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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mai 11, 2009

Dimanche matin, ciel bouché, qui allait bien à mon pauvre platane favori, le plus beau je l'assure, du moins à mes yeux, que l'on a élagué très en retard et qui tend des bras presque nus, avec quelques rameaux feuillus qui semblent ironiques, pendant que les autres jouent avec des feuillages denses et clairs, et je suis en colère à sa place, vexée.
Comme j'avais admiré chez Michel Benoit (http://avignon.midiblogs.com/archive/2009/05/09/broucantejage-i-tenchurie-vide-grenier-aux-teinturiers-bric.html ) la photo du vide grenier de samedi, avec tout le charme que la rue des Teinturiers peut lui donner, ai fait quelques pas de plus en rentrant de ma quête de patates pour longer celui de la rue de la Balance auquel manquait la bonhomie rodée, le décor, la lumière et l'affluence.
J'ai repris, dans la paresse invincible de l'après midi, la lecture de la Mancha d'Arnaud Maïsetti et Jeremy Liron avec les belles photos de ce dernier qui sont la vitesse du train et celle du paysage. Et après les pages sur la formation de l'image appuyée sur le premier plan qui fait la profondeur et la distance, et la pose des rails qui tue la Mancha où erre Don Quichotte (souvenir d'un trajet en voiture il y a des années où j'ai cru que j'y flottais rapidement par le privilège que nous donne notre modernité mais avec la même perte de repères, la même impression de vacuité instable), après le noir et blanc, me suis arrêtée à
"Cadre fixe sur monde mobile — et de là, les récits de l’image immobile sur la plaine en mouvement, à l’arrière plan. Dans le long travelling que le train m’impose, que l’image en retour recompose et travaille, j’imagine les histoires qui s’insinuent entre ce qui dans l’image semble se priver de mots pour exister , et ce qui entre les images conduit toute une circulation que seule une fiction pourrait nommer , dont la fiction a charge d’endosser sous peine de n’être qu’un décor , un habillage. Entre les images donc : c’est raconter les différences de potentiel qui les font se succéder — comme si existait une hauteur propre à chaque image, de laquelle elle chutait pour retomber sur l’image suivante : comme si surtout la force inhérente à chaque image dépendait de cette chute, comme si sa puissance provenait de la violence de son écroulement. Et raconter cette histoire de chute des corps, ce serait faire le récit de ce qui se passe au-dehors quand le monde défile en continu mais que je ne peux l’aborder qu’ainsi : fragments arrachés, moments successifs......" http://www.publie.net/tnc/spip.php?article230 pour lecture premières pages, présentation, téléchargement éventuel.

parce que pour m'occuper pendant la petite demi-heure de mon retour, samedi, en hommage ironique à mon coté aventurier voyageur, je me souvenais des belles premières pages que je vous invite donc à lire (la gare qui s'en va, les routes qui disparaissent et s'imposent, toutes les sensations et illusions de notre corps bloqué contre une vitre de train, et ce qui peut sortir de ces constats quand on les soumet à belle intelligence et sensibilité), j'avais envie de les reprendre ces phrases et de trouver des photos pour remplacer en mineur, bien entendu en mineur, celles de Jeremy Liron que je ne pouvais enregistrer - et que c'était mission impossible, non seulement à cause de la différence entre lui et son appareil et ma maladresse et mon joli petit machin, mais parce que comment trouver une image de vitesse, de voitures fonçant sur une route qui est avalée, de plaine presque vide et de noir et blanc quand on va, dans une campagne qui est au maximum de sa verdure annuelle, de gare au nom chantant en gare au nom familier, le glissement ne commençant à s'accélérer que pour aussitôt ralentir à l'approche de la future immobilisation.
Loin comme une gare sérieuse l'est de la gare de l'Isle-sur-la-Sorgue en fin de journée, qu'il faut contourner pour s'installer sur le second quai, après avoir benoîtement traversé une voie, où l'on ne peut plus, passé le début de l'ébauche de la soirée, "composter" son billet, qui pour cela et son style me rappelait plutôt des attentes en fin de journée sur le quai de la gare de Bougival, la différence étant entre le tout mignon, guilleret et propre TER et le train qui finissait par arriver et me ramener chez moi, à Paris.
Enfin, l'important était : je fus une aventurière
.

10 commentaires:

joye a dit…

Oui, okay, à partir de désormais, tu seras Bobonne Morane.

(oui, moi, je sors à mon tour)

Bises, bri...oups...bobbie !

;-)

chase a dit…

chère Brigitte,
j'adore surtout la dernière photo vous êtes dans le bleu clair brillant est le vert de la vie.
J'aime vos beaux mots aussi sur la vitesse qui nous avale.
Vous habitez à Paris?

Brigetoun a dit…

Avignon depuis environ quatre ans - Paris pendant cinquante ans (un peu plus)

chase a dit…

alors cela c'est pourquoi vous avez dit -chez moi- et eh oh votre âge montre!

belle journée.
merci.

Brigetoun a dit…

ily a eu du temps avant Paris et je vais avoir 67 ans

JEA a dit…

De billet en billet, votre "quête de patates" rappelle mutatis mutandi celle de Pierre Perret dans des Ardennes décrétées "zone militaire interdite" par un (p)réoccupant.
Les tubercules ne sont pas que de pré-textes mais encore alimentent des séquences pour lesquelles il fait bon humer les parfums de votre table. Que vous faites tourner avec des mots nullement fantômes.

pierre a dit…

Une aventure... si bien racontée si bbellement illustrée...un faible également pour cette dernière photo, ce lissé en orientation contraire qui fait de la vitesse une douceur que j'en oublie de dire (mais est-ce bien nécessaire, cela va de soi) la beauté du texte.

Muse a dit…

Marseille aussi s'est remplie de monde avec le beau soleil. Curieux ce cheminement vers le train. J'ai un projet d'écriture autour de la gare st Charles. Ce projet verra-t-il le jour?

micheline a dit…

petit signe de sympathie complice de ton platane martyrisé,
résignée à la non aventure

Gérard a dit…

aventure hier...et aujourdh'hui ?