J’arrive après tous, et un peu à coté, du fait de mon incapacité à conceptualiser, de l’échange instauré par François Bon avec http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1850, dédié à Alain Pierrot, un « livre » ou une vidéo à feuilleter, mélange d’images d’une ruine de béton et d’un texte minimal, et par les pistes de réflexion qui l’accompagnaient
« Ainsi, l’objet ou le support ne modifient-ils pas essentiellement la définition : on peut lire le volume de pages sous reliure pris sur l’étagère ou la table de chevet, mais le continuer dans le métro sur son téléphone portable, le relire sur sa « liseuse » électronique, ou le reprendre plein écran sur son ordinateur de travail, avec les fonctions d’annotation, les liens externes, les recherches plein texte ouvrant sur les autres textes de notre bibliothèque numérique utilisant ce terme. Temps » - et si le livre « c’était le temps que l’on met à le lire ? » et les commentaires, les billets ont surgi, argumentant accord ou différence, posant simplement une image, une définition, une citation sur ce qu’est un livre. (pour moi, il me semblait qu’il s’agissait assurément d’un livre, j’en restais à un sens bêtement limité, « ce qui se lit », que les yeux parcourent, que le cerveau accueille avec plus ou moins d’attention)
Avec, à mi-course, la reprise par Virginie Clayssen sur « teXtes » http://www.archicampus.net/wordpress/?p=457 de la réaction d’Arnaud Maïsetti, relevée par Constance Krebs sur « amontour » http://amontour.wordpress.com/2009/08/07/ceci-nest-pas-un-livre (et si au creux de l’été vous en avez le temps, vous devriez lire ces billets, pour leur intérêt, pour leur écriture)
Arnaud Maïsetti
« de même construit-on nos sites, avec un réservoir fini de compétences techniques : mais ce qui compte, ici comme là, c’est d’éprouver nos limites, pour en faire notre territoire. La technologie nous pousse à aller jusqu’à l’extrême limite de notre impuissance. Il faut tout tenter ; on apprendra de tout ça. Il faut donner à l’erreur sa grande chance. Il ne faut pas attendre qu’on nous impose l’outil : il faut nous rendre maître et possesseur de l’espace dans lequel on parle »……. » pas une relation localisable qui va de l’une à l’autre et réciproquement, mais une direction perpendiculaire, un mouvement transversal qui les emporte l’une et l’autre, ruisseau sans début ni fin, qui ronge ses deux rives et prend de la vitesse au milieu. »… » Internet, pour la création littéraire du moins, c’est à la fois le lieu de l’échange et sa vitesse, c’est à la fois l’outil qui met en relation, et l’articulation des mondes qui fondent la relation…. . Internet n’est pas un espace de la solitude et du renfermement : c’est celui de la relation, totale, immédiate, constante. La solitude est celle du travail, de l’élaboration lente et personnelle de sa langue : la relation est ce qui donne sens, littéralement, à ce travail, à cette langue qui nous permet de reconnaître et de partager le monde.»
Et de ma place de simple lectrice passionnée, souvent dépassée mais toujours concernée, j’acquiesce.
Arnaud Maïsetti
« de même construit-on nos sites, avec un réservoir fini de compétences techniques : mais ce qui compte, ici comme là, c’est d’éprouver nos limites, pour en faire notre territoire. La technologie nous pousse à aller jusqu’à l’extrême limite de notre impuissance. Il faut tout tenter ; on apprendra de tout ça. Il faut donner à l’erreur sa grande chance. Il ne faut pas attendre qu’on nous impose l’outil : il faut nous rendre maître et possesseur de l’espace dans lequel on parle »……. » pas une relation localisable qui va de l’une à l’autre et réciproquement, mais une direction perpendiculaire, un mouvement transversal qui les emporte l’une et l’autre, ruisseau sans début ni fin, qui ronge ses deux rives et prend de la vitesse au milieu. »… » Internet, pour la création littéraire du moins, c’est à la fois le lieu de l’échange et sa vitesse, c’est à la fois l’outil qui met en relation, et l’articulation des mondes qui fondent la relation…. . Internet n’est pas un espace de la solitude et du renfermement : c’est celui de la relation, totale, immédiate, constante. La solitude est celle du travail, de l’élaboration lente et personnelle de sa langue : la relation est ce qui donne sens, littéralement, à ce travail, à cette langue qui nous permet de reconnaître et de partager le monde.»
Et de ma place de simple lectrice passionnée, souvent dépassée mais toujours concernée, j’acquiesce.
