Se sont posées sur notre grange, cimes
De colonnes errantes de fumée.
Aube, consens à nous aujourd'hui encore" - Yves Bonnefoy "les planches courbes"
et pendant que quelques gouttes s'écrasent mollement sur les carreaux de ma cour, à défaut de terre profonde, sous un ciel de blancheur uniforme, et que mes orteils se recroquevillent dans mes bottes, je suis, loin des murs de ma petite ville, dans cette campagne travaillée, où je peux dire "nous". Une illusion de familiarité, non pas de rêve, mais d'un monde qui pourrait tant être vrai, grâce à l'amour tranquille de ces mots, que je suis dans sa réalité comme dans mon corps assis devant ma table.
J'entends les oiseaux s'éjouir, et la poule
Revenue sur la route
Recommencer son cri. A l'occident, là-bas,
L'éclaircie se déchire au dessus des montagnes." - Giacordo Leopardi "Canti"
Tranquillement, en ouvrant ce livre là; qui était rangé près de l'autre, je reste dans le chant de la nature - infligeant aux intentions des textes un peu de mon paganisme -, mais comme je me souviens que ces mots ne sont qu'une belle approche, et que la langue en laquelle ces images sont venues est un bel italien, personnel, l'envie de partir à la recherche de l'original - que je ne saisirais que dans le souvenir de cette traduction par Georges Nicole, révisée par Jaccottet - s'interpose entre ces lignes et moi.
Le ciel se recolore. Les arbres s'égouttent et le pavé boit. La ville aussi essaie des phrases. Rires mouillés et pluie de pieds nus. On dirait que le paysage est tout éclaboussé de croyance." - Jean-Michel Maulpoix "une histoire de ciel" - et je rentre chez moi, pour me trouver dans le bonheur de sa vision et de sa langue, dans ses ébauches d'histoires, sa quète d'exactitude, sa rigueur simple qui m'est aimable, et dans l'amour de la mer, et le plaisir d'y penser dans une chambre, et du bleu - de tous les bleus, du transparent irisé d'humidité, jusqu'à la terrible plaque irradiante qui nous surmonte lorsque le vent ou l'août nous colonisent.
77 - citations (Michel - Faux rêveur) d'écriture ludique http://www.ecritureludique.net/article-26556985.html :
.... "le principe de cet exercice est de reprendre une ou plusieurs citations et de vous en servir pour construire un texte, de manière à ce qu'à chacune des citations corresponde une partie bien distincte de votre texte, qui l'illustrera.Toutes les parties de votre texte doivent avoir approximativement la même longueur.
Il peut n'y avoir qu'une seule partie s'il n'y a qu'une seule citation.
En début de chaque partie, indiquez la citation complète qui lui correspond, avec le nom de son auteur. Elle n'a pas à faire partie du texte, mais vous pouvez l'y intégrer, si vous le désirez..."
Ce qui est curieux, c'est que la chose éclatante en question soit voilée par l'excès même de son éclat".
7 commentaires:
What? Tu as déjà des jonquilles et des "grape hyacinths" ??
Des fois, je me dis que le monde est injuste !
;-)
une belle évasion par la force des mots captés ,serrés, pliés à notre désir de vie virtuelle quand le vent ferme notre fenêtre
Me voilà plongée dans le bleu pour la journée. Merci !
Jaccottet, un poète et un passeur de textes. Pesant les mots, les uns après les autres, à sa balance infaillible, à son oreille absolue, à sa diction sans faille ...
C'est une sorte de "boutis" que tu nous compose-là, ce matin, et nous donne à rêver, entre monts dessinés et merveilles glanées.
Une "vision voilée par l'excés même de son éclat". Eblouis!
un petit passage pour te saluer mais il faudra que je revienne te lire...je ne peux pas rester plus longtemps devant mon écran; mon corps sature...
Bonne soirée Brig!
J'adore lire tes textes, j'y venais souvent sans rien écrire.Avec une pensée récurrente..."Elle n'est pas si paumée que ça!) Voilà c'était une pensée-sourire.
Dorénavant j'écouterais les oiseaux s'éjouir !
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