et en fin d'après midi grimper ma petite cote vers l'opéra-théâtre, en m'inventant, le temps d'in regard, un vieil arbre touché par une annonce de printemps, au bord d'un lac, ou, ma foi, d'une mer.
Vers les hauteurs de l'opéra théâtre, donc, pour voir Kinkan Shonen par le Sankai Juku, une de ces troupes de butô qu'aime tant l'occident (que j'aime tant) même maintenant que l'on s'éloigne de la radicalité qui a, semble-t-il, été celle des spectacles des années 50., pour ..."la reconnaiss ance de soi dans l'autre.... Le butô apparaît telle une expression jaillie du présent. Il ne s'appuie pas sur une grammaire gestuelle rigoureuse, communicable, il accorde le droit au cri originel, à la confession de groupe, à l'anéantissement de la norme, bref à tous les interdits du pays de la tradition..... affirme un désordre, une saleté, un labeur... le déchet humain et matériel." (Georges Banu) - à vrai dire, là, un autre rituel, un esthétisme recherché et assumé, l'émotion et l'énergie passant à travers une extrême beauté (Brigetoun)
Lu avant de partir le programme, soit, entre autres :
Le spectacle "conçu en 1978 pour cinq interprètes de la toute nouvelle compagnie Sankai Juku, évoque selon les mots mêmes d’Ushio Amagatsu, le rêve d’un jeune garçon sur les origines de la vie et de la mort. Cet enfant droit debout au bord de la plage, tel que le décrit le chorégraphe dans un poème introductif, laisse son regard plonger sous la surface de l’océan pour y fusionner avec les poissons, stade primitif de l’humanité. Ushio Amagatsu est né et a passé une partie de son enfance au bord de la mer. Les poissons séchés qui constituent le décor servent d’écrin vital aux danseurs......."
nouvelle distribution, pour cette reprise, dans le respect des premiers interprètes
"Masculin-féminin, très trans-genre, les "Sankai", ces "êtres du milieu" selon la définition du chorégraphe, glissent sur le fil d’un équilibre-déséquilibre sensuel, rythmé par le balancement de leurs hanches nues. Insaisissables dans leur enveloppe charnelle musclée, ils imposent leur beauté magnétique, sourdement inconfortable....."
Le spectacle "conçu en 1978 pour cinq interprètes de la toute nouvelle compagnie Sankai Juku, évoque selon les mots mêmes d’Ushio Amagatsu, le rêve d’un jeune garçon sur les origines de la vie et de la mort. Cet enfant droit debout au bord de la plage, tel que le décrit le chorégraphe dans un poème introductif, laisse son regard plonger sous la surface de l’océan pour y fusionner avec les poissons, stade primitif de l’humanité. Ushio Amagatsu est né et a passé une partie de son enfance au bord de la mer. Les poissons séchés qui constituent le décor servent d’écrin vital aux danseurs......."
nouvelle distribution, pour cette reprise, dans le respect des premiers interprètes
"Masculin-féminin, très trans-genre, les "Sankai", ces "êtres du milieu" selon la définition du chorégraphe, glissent sur le fil d’un équilibre-déséquilibre sensuel, rythmé par le balancement de leurs hanches nues. Insaisissables dans leur enveloppe charnelle musclée, ils imposent leur beauté magnétique, sourdement inconfortable....."