Et, après une recension des questions, des ouvertures apportées par le livre numérique, Virginie Clayssen introduit la face économique
« Si on s’efforce aujourd’hui de fixer la définition du terme “livre numérique”, c’est pour pouvoir décider d’étendre la définition du livre, et qu’elle englobe les livres numériques. Tout simplement parce qu’ainsi, tous les livres numériques seraient des livres, et seraient d’un seul coup : 1) concernés par la loi Lang, c’est à dire que leur prix demeurerait fixé par les éditeurs, avec un effet protecteur pour les libraires, 2) soumis à une TVA de 5,5%, taux accordé aux livres, mais pour l’instant, leur définition spécifie qu’ils sont “imprimés”, et leur version numérique est vendue avec une TVA de 19,6%. »
« Si on s’efforce aujourd’hui de fixer la définition du terme “livre numérique”, c’est pour pouvoir décider d’étendre la définition du livre, et qu’elle englobe les livres numériques. Tout simplement parce qu’ainsi, tous les livres numériques seraient des livres, et seraient d’un seul coup : 1) concernés par la loi Lang, c’est à dire que leur prix demeurerait fixé par les éditeurs, avec un effet protecteur pour les libraires, 2) soumis à une TVA de 5,5%, taux accordé aux livres, mais pour l’instant, leur définition spécifie qu’ils sont “imprimés”, et leur version numérique est vendue avec une TVA de 19,6%. »
Il y a, à la suite de son billet, 26 commentaires à l’heure où je note ceci
Hubert Guillaud : «… Enfin, il me semble primordial d’essayer de caractériser les limites de ce dont nous parlons : ce qui est livre et n’est pas livre. Amusant de voir que nous n’y mettons déjà pas tous les mêmes limites. »
Aldus : »… Si les écrivains veulent s’approprier d’autres espaces d’écritures, libre à eux bien entendu, mais ils me semblent franchir une frontière. De nombreux écrivains se sont essayé jadis à l’écriture cinématographique ou photographique. Je pense à Hervé Guibert par exemple. Ils disposent maintenant de nouveaux outils mais je pense que le champ du livre reste plus ou moins intact… »
Hubert Guillaud : «… Enfin, il me semble primordial d’essayer de caractériser les limites de ce dont nous parlons : ce qui est livre et n’est pas livre. Amusant de voir que nous n’y mettons déjà pas tous les mêmes limites. »
Aldus : »… Si les écrivains veulent s’approprier d’autres espaces d’écritures, libre à eux bien entendu, mais ils me semblent franchir une frontière. De nombreux écrivains se sont essayé jadis à l’écriture cinématographique ou photographique. Je pense à Hervé Guibert par exemple. Ils disposent maintenant de nouveaux outils mais je pense que le champ du livre reste plus ou moins intact… »
François Bon et, entre autres, l'aspect technique de l'édition numérique.
Etc… tout ou presque (et comment éviter ce qui ne l’est pas ?) est à lire.
Etc… tout ou presque (et comment éviter ce qui ne l’est pas ?) est à lire.
Avec ceci d’Arnaud Maïsetti, à nouveau, qui me plait :
« ..Moi ce qui me gène, comme Christian, c’est le risque de réduction de « qu’est-ce qu’un livre ? », à une recherche de l’essence du livre (sa pureté originelle !). Et de toute manière, on ne la trouverait nulle part - en extension, on dirait que le livre, c’est un folio, un pléiade, un incunable, etc. On ne s’arrêterait pas, à part nommer chaque livre, c’est-à-dire chaque texte, puisque m’est avis que chaque auteur, chaque œuvre, redisposent à chaque fois différemment de l’outil livre et de l’activité de lecture, établissant plus qu’un nouveau livre, un nouveau lire… Ou en intension, on dirait qu’un livre, c’est un ensemble de pages qui se tournent, c’est un contenu, une suite de lettres qui forment un texte… Et on approcherait qu’à peine ce que Publie.net défriche… »
« ..Moi ce qui me gène, comme Christian, c’est le risque de réduction de « qu’est-ce qu’un livre ? », à une recherche de l’essence du livre (sa pureté originelle !). Et de toute manière, on ne la trouverait nulle part - en extension, on dirait que le livre, c’est un folio, un pléiade, un incunable, etc. On ne s’arrêterait pas, à part nommer chaque livre, c’est-à-dire chaque texte, puisque m’est avis que chaque auteur, chaque œuvre, redisposent à chaque fois différemment de l’outil livre et de l’activité de lecture, établissant plus qu’un nouveau livre, un nouveau lire… Ou en intension, on dirait qu’un livre, c’est un ensemble de pages qui se tournent, c’est un contenu, une suite de lettres qui forment un texte… Et on approcherait qu’à peine ce que Publie.net défriche… »
