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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, février 06, 2010

Brigetoun, nageant dans la variété des paires de vases communicants, et s'en dressant un petit memento, va être longuisssime et en passant révèle de plus en plus son narcissisme baroque parce que pour illustrer sa confusion, elle voulait mettre ici une photo superbement indéchiffrable (et très vraie) qui ne sera disponible que demain (où elle l'exhibera) et qu'incapable d'y renoncer elle a tenté d'y pallier

Il y avait, pour ma délectation personnelle, les lieux où la vie a passé, avec les mots goûteux d'Isabelle Bullertin, qui sonnaient en moi, la maison de vacances de l'enfance http://tentatives.eklablog.fr/ce-qu-ils-disent-c138976 «Même du côté de la cuisine, au soir tombé, quelque chose a fini de dérailler. La pauvre vaisselle sèche encore sur les carreaux de l’évier, propres jusqu’à l’obsession. Tout le reste, dans le cellier, s’est aligné sur des lignes rigoureuses et fixes, que plus rien ne dérangera », et en réponse le fauteuil qui reste témoin d'une présence dans le texte de Christine Jeanney http://yzabel2046.blogspot.com/2010/02/le-fauteuil-vase-communicant-avec.html et ce début «Le fauteuil est placé dos à la cuisine, un rectangle marron et orange, visible lorsqu’on s’essuie les mains sur le torchon en posant des questions comme Qu’est-ce que tu dis ? Avec le bruit de l’eau je n’ai pas entendu. »

Pour retrouver la trace de sensations passées, d'un monde délicieux d'être ancien, et même si ce n'était pas exactement le même, la pause champêtre dit par le tenancier des « lignes de vie » http://epaminondas-lesesperluettesdepamin.blogspot.com/ avec une précision sensuelle, le vin, l'eau, « ..des tomates au col vergeté de cicatrices dures, une douzaine d'œufs durs au jaune presque noir, deux ou trois couronnes de pain de quatre livres, quelques fromages de chèvre cannelés de la paille du séchoir.. », et le souvenir des vieux qui avaient donné à Epamin' http://www.lignesdevie.com/2010/02/vases-communicants-epamin/ accès à ce monde et à la vie « Si j’ai aujourd’hui le vieux couteau de mon grand-père dans un des tiroirs de ma cuisine, la vieille machine à coudre à pédale de ma grand-mère dans mon salon et leur petit miroir baroque sur le palier, c’est pour avoir un peu d’eux tout près de moi, chaque jour. »

Le monde où est née l'employée aux écritures, http://hublots.over-blog.com/article-martine-sonnet-sa-vie-mise-en-pieces-d-eau-44215075.html le rapport à l'eau et l'accès peu à peu à la salle de bains de notre modernité bourgeoise, avec les jolies notations qui font revivre des souvenirs « virée hebdomadaire le samedi après-midi aux bains-douches municipaux les plus proches ; le savon qu’on apporte au fond du gant roulé lui-même dans la serviette.. », évoqué à travers le hublot pendant que le maître des lieux http://www.martinesonnet.fr/blogwp/?p=5367 revit un départ à la guerre dans un passé qui nous a de peu précédés « Dans mes mains, je retourne ma convocation. C’est un petit papier cartonné rectangulaire et allongé, horizontal. Sans doute sa couleur blanc cassé est-elle censée marquer l’époque ancienne. »

Il y avait le bel extrait du journal du brise-lame de Juliette Mezenc (suis fan) http://futilesetgraves.blogspot.com/2010/02/vases-communicants-le-journal-du-brise.html et la zone derrière le lazaret « Mais elle n’y a plus accès. Les barreaux lui évoquent, vaguement, des échelles à n’en plus finir. L’odeur douceâtre de cave qui en émane lui rappelle qu’elle y a ses entrées. Pas plus. » et, au delà de l'eau, l'archipel des hétéroclites d'Anthony Poiraudeau http://juliette.mezenc.over-blog.com/article-vases-communicants-44309636.html et l'île des « érotomanes à la chasteté contrainte » ou « l'île des ambitieux, dont la peau de chagrin s'érode de jour en jour en peau de chagrin.. » tout un archipel à visiter en sécurité à travers les mots.