et puis j'ai effacé les rêves qui étaient nés de ces mots et j'ai regardé ce qui était devant moi, pardelà l'obscurité de la salle -me souvenant tout de même, en pensant à Ushio Amagatsu, de sa superbe mise en scène chorégraphiée des "trois soeurs" de Peter Eotvoes, vue il y a plus de dix ans - ahurissement en lisant cela - et qui reste gravée, quelque part dans ma mémoire, comme une perle parfaite, - et que j'aime son petit livre "dialogue avec la gravité" que j'ai déjà cité -
Comme cela, sur la salle de théâtre, comme un pont qui "ne se traverse pas pour aller sur la rive opposée, mais pour aller se placer en face de la rivière.... Qu'y voit-on ? Une eau dense et massive qui s'écoule, sans cesse changeante. Et comme pour répondre à cette densité, l'air, pourtant plus subtil, et invisible de surcroît, n'est lui-même plus que flux, sans cesse changeant. Placez-vous devant les turbulences de ces éléments de densité différente, devant cette fuite de l'air et de l'eau, et cette situation de frontalité vous ramènera à la scène de théâtre telle que la découvre le spectateur depuis son siège, à cette perspective d'après laquelle il perçoit, dans leur durée, les oscillations toutes virtuelles ayant court sur le plateau. .. Entre le regardant et le regardé, quelque chose doit advenir, vers quoi tend le corps dans son dialogue avec la gravité :et c'est parce qu'il n'affronte là qu'une absence, que le corps est là, comme ce qui rend présent le monde." et la tension était là, tissée de toutes les attentions à travers la salle, faisant taire les petits bruits sans-gêne - avec une pointe de ferveur ravie chez moi au début
Comme cela, sur la salle de théâtre, comme un pont qui "ne se traverse pas pour aller sur la rive opposée, mais pour aller se placer en face de la rivière.... Qu'y voit-on ? Une eau dense et massive qui s'écoule, sans cesse changeante. Et comme pour répondre à cette densité, l'air, pourtant plus subtil, et invisible de surcroît, n'est lui-même plus que flux, sans cesse changeant. Placez-vous devant les turbulences de ces éléments de densité différente, devant cette fuite de l'air et de l'eau, et cette situation de frontalité vous ramènera à la scène de théâtre telle que la découvre le spectateur depuis son siège, à cette perspective d'après laquelle il perçoit, dans leur durée, les oscillations toutes virtuelles ayant court sur le plateau. .. Entre le regardant et le regardé, quelque chose doit advenir, vers quoi tend le corps dans son dialogue avec la gravité :et c'est parce qu'il n'affronte là qu'une absence, que le corps est là, comme ce qui rend présent le monde." et la tension était là, tissée de toutes les attentions à travers la salle, faisant taire les petits bruits sans-gêne - avec une pointe de ferveur ravie chez moi au début
trouvé en sortant, en cherchant la photo ci-dessus (de la partie que j'ai le plus aimée) de bonnes captations du spectacle, qui tourne allègrement
http://www.youtube.com/watch?v=w4DVTT2kt2E ou http://www.youtube.com/watch?v=gw8FOuw6_UU&feature=related et les vidéos voisines sur le site
http://www.youtube.com/watch?v=w4DVTT2kt2E ou http://www.youtube.com/watch?v=gw8FOuw6_UU&feature=related et les vidéos voisines sur le site
Seulement, comme j'ai loupé la lune en oubliant le flash, le spectacle perd de sa force dans ma mémoire, prend un coté série de numéros, pour un dernier beau moment (un danseur pendu dan une lumière crue sous un grand triangle rouge comme une voile) qui m'a semblé en trop, excessivement spectaculaire. Me reste une question : quelle sont la part de dressage et la part de hasard dans la déambulation du paon.
Je n'ose plus demander pardon aux aventureux passants pour ma prolixité.- façon de digérer
Je n'ose plus demander pardon aux aventureux passants pour ma prolixité.- façon de digérer
5 commentaires:
Non seulement tu as raté la lune mais également Vénus qui s'inscrivait dans le centre exact du croissant (si pour autant un croissant puisse être centré) en une étrange chorégraphie de silence qui n'était pas sans rappeler le butô.
Dis-moi, une superbe soirée?
merci pour tous ces échos...
ces entrées singulières dans la création sont trés vivifiantes...
j'ai noté l'existence de ce festival sans pour autant pouvoir découvrir in situ pour cette fois...
je suis allée jusqu'aux vidéos...
je crois que cette danse dense et cette musique râpeuse m'auraient scotchée...
Il y a quand même une disproportion ahurissante entre tout ce que contient un spectacle et le peu que nous en gardons...Mais il en est peut-être ainsi également de l'alimentation.
Je pense que nous n'aurons jamais un flash assez puissant pour éclairer la lune... Mais la lune toujours nous éclairera.
Alors, genki-na ?
Tu es partagée entre le théâtre et ton chez toi, quelle passion, ce n'est pas un reproche !
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