, mais ça j'aime bien.
Je ne me souviens pas de la première leçon, j'ai du essayer, sans succès, de creuser avec mon crayon, les rainures de la table, jalouse de ceux qui peuvent faire des marques, ou bien j'ai pu pousser sur le fond de l'encrier pour le faire sortir, en équilibre un peu instable, ou prendre un air sérieux pendant que mon petit voisin plaisante. D'ailleurs, par moment, encore, je le comprends mal.
Et puis Monsieur le Recteur s'est installé sur l'estrade, et il a commencé, pour nous faire tenir tranquille, avant sa leçon de catéchisme, par nous raconter des histoires. Je les ai oubliées, mais je sais bien tout de même qu'il y avait les sauvages de Molène, une allusion au moulin au fond de la rivière vers Kersouar, et puis à des korrigans qui dansaient dans le vent vers Berthaume ou, plus près, de l'autre côté, en face de nous, sur la presqu'île de Kermorvan, autrefois, il y a longtemps, avant les allemands et leurs casemates, et comme nous l'écoutions, tendus, pleins d'attention et de rêves, il a fait claquer les volets avec sa longue gaule, celle qui lui sert aussi à réveiller celui qu'il interroge. Et nous savions bien que c'est lui qui a fait ça, ce petit bruit inquiétant, mais je ne suis pas bien certaine qu'un korrigan ne l'ait pas aidé.
Et puis, aussi, il y a ces noyés que mon voisin m'a emmenée voir, en cachette, l'autre semaine, et depuis je suis entrée dans un drôle de monde, où des esprits se promènent, où peut être mon oncle est venu les rejoindre, où l'air est le même mais autre tout de même, et j'aime bien y penser même si j'ai un peu peur. Et ça va bien avec les maisons toutes grises, des pierres et des ardoises, ou dont le crépi se délave, les ajoncs, les vieilles aux coiffes blanches, les engelures et le beurre salé.
et vérifiant l’orthographe de Berthaume j’ai vu qu’il y avait maintenant, là, toute une activité touristique, remplaçant la plage déserte de mon enfance, royaume des fées et des pupilles de la Marine.
Si Muse passe : le boutis très ordinaire, domestiqué mais toujours lourd, en route vers son rajeunissement.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli texte, brige. C'est Diabolo Menthe qui me passe par la tête en te lisant...

http://video.aol.com/video-detail/yves-simon-diabolo-menthe/2921440175/?icid=VIDURVMUS03

;-)

micheline a dit…

suis donc moi aussi allée visiter Berthaume!!non pour l'orthographe mais pour essayer d'y renconter quelques fantômes du passé ..qui dorment sous tes mots..

Anonyme a dit…

Un bien joli souvenir... bien mené...

tanette a dit…

Le boutis paraît bien lourd (à cause de son trop plein d'idées d'indépendance ?...), ne peut-il être cueilli et ramené à domicile par le teinturier ?

Anonyme a dit…

Je me souviens du mot que je ne sonnaissais pas encore: boutis.
Voici un lien, par une pro:
http://boutisalong.canalblog.com/
où tu trouveras de petites merveilles.
Je me souviens aussi de cette école au premier coup d'oeil identifiée comme telle sur ton image, carrée, massive, presque toutes édifiée sur le même modèle architectural,à la même époque sans doute, une salle commune pour toutes les sections réunies sous une même férule, les odeurs d'encre violette et le crissement des plumes Sergent Major griffant le papier, tachant d'une pluie mauve tombant en grosses gouttes et qu'il fallait gommer et la page trouée ce qui valait à son auteur, maladroit tachiste, un point de moins ... A rire plus qu'à pleurer.
Bonne journée à toi.

Muse a dit…

Merci pour ce boutis Brig...(et à Pierre pour son lien) et aussi pour la méthode Rose que tenterais bien sur mes vieux jours d'adopter.
Ah! que j'aime ces souvenirs d'enfance...
Bonne aprèm Brig!

Anonyme a dit…

Souvenirs d'école

Sur mes cahiers d'écolier, la poussière du grenier
A juste arrêté le temps sur mes souvenirs d'enfant
Pensées à mes camarades, sautillant sous le préau
Jouant dans la cour d'école, aux billes, aux aventuriers
A la corde, à la marelle, aux rondes et à cloche-pieds

A l'école, mon tablier, en motifs rouges, écossais
Les pages fraîchement reliées, dans mes poches repliées
Comme un trésor, une fortune, de fleurs tracées gauchement
Pour mon papa, ma maman.
Mon cartable, maintes fois défait et mes fournitures triées
Mon crayon, la mine taillée traçait points et déliés
Heureux chaque jour de sortir
De ma trousse pour me hisser
Vers le rêve et le savoir.