L'invocation «Tu voguais et tu n’es plus et tu es cette feuille posée sur l’eau et il me plaisait de te nommer galet dans le ricochet infini de tes souvenirs en fuite.. » de la sérénissime des « enfantissages » http://www.luclamy.net/blog/?p=4187 pendant qu'en rupture, Luc racontait avec verve un bureau d'enquête militaire (avec dessins) « un univers de petites mesquineries à mettre au point pour détourner le minotaure,
des blagues de blondes et des troisièmes mi-temps de foot... » http://pantarei.hautetfort.com/archive/2010/02/04/a3c344a64b8817541e9d29875e67da9e.html

la carte trouvée sur le trottoir par Sarah de Haro http://www.scriptopolis.fr/?p=1471 et l'accueil du voeu inconnu, « un vœu que je n’aurais osé formuler, que Richard n'a pas écrit davantage, respectant la superstition qu'il faut toujours taire ce qu'on désire.. », pendant que Philippe Artières de Scriptopolis http://cultenews.wordpress.com/2010/02/05/vase-communicant-welcome-to-scriptopolis/ parle à une adolescente des livres qu'elle lui tend, et se souvient et « on pensait ne faire que passer, on s’arrête, on écoute cet homme dire les livres, dire l’histoire »

Un autre bel échange, avec l'histoire de deux êtres qui me sont fraternels dans leur fragilité étrange Soleil-sur-un-mur et la vieille dame sur la berge « nue comme lui » pendant qu'il pêche avec des croutons coincés entre ses orteils http://koukistories.blogspot.com/2010/02/les-vases-communiquants.html pendant que Kouki Roussi raconte une dérive dans Prague à la sortie «du restaurant, les ventres comme des oreillers tendus aux quatre coins » http://annadesandre.wordpress.com/2010/02/05/prague/ et cette jolie fin "Riant, dardées de rayons, emmitouflées de givre."

Il y avait des voyages, des trajets

Le départ vers une destination inconnue, au petit matin, de Joachim Séné http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2038 «A deux-cent cinquante mètres, tournez à gauche – je connaissais par cœur ce début de trajet que le GPS me répétait, le jardin public aux bancs déserts, avec son tourniquet et sa balançoire immobiles, les platanes, bouleaux, et le marronnier – tournez à gauche – les façades d’immeubles laissèrent la place aux maisons, petites cours devant séparées de la rue par des murets de briques, des arbres, des fleurs, les lampadaires s’effacèrent, le premier promeneur – dans huit-cent mètres,... » et l'avancée pendant que l'esprit note le décor et flotte, à côté de la route, vers le nord, le froid, de François Bon http://www.joachimsene.fr/txt/spip.php?article95, toutes les routes, la monotonie, la rumination et les livres qui en naissent, d'elle et de la fatigue « Est-ce qu’un livre mène à un lieu qui cesse, où il n’y a plus rien après lui, que l’immensité vierge où vous n’entrerez pas ? Les livres ramènent à eux-mêmes, les livres sont le temps clos de la nuit où on les a lus.. »

En route, encore, Anne Collongues, première d'un très bel échange, http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article238, qui pourrait habiter Lod et rouler avec une arme contre sa cuisse, si son lieu de naissance en avait ainsi décidé. « Si j’étais née ici, j’aurais peut être deux ans de moins ou trois fois mon âge, je serais quelque part ailleurs ou ici même, dans ces pensées glissantes qui suivent le mouvement des choses que l’on approche et qui disparaissent. » Et; en mouvement, Arnaud Maïsetti, sur cette rue qui tranche le cimetière http://aout-en-attendant.blogspot.com/2010/02/la-necropole-arnaud-maisetti.html et, bien entendu l'important est sa façon de mettre en mots l'idée qu'il en a, et la découverte d'un lieu inconnu par léger détour de sa marche familière (ma lourdeur !) «.. de ne reconnaître rien vraiment, comme une langue qu’on aurait appris de la bouche d’un seul et qu’on entendrait pour la première fois dite par quelqu’un d’autre de plus empesé, de plus évident peut-être aussi »

Voyage encore de Nathanaël Gobenceaux jonglant avec NewYork, Florence, le déplacement, la mémoire http://abadon.fr/spip.php?article46 « Echangeurs et 2x3 voies. Des immeubles et l’église des irlandais, comme noyée entre. impression de passer 20 minutes devant le Tondo Doni, impression de passer 20 minutes devant un Giotto, impression de passer 15 minutes devant un Botticelli à l’écouter analyser et commenter. » et l'autre face de ce bel échange avec Michèle Dujardin http://leslignesdumonde.wordpress.com/2010/02/05/autres-noms-du-froid-michele-dujardin/ visitant les noms « noms du Nord, écrits à partir du vide – aveugle, tenseur de l’espace avec ses lettres, abandonnées à l’air : écrire, saisir les ombres, les masses en reptation sur la glace, jusqu’au bord du feuillet de granit, où ça casse »

L'avancée dans les mots et le texte, en une longue coulée, de Pierre Ménard, sous quelques lignes de Jacques Ancet http://litoteentete.blogspot.com/2010/02/commencer-comme-ca.html «avancer, faire de cet instant là, les premiers pas, les premiers mots, le moteur de la suite, dans les traces duquel s'inscrire » mais j'ai été incapable de trouver un vase correspondant.

