16 juillet au festival dans chaleur lourde et l'idée de Beyrouth - excursion hors les murs
matin poste et dernière robe à ma taille chez Cotelac (pour me féliciter de ma sagesse relative après avoir fait mes comptes)

déjeuner rapide, nouvelle douche et départ en luttant contre le mur de chaleur, par des petites rues qui ignoraient l'ombre vers Benoît XII et le choc de la clim
"Les Libanais Lina Saneh et Rabih Mroué, que je découvrais, parlent société et politique tout en interrogeant les codes du cinéma et de la représentation théâtrale. Une cinéaste expose son projet de film à un censeur chargé de faire régner l'originalité et la légalité. Le projet est en fait un remake, un photo-roman (suite d'images fixes sur grand écran) inspiré d'Une journée particulière, célèbre long-métrage d'Ettore Scola avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni. L'intrigue est transposée à Beyrouth, en 2006, peu de temps après l'attaque israélienne. Le dialogue entre l'artiste et le fonctionnaire est savoureux, plein d'ironie, mais la représentation devient vite didactique et redondante."
critique de Christian Saint Pierre, sur
http://www.voir.ca/blogs/christian_saint-pierre/archive/2009/07/11/festival-d-avignon-renouer-ou-faire-connaissance.aspx trouvée en rentrant, me retapant, préparant le souper et qui flatte ma paresse (mais je supprimerais "la représentation devient vite didactique et redontante")

(photo sur le site du festival)
Ce n'est pas le meilleur spectacle que j'ai vu , mais malgré l'inconfort (j'ai cédé ma place à une nénette ouvreuse venue au moment de l'extinction insister pour l'avoir, à coté de son cher et tendre - j'ai pensé qu'ils auraient pu y penser plus tôt et me suis retrouvée sur sa chaise avec mauvaise visibilité, donc debout) je ne me suis pas ennuyée, j'ai eu l'impression que la vision de la partition et re-partition du Liban devait être juste et me suis amusée par moments.

sortie dans la rue des teinturiers qui, j'en suis navrée pour les théâtres, ne présente pas tout à fait cette année la bousculade habituelle,

marche dans le soleil qui s'était fait amical vers l'église des Célestins et le redoutable ravalement décapage que l'on continue de lui infliger (alors qu'à Saint Symphorien c'est une réussite respectant la pierre)

pour le moment l'intérieur, avec son sol en partie en terre battue, son air de ruine solide, le mélange des époques et le plan un peu anarchique est à peu près intact

Il abrite dans une pénombre tranquille où l'on circule paresseusement, une installation de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige avec des vidéos (dont deux de témoignages d'anciens internés des camps d'Ansar et Kham, d'un calme fascinant), deux très grandes photos de Beyrouth en 1997 dont une collée sur un miroir et découpée en fragments que l'on peut déplacer, une série de photos en partie effacées, photos de morts ou disparus des différents partis,

une petite série de photos très nettes de matériel militaire abandonné.

J'ai jeté un coup d'oeil au marché des livres,

écouté, sans arriver à me fixer, une partie d'un débat sur l'avenir du théâtre vivant

et suis rentrée arroser mes plantes, et Brigetoun, préparer mon souper, renoncer à repartir à Lambert pour un concert de musique contemporaine je crois (Zad Moultaka) qui me tentait, cuire devant mon ordinateur en notant ceci, me changer et penser avec découragement à la navette redoutable pour gagner Monfavet et l'"ode maritime".
J'ai eu la lâcheté de choisir la solution taxi pour l'aller et en ai été punie, parce qu'il s'est révélé passablement cher et que, ce que j'ignorais, les navettes cette année sont confortables mais payantes (très peu) avec impossibilité d'acheter un billet de retour, ce qui m'a obligé à en laisser partir une pleine de places vides et à faire venir un second taxi (coût de l'ensemble : un peu plus de six spectacles du off) - je saurais... et je vais me mettre aux boites de thon.

dans la queue j'avais l'impression de connaître ma voisine, et j'ai réalisé que c'était la comédienne de "la pleurante de Prague", accompagnée de l'auteur, Sylvie Germain, ce qui a nettement abrégé la longue attente.
Le poème de Pessoa est somptueux, un monde, avec l'attirance de la mer, le rêve, venu de l'enfance, des pirates, qui devient un désir violent de se débarrasser de sa peau de civilisé, un besoin d'abjection, le désir d'être admis dans la troupe brutale, et Jean-Quentin Chatelain qui était quasiment immobile, avec des mouvements de tête, une tension plus ou moins grande des mains le long du corps, les lève lentement pour s'en faire un porte voix, la parole extrêmement lente, comme toujours chez Regy - la voix, dans ce cas, presque désagréable, avec des nasales et des terminaisons un peu veules parfois, qui n'est jamais plate, mais fait passer gravité, comique, violence, auto-ironie - la parole s'enflant en hurlements. Puis vient la tendresse de la nuit sur la mer, et à la fin la vision d'un vieux vapeur qui ramène à la réalité, et qui s'en va, laissant le "je" du poème seul.
Cela dure deux heures, avec quelques sorties (peu, en général on sait ce qu'on fait quand on vient assister à un spectacle de Regy), quelques toux et mouvements mais avec une attention fervente du gros du public (parfois fatigué, ma petite voisine s'est endormie paisiblement pendant le dernier quart d'heure).

photo de Pascal Victor
7 commentaires:
chère Brigitte, magnifique photo des spirales et les bulles-tellement festival.[juste pour vous avertir que je sais que festival n'est pas un adj. mais je voulais l'utiliser comme cela avec votre permission.
hugs.
Les âmes nocturnes mettent-elles en cage les colombes ?
Quel festival, Brigitte ! Paumée vous ? À d'autres...
Je sens que la chaleur perturbe un peu ton festival et que les nuits ont oublié de fraîchir...mes passages se font de plus en plus difficilement.
Pas si paumée que ça !
Très présente même !
Fait attention à l'indigestion.....de festival !
même pas un peu de fraîcheur à t'envoyer depuis ici...
je survis parmi les abricots..que le vent a fini d'abattre
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