commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, décembre 19, 2009

Un billet comme mon esprit, sur deux ou trois plans à la fois – la technique du chapelet qui combine le geste des doigts, l'ânonnement d'une prière, une pensée religieuse (parfois, en mon jeune temps), une rêverie plus ou moins vague, qui se creuse par moments et peut s'appuyer sur un mot de l'ave maria, et la conscience du monde sensible avec des velléités d'actions et des projets - ce que je fais de moins en moins bien, l'âge venu.

Reste de ma sortie presque guillerette, le matin - en regardant des petits points blancs voltiger et se dissoudre avant d'atteindre le sol - un peu des quatre premières crèches, début de visite rituelle. Et les trois premières images donnent une idée vague de celle de la mairie (Carbonel).

Mais, en écoutant de la musique ou l'histoire des « naufragés des neiges » (Henry et son compagnon), en lisant des blogs, Facebook, les twitts de Copenhague et l' »histoire du crime » de Hugo, je pensais à ma lecture de « liquide » de Philippe Annocque, qui va se retrouver ici, maladroitement.

(galerie Ducastel).

Un homme regarde les brindilles et le fleuve, et cherche à savoir qui il est, qui il fut, et ce qu'a été sa vie, dont il croit (dont on lui a dit) qu'il fut absent, sans consistance comme l'eau, comme sa mémoire dont il doute – et les images qui émergent et auxquelles il s'accroche, pour se juger, ont une précision extrême et sensuelle qui disent, en fait, sa présence totale aux sensations, aux instants.

« Des larmes oubliées et silencieuses de petit enfant chagrin sans doute se superposaient aux flaques de la cour comme aujourd'hui les flaques aux flots opaques du fleuve (image d'une perpétuelle avancée perpétuellement sur place) présent aux yeux maintenant secs,

de flots en flots, de la sorte croissants... »

et le texte avance par paragraphes-strophes, de souvenirs ou explications en souvenirs ou explications et de liquides extérieurs en ces liquides dont nos corps sont pleins.

(une crèche au pied de l'escalier principal du Roure)

Il y a le premier amour, Alexandrine, l'éblouissement, la douche en l'attendant

« Les gouttes sur la vitre embuée ruisselaient et jamais leur trajet n'était longtemps rectiligne : elles s'arrêtaient, stoppées par un obstacle invisible qui n'était rien de plus que la trace déjà séchée d'une plus ancienne

puis faisaient un brusque crochet presque à angle droit »

et la rupture, accueillie avec une absence apparente, en regardant l'eau – le manque persistant -

la main a pris un caillou et « elle reste en suspens à mi-hauteur pendant que les yeux maintenant s'attardent au centre approximatif des cercles fugaces que sa chute y a causés. »

(crèche, au Roure, de Jean-Marie Fontanille le père de ma santonnière favorite, tout de même davantage dans mes moyens)

Il y a très vite, le rafting avec Suzanne, la jeune-fille, la femme, et son regard, le besoin de s'y refléter de façon satisfaisante, commandera, pense-t-il, toutes ses actions,

« La face éclaboussée de froid dans sa propre avalanche

chacun dès lors se croyait trombe. Le courant du torrent sous raft pris, dans l'instant de sa course, pour quelque sorte d'un muscle suprême, sa vitesse forcément était perçue comme l'élan (l'essor) d'une vie nouvelle. » – et les souvenirs sont ponctués de retour vers cet homme devant le fleuve « cette station prolongée du corps assis sur le banc face à l'eau au parcours massif et continu » - le métier auprès de ce père auquel il ressemble si peu, aimant et distant, le mariage, la maison, les filles (la gymnastique aquatique et les eaux de l'accouchement), l'apprentissage du rôle de père : « puis la couche arrimée par des mains paternelles était sûre de fuir » - ses filles qui s'éloignent avec leur mère. « Toute cette dégradation, cette liquéfaction de ce qui fut pourtant au moins pendant un instant (pour un autre soi-même) l'ébauche de la paternité »

La mort de la mère, si discrète et nécessaire «Ne pas être. Ne pas être n'a sans doute jamais été aussi clair. Ne pas être n'a sans doute jamais été aussi clairement le moyen de ne pas souffrir »

La suite des jours, l'éloignement du père et la découverte, en parlant avec le frère ainé, au détour d'un souvenir, du couple des parents, tel qu'il fut et que l'ignorait l'enfant (et revient cette différence physique, l'indécision sur ce qu'il est)

« Oui, elle est encore là, présente à la mémoire, cette absence insolite des parents, matérialisée désormais par toutes ces assiettes et ces couverts baignant dans l'eau douteuse … «

Je crains de ne pas avoir fait sentir pourquoi j'ai aimé cette écriture qui coule sur ces 149 pages, et cet homme, qui reste seul, acceptant.

et comme je ne suis pas sérieuse je me suis offert des douceurs pour grossir agréablement et deux santons (en m'appliquant à les choisir modestes), et comme je ne suis pas attentive j'ai fait à nouveau brûler une casserole de pommes de terre.