Alors, reprendre ici Dominique Hasselmann qui s'est raccroché à « toute blinde» à l'ensemble des textes, http://dominiquehasselmann.blog.lemonde.fr/2010/02/05/a-toute-blinde/ sur une photo de Dominique Autrou « Vous vous laissez emporter à toute blinde par ce qui se trame derrière la vitrine – elle n’est pas en gélatine – avec ses reflets qui vous montrent à l’intérieur déjà, sans qu’elle vous ait demandé votre avis... »

Il y avait, rencontre entre deux blogs que j'aime suivre, l'avancée insistante, persistante, par dessus et avec les obstacles, distractions, dans la fuite inutile, impossible, refusée chez Michel Brosseau

http://rvjeanney.wordpress.com/2010/02/05/vase-communicant-michel-brosseau/

"il suffit d’un mot, d’un regard, et c’est plus qu’une plaie qui fait surface, pas de cloisons étanches, non, tout est là disponible, pas d’enchâssement au passé, matériau volatile," avec une magnifique photo de masque et de draperie, et une des histoires en images, qui se font trop rares de rv.Jeanney (je n'arrive jamais à faire des liens vers le site de Michel Brosseau, suivez celui figurant sur son billet précité) histoire de destruction et de traces qui, avec lui, devient délectable.

Immobiles, mais parfois dans le livre ou l'imagination, nous derrière les volets, dits par Florence Noël http://ericdubois.over-blog.fr/article-derriere-les-volets-texte-de-florence-noel-44279700 pendant qu'Eric Dubois, en quelques vers clairs, parlait de la distance entre les êtreshttp://pantarei.hautetfort.com/archive/2010/02/04/a3c344a64b8817541e9d29875e67da9e.html

Et puis Michel Brosseau, encore et raconter des histoires, avec un formidable texte comme un long discours ruminé par nous les gens d'en bas, des idées que nous acceptons sur les autres, comme nous acceptons que c'est à nous de payer toujours, pour la crise, pour tout, nous qui n'avons que ce que les journaux nous disent, à la une, et les « romans populaires, qu’ils ont appelé ça, quand on parlait de nous, au début. De la sous-littérature, du genre mineur... », http://www.pendantleweekend.net/2010/02/frictions/ et puis quand nous comprenons nous la masse silencieuse : « elle gronde, elle gronde fort. Ça explose ! » - et là, en réponse, en échange, « Pendant le weekend » est allé sur « Kill the Marquise » donner un épisode du feuilleton que je ne manque jamais, et qui pour ce jour devient vraiminteractifractif » http://killthatmarquise.wordpress.com/2010/02/05/ou-la-marquise-rentre-chez-elle/

Il y a ce superbe échange entre Philippe Ramy http://soubresauts.net/drupal/content/imaginer-maison-paluvie-marcel-michel-extrait la violence subie, sentie par le corps aux prises avec la ville, les policiers, la maladie, et qui dit le travail, la promiscuité, les porcs, le gamin qui « n’a pas l’âge de mourir, trop vieux déjà, même s’il n’a aucun talent particulier les occasions ne manquent pas de s’en apercevoir, le foot peut-être, et l’éloquence, cette éloquence qui trouble ses parents, il faut voir à quoi ils sont habitués, cette platitude, il utilise des formules mouvantes ».. et Olivier Guéry http://kafkatransports.net/2010/02/05/imaginer-curseur/ en un long et très beau texte sur la douleur, l'indicible « Et à crier sans cesse, que lui resterait-il pour la nouvelle douleur à venir, le 10 (dix) de l’échelle, « la pire que vous puissiez imaginer » lui dit-on, elle sourit un peu, 10 jusqu’auquel elle n’a jamais vraiment osé pousser le curseur de la réglette en plastique » (cette façon qu'ont les soignants d'exiger qu'on mesure)

Enfin, et si, de façon improbable et miraculeuse, vous êtes arrivés jusque là, sachez que j'ai peiné dans la crainte de ne pas comprendre,ne pas lire vraiment, et pire encore ne pas transmettre, il y a la concordance, je trouve, entre l'installation dans un paysage, la tentative d'y faire sa demeure, la difficulté et la porte, mandorle, sur « cette autre demeure d’où il considère intact ce qui n’a jamais disparu, le pays de la première heure dont on s’éloigne immanquablement lorsqu’on veut vivre » que Jean Prod'hom a bien voulu confier à « paumée » et mes petites lignes sur l'arrivée, le tâtonnement de Brigetoun pour se faire accepter par l'antre. « Dire un ou deux mots. Ecouter le son que l'on a, là. Se faire nez, délicatement, pour sentir les odeurs endormies, les promesses. » http://www.lesmarges.net/files/0f00481cf36777e636538a9db932136c-833.html

