commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, mars 29, 2009

Sortie samedi, matinée près de sa fin - il y avait trop de lumière pour la lanterne, et pas assez de soleil pour le cadran
J'ai trouvé ma pitance tout près, et je m'en suis revenue - ai rencontré un monstre qui refusait de rejoindre le ciel gris.
j'ai mis ma tête sous l'eau, et la pluie est venue - alors je suis repartie avec Panurge et son maître, dans les embruns, mais longtemps avant les paroles gelées (et je me demandais si nous retrouverions Claude Simon et son archipel), les ai laissés, ai fait un petit tour sur le web pour entrevoir un peu de ce que le monde faisait, et puis me suis endormie.
Mes cheveux ayant séchés, les ai fait bouffer, enfilé mon tube de chaude laine luxueuse, constaté que je reprenais formes moins caricaturales, mis une parka bien chaude et moche mais avec un capuchon, et suis partie, avec encore dans ma poitrine un petit creux rouge ou que j'imaginais ainsi dans les rues constater le dérisoire de tout cela en assistant, au Théâtre des Halles; à la dernière production d'Alain Timar, "une voix sous la cendre" de Zalmen Gradowski, dit-joué par François Clavier.
espace nu, présence d'abord toute en retenue, circule lentement, peu à peu se découpe un peu comme une ombre sur le grand écran blanc, pendant l'attente dans un premier camp - et la véhémence vient peu à peu, avec par moment le jeu de ce qui est dit, des gestes qui s'exagèrent, et le récit du voyage - intensification à la fin, et peu à peu l'écran s'est rapproché jusqu'à ne plus laisser qu'un petit espace de jeu.
But : faire passer, sans trahison; récupération, ce texte, retrouvé, d'un sonderkommando au camp de concentration d'Auschwitz - curieux texte, mêlant un récit direct, des apostrophes à la postérité, une ébauche de lyrisme proche de psaumes religieux - texte qui ayant été écrit pour être un témoignage, semble par moment extérieur à ce qu'il raconte, puisque, relatant les perplexités et les angoisses, il sait - et cela lui donne parfois l'air d'avoir été re-écrit.
"J'ai voulu le laisser,ainsi que de nombreuses autres notes, en souvenir pour le futur monde de paix afin qu'on sache ce qui s'est passé ici. Je l'ai enterré dans les cendre en pensant que c'était l'endroit le plus sûr, où l'on creuserait sûrement afin de retrouver les traces des millions d'hommes qui ont péri..." un peu avant la révolte, dont Gradowski semble avoir été un des meneurs, et pendant laquelle il sera tué.
"Viens vers moi, toi, libre citoyen du monde, dont la vie est assurée grâce à la morale humaine et l'existence garantie par la loi, et je te raconterai comment les modernes criminels et ignobles bandits ont piétiné la morale de la vie et anéanti les lois de l'existence."
copiant cela, me vient une incrédule admiration devant sa foi en un futur où la morale serait de retour et les lois protectrices.

en sortant un brave spectateur veut à toute force en parler, sans rien de spécial à dire, et en effet moi non plus, et m'interroger sur le programme du "in" mais comme il pleuvait toujours, que la toux me pliait un peu, et qu'il ne semblait connaître aucun des noms que j'extirpais de ma mémoire liquéfiée, j'ai honteusement évoqué ma fatigue et l'ai planté là. J'ai froid aux pieds.

10 commentaires:

micheline a dit…

peut-être que sous la cendre le feu couve encore.. si non..qu'est-ce qui fait tourner la Ronde???

Fardoise a dit…

Sale temps pour un week-end mais qui semble s'accorder si bien avec le texte et la cendre des mots de ce récit extirpé du néant.

pierre a dit…

Il y a déjà un arpent de temps que la morale, sous la cendre, est enterrée et ce n'est pas demain qu'elle rougira (de honte, évidemment). Quel souffle (humain et non divin - on ne croit plus à rien) viendra la ranimer, la cendre?
Bonne journée à toi: soleil cendreux sur les bords de Loire!

Gérard a dit…

Génial ton portraits..enchevêtré, tu devrais le mettre en avatar.

Brigetoun a dit…

c'est fait sur Facebook, ça limitera peut-être les "demande-d'amis" d'inconnus par trop différents

joye a dit…

Comment fais-tu pour éviter les foules dans la rue qui demanderaient une autographe à la belle Jeanne Moreau, hmm ?

Brigetoun a dit…

petites rues sous la pluie un soir d'hiver -
Bon, sérieusement même la vraie n'aurait pas de mal à se déplacer sans foule ni demandeurs d'autographes ici, nous sommes à Avignon et pendant un mois tu te cognes aux acteurs plus ou moins connus à tous les coins de rue, au bureau de tabac, dans les publics, les boutiques etc... on leur fout la paix (j'ai habité le Marais à Paris c'était la même chose, Brialy à la caisse de Monopry était simplement plus courtois que la plupart des hommes et Reggiani chez notre pharmacien était plein d'humour)

joye a dit…

Ah, Reggiani !!! Ah !!! ♥ ♥ ♥

maria-d a dit…

"Viens vers moi, toi, libre citoyen du monde, dont la vie est assurée grâce à la morale humaine et l'existence garantie par la loi, et je te raconterai comment les modernes criminels et ignobles bandits ont piétiné la morale de la vie et anéanti les lois de l'existence."...merci... merci pour cela...
... et comment ne pas être honteuse de ne pouvoir dire l'indicible...
tout ce qui touche cette période de l'histoire me bouleverse... d'autant plus qu'aujour'hui encore existe l'extermination...

jordaenne a dit…

chère brigetoun

Vous êtes belle écrivaine.

Oui il ya beaucoup de choses de tension à l'intérieur de nous qu'on ne s'exprime pas sur alors il faut attendre les artiste pour la libération.