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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 05, 2009

pendant que mes cheveux séchaient samedi matin, je continuais la lecture découverte du numéro 3 de la revue de publie.net parue aux premières heures, "la musique savante manque à notre désir", http://www.publie.net/tnc/spip.php?article238 , jouant des dissonances, parentés, désaccords, différences de rythme, de sens avec la riche bande son, et slalomant entre les textes, les photos de Jef Aérosol et de Philippe de Jonckheere (et les quelques de François Bon); les dessins vifs comme écriture de Benoît Guillaume (celui, ironique, de François Masson et l'envol de Felicia Atkinson) mis en forme comme les sons par Philippe Ménard - noté quelques phrases (sans que les textes non cités le soient pour autre raison que le hasard, ou presque) et semé des photos sans rapport pour respirer, et quelques rêvasseries miennes détournant les fragments (donc, pour les comprendre, vous faut céder au plaisir de vous procurer la revue) pendant que l'ombre envahissait la cour, dans l'après-midi, avec de brusques rafales, de très lourdes gouttes hésitantes et un grondement continu du ciel, ponctué de brusques détonations. (pas le 8, le 9, le 10 ni la suite, sauf peut-être certains jours, je ne sais plus lesquels, je t'en conjure Zeus) et que mon crâne et ma nuque gueulaient à l'unisson.
"le créateur est un archer qui tire dans le noir" - Gustav Mahler
" Je sais bien que le véritable quatuor à cordes est en fait un octuor, quatre instruments d’un côté (paire de violons, alto, violoncelle) et quatre musiciens de l’autre (barbus et ventrus sur la pochette) collaborant ensemble au surgissement dans mon salon, par le truchement d’un trente-trois tours, de tel quatuor admirable (embarras du choix) ; ils sont les fils, je suis la marionnette..." Didier da Silva
"Chacun peut s'arrêter et laisser continuer les autres. On appelle ça "strolling" , se balader. Autrefois, nous utilisions cette technique lorsque des musiciens arrogants montaient sur le podium - nous cessions de jouer, et le mauvais musicien se cassait la figure" - Charles Mingus.
et en ce cas le public était là et il contribuait à la chute de l'arrogant, le public dont je ferai toujours irrémédiablement partie, et dont j'ai pour cela l'outrecuidance de penser qu'il est indispensable à la musique, même s'il se réduit aux autres instrumentistes (je regarde un orchestre pendant les passages en solo d'un concerto, ceux qui s'abstraient, s'ennuient un peu, ceux qui guettent le moment de leur réponse et ceux qui suivent, comme portent le soliste en l'admirant plus ou moins consciemment - du moins je crois le percevoir) ou à la partie écoutante de l'instrumentiste comme Pan découvrant ce qu'il vient de créer - et j'entend mieux un quatuor, Rosamund ou autre, quand je peux être dans la salle, près d'eux et voir la musique qui s'échange entre eux par le regard, des gestes, des flexions du buste.

" il y a la peur de l’absence de muzak. La peur de l’absence de parasites, la peur que l’on puisse s’entendre au restaurant, la peur que l’on puisse penser dans un magasin ou dans une grande surface, la peur que l’on puisse observer sereinement la rue depuis un café, la peur peut-être que nous ayons à décider quels sont les espaces qui doivent rester vierges de musique et les autres." - Jérôme Orson
et dans ma perversité, dans mon besoin de poser ma vie sur un arrière fond de musique ou de voix, elles me sautent à la conscience justement, uniquement, lorsqu'elles deviennent banales ou mauvaises selon moi, et que je me réveille, agressée
"....tam. pré-amnésique tente en tam-bour surface rythmée en ses limites : base, trou, four, mantra, viseur closant sur explosante moulée tam, sillonnée de dendrites et radicelles échappantes. bour. planéité-pourquoi vibrée..." Jean-René Lassale,
écoutant, notre corps se met à l'unisson, et nous avons l'illusion d'une fraternité usurpée
"Blues
-
Matière où puiser figures qu'on s'impose
puiser trier mémoriser
combien de textes chacun on porte
anthologie intime
quelles phrase quels mots
portes qui s'ouvrent
paysages intérieurs
comme rifts" - Michel Brosseau
je marche dans le murmure de la mer qui joue avec mes pieds dans la nuit.

"Dans les couloirs souterrains, les âmes désaccordées se croisaient sans frémissement, cherchant dans les regards perdus l’atonalité d’existences rebelles. Sur les plages, Einstein s’échouait dans l’indifférence. " - Kill Me Sarah -
exténuée par la longue tension debout dans la canicule du théâtre, je marche dans la nuit, sous les arbres, sur la route de Montfavet et je danse.
"... les éclats sont bruits les éclats sont lumières et des doigts tu arraches et peaux et chemise et le mouvement qui te prend ondes tu ondules quel gouffre est ton risque que tremblent murs et que corps plus le sol en tremble glisse sous pieds et vite tu vas vite et nous tous on allait plus vite..." - François Bon
" Pour écrire sur la musique, il suffit de se coucher dessus, de se coucher tout court, c’est une plage, dit-on, c’est une ambiance, paraît-il, c’est un bien commun qui ne fait plus aucun mal, soyons fous, soyons sages" - Claro

"Virtuose de la colère imprécise, ainsi se définit-il. Avec ses petites cellules musicales closes sur elles-mêmes. Ça va nulle part, ça reste statique, en suspens, ça ne mène pas vers un point de repos. J’entrevois la nuit dans toute sa sécheresse et l’ombre des remords, ..." - Pierre Menard
" je n’étais plus sûr de cette oreille
qui semblait me laisser en partance
plus sûr de ces quais de brouillard
où j’étais perché en attente d’avenirs
qui semblaient me laisser en partance
plus sûr d’y être à ces grésillements" - Nicolas Vasse
la musique est dans le sang, dans la pulsation - la musique est dans le souffle, dans le murmure et dans le cri - la musique est dans une façade, les pleins, les vides, les proportions.
Me faut trouver le talent de la concision, de la mesure.

4 commentaires:

pierre a dit…

Une journée toute de mesure, je veux dire en musique.
Il y a des gens qui ont l'oreille absolue.
Peut-on avoir le coeur absolu ?

Gérard a dit…

première étape de musique !

Chr. Borhen a dit…

@ Pierre : selon Sollers, oui...

(Heureux de vous (re)lire, Brigitte, après une longue et involontaire absence. )

Muse a dit…

Tes lectures forment aujourd'hui une partition dans laquelle mon oreille a trouvé son compte et mon âme la paix.