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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, janvier 23, 2009

parasitisme admiratif - pardonnable ?
"Il pleut, sur le ravin, sur le monde. Les huppes
Se sont posées sur notre grange, cimes
De colonnes errantes de fumée.
Aube, consens à nous aujourd'hui encore"
- Yves Bonnefoy "les planches courbes"
et pendant que quelques gouttes s'écrasent mollement sur les carreaux de ma cour, à défaut de terre profonde, sous un ciel de blancheur uniforme, et que mes orteils se recroquevillent dans mes bottes, je suis, loin des murs de ma petite ville, dans cette campagne travaillée, où je peux dire "nous". Une illusion de familiarité, non pas de rêve, mais d'un monde qui pourrait tant être vrai, grâce à l'amour tranquille de ces mots, que je suis dans sa réalité comme dans mon corps assis devant ma table
.
"L'orage s'en est allé.
J'entends les oiseaux s'éjouir, et la poule
Revenue sur la route
Recommencer son cri. A l'occident, là-bas,
L'éclaircie se déchire au dessus des montagnes."
- Giacordo Leopardi "Canti"

Tranquillement, en ouvrant ce livre là; qui était rangé près de l'autre, je reste dans le chant de la nature - infligeant aux intentions des textes un peu de mon paganisme -, mais comme je me souviens que ces mots ne sont qu'une belle approche, et que la langue en laquelle ces images sont venues est un bel italien, personnel, l'envie de partir à la recherche de l'original - que je ne saisirais que dans le souvenir de cette traduction par Georges Nicole, révisée par Jaccottet - s'interpose entre ces lignes et moi.
"c'est le passé, épais, c'est le sombre; l'immémorial ; c'est comme un monument de pierre qui, au lieu de s'élever, pour imposer, se réduirait à une immense et profonde assise qu'il faudrait se pencher pour honorer ... au-dessus de quoi l'espace s'est fait d'autant plus vaste, d'autant plus ouvert..." - Philippe Jaccottet, justement, parlant de l'hiver dans son paysage, voisin de celui-ci qui est hors de mes murs, avec juste un peu plus d'ampleur et de rudesse qui lui viennent de la campagne, du plateau de la petite montagne, une terre moins pétrie d'histoire écrite, mais où les nymphes pouvaient plus facilement être rencontrées au détour d'un bois d'yeuses ou d'une oliveraie, avant que l'endroit ne devienne une banlieue luxueuse.
"Convalescence du bleu après l'averse...
Le ciel se recolore. Les arbres s'égouttent et le pavé boit. La ville aussi essaie des phrases. Rires mouillés et pluie de pieds nus. On dirait que le paysage est tout éclaboussé de croyance."
- Jean-Michel Maulpoix "une histoire de ciel" - et je rentre chez moi, pour me trouver dans le bonheur de sa vision et de sa langue, dans ses ébauches d'histoires, sa quète d'exactitude, sa rigueur simple qui m'est aimable, et dans l'amour de la mer, et le plaisir d'y penser dans une chambre, et du bleu - de tous les bleus, du transparent irisé d'humidité, jusqu'à la terrible plaque irradiante qui nous surmonte lorsque le vent ou l'août nous colonisent
.

Comme je continue ma lecture, avant que ces mots m'emportent, je justifie ce presque jeu de pillarde par l'exercice
77 - citations (Michel - Faux rêveur) d'écriture ludique
http://www.ecritureludique.net/article-26556985.html :
.... "le principe de cet exercice est de reprendre une ou plusieurs citations et de vous en servir pour construire un texte, de manière à ce qu'à chacune des citations corresponde une partie bien distincte de votre texte, qui l'illustrera.Toutes les parties de votre texte doivent avoir approximativement la même longueur.
Il peut n'y avoir qu'une seule partie s'il n'y a qu'une seule citation.
En début de chaque partie, indiquez la citation complète qui lui correspond, avec le nom de son auteur. Elle n'a pas à faire partie du texte, mais vous pouvez l'y intégrer, si vous le désirez..."
et cela m'a servi de prétexte à une longue promenade dans ces recueils, avec un peu de Char aussi, et du Ponge de "la Mounine" dont un peu du ciel s'est retrouvé à la fin : "Quelque chose d'éclatant voilé, de splendide voilé, d'étincelant voilé, de radieux voilé.
Ce qui est curieux, c'est que la chose éclatante en question soit voilée par l'excès même de son éclat".

7 commentaires:

Anonyme a dit…

What? Tu as déjà des jonquilles et des "grape hyacinths" ??

Des fois, je me dis que le monde est injuste !

;-)

micheline a dit…

une belle évasion par la force des mots captés ,serrés, pliés à notre désir de vie virtuelle quand le vent ferme notre fenêtre

Anonyme a dit…

Me voilà plongée dans le bleu pour la journée. Merci !

Anonyme a dit…

Jaccottet, un poète et un passeur de textes. Pesant les mots, les uns après les autres, à sa balance infaillible, à son oreille absolue, à sa diction sans faille ...
C'est une sorte de "boutis" que tu nous compose-là, ce matin, et nous donne à rêver, entre monts dessinés et merveilles glanées.
Une "vision voilée par l'excés même de son éclat". Eblouis!

Muse a dit…

un petit passage pour te saluer mais il faudra que je revienne te lire...je ne peux pas rester plus longtemps devant mon écran; mon corps sature...
Bonne soirée Brig!

Anonyme a dit…

J'adore lire tes textes, j'y venais souvent sans rien écrire.Avec une pensée récurrente..."Elle n'est pas si paumée que ça!) Voilà c'était une pensée-sourire.

Anonyme a dit…

Dorénavant j'écouterais les oiseaux s'éjouir !