22 commentaires:

L...................uC a dit…

Hé ben !
hou bê !
ça c'est du résumé de chez résumé de ces vases dont je suis loin d'avoir encore fait le tour...
On sait au moins à quoi vous avez passé la journée du vendredi... Merc(k)i de ce tour d'horizon à la zoë de dessous l'arbre !;o)

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Ta publication est incroyable ! Tu as fait un travail de titan en prenant un extrait fabuleux de chaque auteur, où tout est excellent ! De bien bons écrivains tous ces gens là, de quoi ne plus vouloir écrire une ligne soi-même après avoir lu tout ça !
J'ai beaucoup aimé la succession des vases (de bien beaux objets que tu as là) et aussi l'eau qui en train de couler empêche d'entendre !
Et dire que tu voulais arrêter ton blog !!!

Anonyme a dit…

Etonnante vous êtes ... et en plus, vous devez bien faire l'aïoli et c'est mon pêché mignon.

Michel Benoit a dit…

Impressionnant !
Étonnant personnage jaillissant des auto(?)portraits...

Ma phrase préférée :
« ...se faire accepter par l'antre. »

JEA a dit…

l'antre deux mers...

Christophe Sanchez a dit…

Et bien voilà un billet résumé qui aiguille mes lectures. 15 paires dénombrés pour 30 textes éclatés chez l'un, chez l'autre. Je te nomme officieusement "guide des vases communicants" ! Merci !

D. Hasselmann a dit…

Chapeau bas pour cette anthologie !

Il aurait fallu qu'un échange soit fait avec ce texte lui-même, quitte à inventer d'autres contributions... pour ne pas vous laisser seule à la tâche.

Vous êtes la greffière (au sens animal domestique et caressant) du genre, grâces vous en soient rendues.

Brigetoun a dit…

j'ai trop travaillé avec des concierges -mais, promis, je n'attends pas d'étrennes (et la qualité n'y est pas forcément, mais suis têtue, et comme j'avais commencé...)

Anthony Poiraudeau a dit…

Ah, j'espérais que vous le feriez ce mois-ci aussi Brigitte. Le mois dernier, j'avais beaucoup apprécié ce panorama et je suis très content de le retrouver aujourd'hui. Très apprécié aussi ce mois-ci.

Pour l'instant, je n'ai pas encore lu tous les textes de ces vases communicants, je n'ai fait que survoler un certain nombre d'entre eux, mais je compte sur le week-end pour faire le tour complet.

Merci beaucoup, tout simplement.

P.S. : Mon nom subit de curieuses transformations par votre clavier (par celui de François Bon aussi, d'ailleurs) : Anthony Peraudeau, Antoine Peraudeau... Très amicalement.

ms a dit…

alors là : chapeau !

Brigetoun a dit…

Anthony, honte à moi, je traque l'erreur

Anthony Poiraudeau a dit…

Merci beaucoup pour la correction (mais pas de quoi avoir honte, ce n'est pas grave).

cjeanney a dit…

N'empêche, superbe passeuse (viens de voir DomA et Dominique Hasselman, quel plaisir !), mais pas que. Ai adoré Découverte. Passeuse Participeuse Superbe alors.
(et sans compter l'aïoli)

Brigetoun a dit…

Anthony, un tantinet grossier simplement

Brigetoun a dit…

eh l'aïoli, non ! suis incapable même d'une mayonnaise. Non simplement poser de la morue dessalée dans une casserole d'eau chaude deux minutes (sans bouillir), et la manger avec des patates

micheline a dit…

ai surtout regardé tous ces vases, me demandant: mais comment donc les faire communiquer sans en perdre une goutte?

PhA a dit…

Je dis comme ms. Et je rajoute même "bas" !

Brigetoun a dit…

je vous remercie tous, j'avais un peu peur que cela fasse racoleur (et en dessous de la qualité des textes)

Anonyme a dit…

envie de refaire le tour des vases, en ta compagnie cette fois-ci, j'aime me laisser conduire !

juliette M

Gérard Méry a dit…

Enfin, et si, de façon improbable et miraculeuse, vous êtes arrivés jusque là.....rien de plus facile j'ai commencé par la fin !!!

RV a dit…

Rien que pour vous je vais publier plus d'histoires. Merci tellement.

joye a dit…

Merci beaucoup pour ces souvenirs de faïence.