samedi matin, il y avait de nouveau le jeu du soleil et des ombres,

il y avait des groupes d'enfants appliqués et joyeux, et autant d'adultes, qui investissaient les rues suivant plusieurs parcours de rallye

il y avait des rosiers partout, pour annoncer leur fête au palais

il y avait les tentes des enfants de Don Quichotte, sages et vides, et des militants assis devant pour soutenir Casa et les autres organisations, sous l'oeil des consommateurs,

et il y avait toujours le jeu des ombres.
samedi, en fin d'après midi, les rues annonçaient en mineur les foules de l'été,

et Avignon avait retrouvé son ciel, pendant que Brigetoun, serrant un peu les dents, s'en allait à presque grands pas vers le théâtre des Halles. et attendait dans le jardin, en écoutant des enfants jouer, le début d'un concert. Concert de l'EMIR Ensemble des Musiciens Improvisateurs en Résidence) fondé et dirigé par Barre Phillips.
Euphorisant et beau. Deux batteurs, deux saxophonistes et des saxos, un guitariste, un violoncelliste, Barre Phillips et sa contrebasse et une chanteuse-vocaliste-bruitiste. Dans la toute petite chapelle Sainte Claire, pour quelques auditeurs conquis et complices. Un bain dans un ou des univers musicaux, tonnerre, accalmie, des saccades inventives, une utilisation ludique des instruments, de l'humour, un très beau chorus de saxo, le plaisir de jouer, le plaisir de se regarder écouter, des notes soutenues enflant à la limite du supportable.

Brigetoun douloureuse encore assez voulait à l'origine en rester là mais la tentation d'assister au dernier spectacle musical de la série, après avoir loupé "les marmonnements d'Alberto" de Butor avec contrebasse, flûte et guitare électrique et "il ritorno di patria" de Sebald avec flûte et contrebasse, était plus forte.
Suis rentrée rapidement pour acheter en passant des courgettes pour dimanche, et prendre un calmant, et suis repartie à nouveau pour le théâtre des Halles (le festival approchant il y avait trois théâtres jouant dans Avignon), saluant le soleil qui achevait ses jeux sur les pierres. "la prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France" suivie par "les grands fétiches", avec le grand corps chauve, la voix, la contrebasse, la guitare et le tambouriça (j'ignorais le nom) de Stefano Fogher qui indiquait sur le site du théâtre
"Macbeth dirait "full of sound and fury", dans cette Prose il y a plein de joie et de tristesse, de désir et d'ironie, de formes et de couleurs (Sonia Delaunay ne s'était pas trompée !) et puis du bruit, du son, du rythme pendant que le transsibérien traverse l'horreur. Pour porter cette fresque (du rouge ! Du jaune !) j'ai envie de monter la pression de la chaudière en nourrissant le feu." et c'était ça, avec peut-être pour mon goût un peu trop d'ironie.
Et puis, comme ils nous l'avaient annoncé, les musiciens de l'EMIR l'ont rejoint pour un grand moment de déconne et de bonne musique.

J'en suis sortie l'âme en fête et les jambes alertes, ai hésité en passant devant Calvet, mais finalement l'ai laissé faire la fête sans moi. (fête réduite à une visite nocturne)