Quelques billets (ceux qui m'avaient retenue), de meilleure veine, sur ce livre

de Christine Jeanney http://pagesapages.wordpress.com/2009/12/04/liquide-de-philippe-annocque/

sur Remue.net http://remue.net/spip.php?article3206

de Thierry Beinstingel http://www.feuillesderoute.net/noteslecture.htm

de Martine Sonnet http://www.martinesonnet.fr/blogwp/?p=2442

pardon demandé pour le rapprochement incongru du texte et des images

18 commentaires:

micheline a dit…

pas encore déjeuné, pas encore tout lu, seulement venue te saluer et faire mon petit marché de quelques mots inattendus pour m'accompagner dans ma journée, chagrinée à l'avance de nécessités matérielles en stagnation dans les brumes de ma pensée

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Mais vous êtes toute pardonnée Brigetoun, en même temps vous n'avez pas à demander à être pardonnée, vous avez tout à fait le droit de coller le texte aux images que vous voulez, et personnellement cela ne m'a pas dérangé !
Bien au contraire, je trouve les décalages toujours bien plus intéressants, sans compter que pour vous il y a forcément une analogie, rien ne se fait au hasard.
Puis, qui pourrait contester de si merveilleux santons, qu'on soit catholique pratiquant, ou non, d'ailleurs ?
Désolée pour vos patates restées collées, noircies dans le fond de votre casserole, mais c'est bien souvent le lot des personnes qui sont davantage dans le mental que dans le matériel, et ce n'est point un défaut, je dirais même plus, c'est un atout de taille !
Refaire cuire deux patates même si c'est embêtant n'est pas infaisable, lire autant que vous et le partager, ce n'est pas donné à tout le monde !
Bonne journée.

Michel Benoit a dit…

La piste des crèches dans les églises :

Basilique Notre Dame des Doms : c'est la crèche la plus ancienne, ses santons datant du XIXème siècle à la carnation en cire (tous les jours, à partir du 21 décembre de 7h30 à 18h, y compris le dimanche) dans la 1ère chapelle à gauche).

Église St-Agricol : crèche 1830 (personnages historiques dont Elzéar Genet) et santons modernes en cire réalisés par les Carmélites d'Avignon.

Église St-Pierre : santons en carton pâte de 1830 et santons modernes en cire réalisés par les Carmélites d'Avignon.

Église St-Didier : santons Carbonnel.

Église St-Symphorien-les Carmes : santons du XVIIe siècle en cire.

Brigetoun a dit…

si j'arrive à ambuler (et pour Saint Agricol à le trouver ouvert) - pour les Doms je peux pas en ce moment mais j'irai certainement à Saint Pierre

JEA a dit…

sortant des moins 17 de cette nuit pour déambuler entre vos crèches...

Chr. Borhen a dit…

Partout où c'est l'occasion de le dire, je n'hésite pas une seconde : le "Liquide" d'Annocque est un roman somptueux, et son éditeur, "Quidam", a une ligne éditoriale dont beaucoup feraient bien de s'inspirer.

(Et puis Joyeux Noël tiens...)

Gérard a dit…

Tu as raison avec ce temps il vaut mieux y aller " crèche en do " (Crescendo)...

cjeanney a dit…

ah bé moi, je trouve que votre façon de parler de Liquide est bien plus sensible, plus touchée, plus captivante, plus riche que la mienne, "cet homme qui reste seul, acceptant", c'est tellement ça.

(et sinon, le proverbe bien connu "pommes de terre en cendres, Noël en décembre" se vérifie une fois de plus, la vie est incroyable)

Brigetoun a dit…

j'ai réalisé après coup que nous avions choisi la même strophe pour la douche

joye a dit…

Bel assortiment des crèches, brige. Je ne suis pas du tout croyante, mais j'apprécie quand même la sélection ! Merci !

Brigetoun a dit…

pas du tout croyante non plus (mais élevée chez des nonnes) - la crèche provençale a un rapport assez lâche avec la religion, chacun y let ce qu'il veut, et à la rigueur j'oublierai presque les personnages centraux (mis dans un coi)

jeandler a dit…

Eux au moins, ils ont où crécher...

De crèches en crèches, tu as encore quelques jours devant toi. Fis-toi à ta bonne étoile.

Depluloin a dit…

Merci pour cette belle lecture! A "Liquide", j'avais tout d'abord préféré les "Chroniques imaginaires de la mort vive" du même auteur. Mais, comme par hasard, il m'arrive d'ouvrir Liquide, comme ça, à la volée pour en relire quelques passages...

Merci aussi pour ce vieille auteur qui se pèle de froid dans sa pauvre masure.

En passant, puisque vous parlez de Saint Agricol, j'ai travaillé quelques mois, il y a très longtemps à la librairie J. Roumanille, devenue un salon de coiffure je crois?

Brigetoun a dit…

je ne suis là que depuis quatre ans, je ne sais pas avec précision où était la librairie, il me semble que ce devrait plutôt être une boutique d'accessoires de maison

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