Je n'ai jamais eu à mettre, un bonnet d'âne sur la tête
Ni à joindre en cône mes doigts, pour un coup de règle dessus
J'ai peut-être eu quelques colles, des lignes de" je ne dois pas"
Mais j'avais tout intérêt à soigner mon écriture
Les mots doux, les mots brouillon, les lettres sous ma plume pressées
De former des paragraphes, d'écrire une belle orthographe
La tache d'encre balayée d'un revers de tablier,
Le coton comme un buvard, s'auréolait de bleu ou noir.

Les images et les bons points, le rouge des mots élogieux
D'autres propos moins joyeux, m'incitant à être soigneux
Revenaient déshabiller ma peau de quadragénaire
Pour glisser mes habitudes, un instant dans un tiroir
Afin que ma pensée vole, légère sur le plancher
Qui craque.

Le maître tissait ma fierté, il nous parlait de Liberté
Des fleuves et des départements, des royaumes et des chevaliers,
De la nature qui s'éveille, des lettres et des enluminures.

Sur la photo jaunie, Marcel et Eugénie
Comme en cérémonie, portaient leurs beaux habits
Un short moins défraîchi, une robe plus colorée
Qu'on soupçonnait prêtés pour la courte circonstance
C'est bien le p'tit Rémi, assis les jambes croisées
Qui bouge dans ses bretelles
Et porte à la postérité sur une ardoise, au cadre de bois
Mon enfance arrêtée qui vient réconforter
Mes soucis de santé
Par le sourire et l'émotion que mon coeur vieillissant ressent
Me dire au creux de l'oreille
Petit vieux, jeune enfant
Saurais-tu situer
Entre ses deux saisons
Où se love tout l'amour ?

Ton coeur l'a-t-il laissé dans les chaussons de fêtes
Sous l'éclatante étoile au sommet du sapin?
L'a t-il un tant soit peu entouré d'amitiés
Afin que l'âme d'enfant demeure dans ta tête
Les jours inévitables, quand chacun veut revoir
Un ou deux épisodes qui ont marqués sa vie?

L'amour a su garder sur les bancs de ta classe
L'âme des petits garçons et fillettes en jupon
Aux nattes tressées nettement, des cheveux sans rubans
Juste un vulgaire cordon déchiré dans un tissu qui nouait le chignon ou la longue queue d'cheval.

A l'école de mes vies, moi j'ai eu dix-huit ans
Mais le petit enfant était encore présent
J'ai su alors qu'au fil des ans
Combien même je serai tout blanc
De ma barbe à ma chevelure
Je jouerai encore comme avant
Dans l'amour de mes souvenirs
Aux osselets, à la toupie
A la poupée, au petit train
A la bicyclette, aux patins
A ces cubes, indestructibles légos,
Cachés sous les combles de mon existence
Enfance,
Plusieurs décennies.

Me voilà sous la cloche qui sonne
Ou courant pour former les rangs
Je me revois c'était hier, c'était la veille c'est même demain
Car je feuillette révérencieux, mes yeux humides émerveillés
Mes cahiers longtemps assoupis que j'ai voulu réveiller
Pour visiter mes vieux écrits d'élève à la fois fougueux mais studieux
Que je fus.
Si j'avais su que le temps passait, j'aurais plus foulé les pelouses
J'aurais plus ri de mes bêtises, j'aurais plus embrassé ma mère
Plus parlé de moi à mon père
Moins senti l'ennui à mes heures
Collectionné à tous les âges, les billes de mon école d'antan
Pour les retrouver ronds, bien sages, à caresser de mes baisers
Et puis si le temps revenait sur mon passé plein de jeunesse
Je reviendrais ouvrir la porte de chaque classe, dans mon école
Dans mon collège et mon lycée.
Dans mon grenier, voilà,
Je le fais.

Anonyme a dit…

Souvenirs,souvenirs..jusqu'aux boutis

Brigetoun a dit…

Pierre, Leïla, heureuse d'avoir provoqué cela

Lancelot a dit…

J'admire ta faculté de remémoriser le passé, les faits du passé dans les moindres détails. C'est clair dans ton esprit ainsi qu'avec les mots pour le décrire. J'ai bien appriécié ce bon moment de détente.