Je truffe mon pudding de photos qui n’ont guère rapport à ce qui est dit, qui sont pourtant des objets dits « livre » comme le journal de naissance (certaines des secrétaires dans ma boite baptisaient livre leur « Gala »), les objets de table, les catalogues d’exposition souvent passionnants mais trop encombrants pour être lus, les pléïades, mon petit trésor ancien (le seul que je possède à mon grand regret, qui vaut par son contenu, La Rochefoucaud, par son âge et la douceur de sa reliure, par celui qui me l’a donné), un livre classique, un des livres de poche qui sont la base de ma bibliothèque, une liseuse tout de même, et celui qui figure sur mon portrait-collage par petite sœur…
Il y a eu des billets ou reprises fusant un peu partout comme
http://lafeuille.homo-numericus.net/2009/08/ceci-est-un-livre.html
et puis, en contrepoint, des évocations du livre à travers les temps comme le livre de plomb d’Anselme Kieffer sur « teXtes » ou le livre de pierre entre les mains du gisant d’Aliénor conjugalement proche du gisant de son époux qui se passe de lecture, photographié par François Bon http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article745
http://lafeuille.homo-numericus.net/2009/08/ceci-est-un-livre.html
et puis, en contrepoint, des évocations du livre à travers les temps comme le livre de plomb d’Anselme Kieffer sur « teXtes » ou le livre de pierre entre les mains du gisant d’Aliénor conjugalement proche du gisant de son époux qui se passe de lecture, photographié par François Bon http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article745
Il y a eu chez Christine Genin le livre pour Hector Savinien Cyrano de Bergerac (rappel d’un ancien billet) et puis lundi matin : une belle citation de Proust http://blog.lignesdefuite.fr/post/2009/08/10/persuad%C3%A9-qu%E2%80%99au-fond-il-n%E2%80%99y-en-a-qu%E2%80%99un et le rappel de deux autres et beaux billets http://blog.lignesdefuite.fr/post/2008/06/09/un-objet-transitionnel et http://blog.lignesdefuite.fr/post/2008/08/29/prenez-garde-a-ces-lignes (Victor Hugo)
Et, lisant cela, aux toutes petites heures, j’ai rouvert « la nébuleuse du crabe » de Chevillard et mis en ligne sur mon nouveau blog bis (qui reprend également quelque liens dont je veux me souvenir) l’avis de Crab sur le livre qu’il veut écrire (un peu hors sujet) http://brigetoun.tumblr.com/post/159489818/dans-la-s-rie-un-livre
Et, lisant cela, aux toutes petites heures, j’ai rouvert « la nébuleuse du crabe » de Chevillard et mis en ligne sur mon nouveau blog bis (qui reprend également quelque liens dont je veux me souvenir) l’avis de Crab sur le livre qu’il veut écrire (un peu hors sujet) http://brigetoun.tumblr.com/post/159489818/dans-la-s-rie-un-livre
9 commentaires:
- "Enfant, j'espérais devenir un livre, quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavic, Valladolid ou Vancouver."
Amoz Oz
Tu laisses des traces aussi, en nous écrivant jour a jour dans ce blog!
Moi aussi, avec mes photos et journaux, chacun de nous a notre manière laisse des traces.
chère Brigitte,c'est un livre de poche admirable que vous avez. Belle présentations! On pourrait mettre tous vos postes ensemble comme livre.
ok. livre- les idées exprimés par les mots ou les images sur des pages consécutives qui arrive à leur fin.Les idées sont séparés physiquement des autres idées de la planète.
haha. il y a les trous dans ma définition.alors un site c'est aussi comme un livre.
tata.
belle journée Brigitte.
je devrais dire -on pourrait mettre tous vos postes ensemble pour construire un livre merveilleux.
C'est vrai que Maïsetti écrit bien.
Mais toi aussi, brige.
En tant qu'imprimeur, les livres électroniques m'exaspèrent !
l'un ne tuera pas l'autre, pas plus que la télévision pour la radio ou le cinéma pour le théâtre. Les lecteurs de livres électroniques sont de gros lecteurs, qui continueront la lecture 'papier", ou quelques fous de technique qui viendront ainsi à la lecture. Je crois, à vrai dire je n'en sais trop rien.
Moi j'ai besoin des deux.
Très difficile (au moins pour moi qui ne suis rien moins que patient) que de lire à l'écran. Et trop fatigant. Rien ne remplacera le livre!
Dans un livre j'aime bien l'odeur du papier, du cuir de la couverture... mais il est vrai aussi qu'internet apporte une vraie bibliothèque à la maison.
Bonne soirée
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