« Suis-je donc enfermé dans le glacial décembre
comme un vieillard sans voix, derrière sa fenêtre
à chaque heure plus sombre, erre dans sa mémoire,
Jaccottet,
parce que, transie dans mon cocon qui tardait à se réchauffer, sans volonté pour tout, et surtout pour sortir dans le petit vent qui suffisait à me déstabiliser – l'ai vérifié en allant vers les remparts dans une lumière glacée –
et sans volonté pour penser, consciente seulement de ce qu'avait d'absurdement égoïste ce vide, cette dolence, quand je rencontrai sur mon écran des images de neige moins exotique que celle qu'il faut pelleter à Montréal et que la mémoire de carcasse imaginait la marche et l'attente interminable sur un quai ou à une station d'autobus dans le courant d'air d'une rue,
transie donc, j'ai pris la fuite vers les pierres de la Drome et leur ocre brun, plus doux à l'oeil dans l'hiver que notre blancheur ivoirine, et j'ai retrouvé des photos ramenées du village qui est aussi le sien, images de pierres, de kakis cette splendeur de l'hiver, et de jardins
Et je cherchais comment parler d'un livre dans la lecture duquel le soir de mercredi et la nuit avaient coulés (et si je ne le fais pas plus tard, je conseille la lecture de « liquide » de Philippe Annocque), tout en suivant les twitts postés depuis Copenhague par Terra-éco et Libération, et en dérivant de temps en temps sur d'autres sites, et suis arrivée, dégringolant vers le Vaucluse, le traversant à l'allure de la pensée pour aborder le Gard à Nîmes
et baigner dans un plaisir allègre
« Maintenant je bois le café
en bas de la gare, c'est tard
au bord de la nuit un bol chaud
de ce jus d'Afrique, ce jus
de mots, vomis de vie, j'écris
pour vous tous mes autres vivants
ô mes humains obéissants
(calme-toi, Claude, calme-toi
payés au mètre, ils sont, au mètre
par le maître ! « ô polvérone
quan é finuta da fia tia
m'assère un poque davanza
la porta, passa lo quinque
de lo patron, lo polvérone
me fa mourir ») ô mes humains !
encore du café ! Encore !.. »
en lisant Claude Guerre (une découverte, du moins son écriture) et le long extrait du « jardin de mon père » cité par François Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1980 et parce que je vos aime bien je vous ordonne de le lire.
Il y a le dialogue de deux grives à une terrasse, et on entend la malice et l'accent de leurs voix, et puis on continue dans ce pays, à coté d'ici, vers Bagnols, avec le souvenir du Rhône, de la Camargue, de notre lumière, de la
« Sainte Victoire ! sur la mer
des oliviers verts de tes yeux
le soleil en pluie éclabousse »
et plein d'autres choses encore.
« .. ce toit de tuiles romaines
vents du Rhône, citernes à vin
commerce, biscuits, bassins d'eau
tourterelles à seins blancs et ombre
soleil, aboie de chien errant
senteurs de pisse, rue pavées... »
15 commentaires:
Merci pour le conseil ! (liquide)
P.-S. Je lis plus sérieusement Les Pêcheurs d'Islande par Pierre Loti, mais je ne sais pas encore si la petite Gaud aura son Yann. La scène d'adieux entre la grand-mère et son petit-fils qui s'en va en "Chine" est déchirante, vraiment superbe.
Houla, vous avez de ces horaires vous et Michel pour publier, vous êtes encore en forme à cette heure ci ? Vu la longueur du texte que je ne veux pas lire en courant, je reviendrais demain pour le faire tranquillement et dire certainement un petit truc ! Il y a des gens comme ça qui ont un avis sur tout, c'est pénible à force ! Ceci dit j'en ai eu un sur la publication précédente où j'y ai laissé quelques mots !
J'aime tes photos surtout celle de ce charmant plaqueminier couvert de fruits. Le gel de ces jours-ci a rendu mes kakis excellents.
tant de neiges ce matin
que même en vol
les tourterelles à sein blanc
sont bues par le paysage
Tiens, des kakis ici aussi ?
J'aime beaucoup la fluidité douce de cette note, comme un petit ruisseau qui nous mène doucement.
Grosso modo vous me direz si je me trompe, quand il fait froid il vaut mieux rester chez soi sauf nécessité urgente, utiliser ce temps libre à lire le plus possible, et de préférence des histoires qui nous font voyager dans des contrées où un climat plus clément glisse sur nous comme une délicieuse douche chaude, tout en observant un kaki magnifique par la fenêtre ! Question : si depuis nos fenêtres, aucun kaki n'apparait, est-on pénalisé pour autant ?
je l'espère Mathilde, par la mienne je vois de la pierre un olivier fou, un buis hirsute et des troncs morts.
Michel j'avais décidé d'enlever les kakis en voyant les superbes de Nathalie, et puis je les ai remis à la fin pour le plaisir de leur couleur
Il n'y aura jamais trop de kakis. Ici, aussi ils mûrissent mais les étourneaux les guettent.
Quel beau survol depuis la Drome de Jaccottet: les mots et les images pour le dire. Quelle conteuse tu es! Où nous conduiras-tu demain?
Assurément, il fallait garder ces kakis là !
Ici pas de neige... mais les Kakis prêts à être cueillis... beauté de l'orange sur le ciel bleu....
il fait un temps à lire Jaccottet... que dis-je... Jaccottet est à lire en toutes saisons... il fait un temps à lire Jaccottet ici et ailleurs...
merci ... merci pour ici et pour ailleurs...
Pour le plaisir..... et toujours étonnée de voir cet arbre sans feuille aux globes artificiels
Est ce bien raisonnable de lire "Liquide " au moment où tout gèle !
Jolie photo de tuiles qui me fait penser à la librairie "Le Parefeuille" d'Uzès (Gard)...
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