suis enfin arrivée à rester à jeun, pour me faire tirer du sang, mais un jour de mauvaise humeur de carcasse – sourire vissé et yeux baissés, suis parvenue au bel hôtel hautement décrépit, qui m'évoque toujours Balzac, avec un peu de flou qui s'est transmis de mes yeux à ma main en prenant en photo ce sol auquel je m'intéressais tant.
courses, cramponnée aux comptoirs, en allant au plus calorique, moins cher et plus rapidement servi, chocolat et retour bringuebalant sous un ciel qui semblait avoir des tentations de gentillesse – et pointage de mon compte en banque pour conclure que l'austérité nécessaire après trois ans un peu cigale se doit d'être fort radicale. Je vais tout de même essayer de ne pas déménager.
Heureusement, j'avais fait une provision de billets au temps de mon inconscience, même si je renonce à la musique ancienne et à a musique contemporaine et m'en suis allée vendredi soir à l'opéra pour le premier concert symphonique de l'année - un beau programme qui, pourtant, me laissait un peu, juste un petit peu, dubitative (le concerto pour piano de Grieg : ni la virtuosité ni le romantisme ne sont vraiment mon univers - la troisième symphonie de Beethoven : très belle mais pas ma préférée), avec l'OLAP et Mikhail Rudy
me suis installée dans les hauteurs, en surplomb de la scène, au risque d'une attirance vertigineuse pour le plateau.
Le concert débutait par une courte oeuvre d'Eric Tanguy (Incanto), violente, rythmée, avec une mélodie cachée en sous face pour émerger par moment en beaux chants des violoncelles (ou autres). Applaudissements - salut rayonnant du chef Jonathan Schiffman qui s'est adjoint cette année un collier de barbe fort mesuré.
Et puis la tignasse et le talent de Mikhail Rudy, face à moi (inconscient de cela).
Les notes détachées, claires du piano sur les nappes de cordes et l'entrée solennelle dans le premier mouvement. Les descentes roucoulantes du piano et l'envolée de l'orchestre. Une clarté de cristal au sein des masses sonores (qui restaient assez légères, parcourues d'air). De longues effusions d'un rêve un peu trop nordique pour que je m'y perde, mais le charme du début du 2ème mouvement.... l'entrain du début du 3ème mouvement, dansant, et la lumière de l'arrivée de la flûte et des bois... Et puis, voir Mickhail Rudy écouter ou jouer m'a fait goûter la saveur de cette musique. Mais je suis sortie discrètement pendant le bis pour (ne pas hurler) éviter que Chopin me gâche mon plaisir.
Après l'entracte pendant lequel d'importants personnages buvaient du champagne sur le palier d'accès au 1er balcon, la 3ème symphonie avec le chant large du Ier mouvement et la montée des thèmes, la mélodie tendue, le jeu des plans mats, lumineux puis éclatants, l'importance des cuivres, les accélérations etc...
6 commentaires:
On peut avec la photo (et, il faut dire, un talent d'écriture wouah, dans votre cas) raconter des supers histoires qui ne payent pas de mine mais ! :)
Rudy, ne met-il pas toujours du Chopin dans ses concerts? Notre époque n'a plus grand chose de romantique. Je ne regrette pas trop.
J'ai relevé "sous un ciel qui semblait avoir des tentations de gentillesse" comme j'aime vous lire Brigetoun :-)
Beau week-end cigale Avignonnaise ;-)
Tu t'es fait vampiriser en Avignon ? sang douleur j'espère.
Toujours autant de plaisir à te lire. Une bonne grosse pluie, des odeurs de campagne joyeuse sous l'averse, une flemme aussi grosse que l'averse - mon blog est riquiqui ces jours-ci - je lis "chagrin d'école" de Pennac et ça roule tranquillement. Ma santé me commande la mesure, dont acte ! Bises ma Belle !
j'aime cette idée d'aller de la musique précisé à Balzac, de l'architecture du flou de l'âme et la photo.
non Brigitte, c'est le corps temple de votre magnifique esprit, oui souffrant des fois mais quand même..........
Ha ha j'échappe bien à travers l'océan, si je vivais en Avignon je ne parlerais pas comme cela. haha.
bises.....**********[vous ne pouvez pas m'attraper]
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