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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, février 07, 2010

Rétropédalage et exercice d'admiration

Jeudi soir, (et cela ne trouvait pas sa place vendredi) suis allée, sous pluie fine et obstinée, assister à Fuenteovejuna par la Compagnie Antonio Gadès, dernier spectacle repris par la Fondation après sa mort, avec mon habituelle petite appréhension devant les spectacles qui tournent beaucoup.

Et, avec raison ou non, avec raison certainement, j'ai beaucoup aimé cela, mélange d'énergie et de rigueur extrême, la simplicité, l'harmonie beige, grise, rousse, rose, brune des costumes des paysans (et la grâce des robes des femmes, qui renouvelait les quelques passages de danse flamenca), le rouge du seigneur, le noir agressif de ses suivants, le noir digne du vieil alcade et du novio, le décor sobre, le château suggéré par des bottes de paille, les armes-outils et l'utilisation des draps et des capes comme accessoires pour la danse.

La danse précise et vive, la géométrie des groupes et des déplacements et l'impression de spontanéité, danse mariant le flamenco, un rappel des danses de village, un raffinement contemporain. La façon dont les passages de la musique de Moussorgski s'intercalent d'une façon qui semble évidente entre les airs de guitare, les choeurs de musique populaire, les chanteurs de flamenco. Le récit clair à travers la stylisation. La liesse et l'affrontement entre paysans et puissants, l'humilité pleine de réserve et de méfiance, l'humiliation, la révolte. Une façon d'évoquer Lope de Vega, sans prétendre en remplacer l'écriture.

Une grâce simple, une sobriété dans la fantaisie et l'emportement, une construction qui se sent et se fait oublier.

Suis rentrée, lavée de ma mauvaise humeur du jour (et pas par la fin de l'ondée)

Un narcissisme annoncé qui, en fait, est surtout admiration. J'ai beaucoup aimé cette photo de Nathalie (un des beaux blogs de photos avignonnais, hautement recommandable http://avignon-in-photos.blogspot.com), recherche discrète par le sépia inhabituel adopté pour ses photos prises au bar Utopia après notre rendez-vous devant le mur, et par la distorsion lui permettant de tenir compte gentiment de mon refus de voir ma gueule, surtout ce jour là, fixée. Je voulais la mettre hier en tête de mon effarement devant les vases, mais n'ai pu avoir à temps son autorisation, puisque cette image est à elle, mon rôle se bornant à fournir des os et une façon d'être déjetée et trop gesticulante (et je trouvais qu'elle exprimait mieux cela que celle qu'elle avait choisie pour son blog http://avignon-in-photos.blogspot.com/2010/02/utopia-cafe.html – je préfère aussi sa composition, les goûts sont choses mystérieuses). Ceci dit, je ne peux que conseiller la fréquentation du blog, de ses très belles photos d'Avignon et des villages, de la malice de certains instantanés et compositions, et même de la gourmandise des deux derniers billets consacrés aux desserts de son petit restaurant préféré.

Et pour continuer le plaisir d'admirer, ma lecture dans la soirée de vendredi, au sortir des vases, de «Ton nom dans mon oui» de Serge Ritman http://www.publie.net/tnc/spip.php?article306, merveilleux chant d'amour en une trentaine de pages et 14 strophes en prose, d'une langue simple, réservée, délicatement construite, avec des retours toujours variés, un élan.

«De tes yeux qui brillent d’une lumière noire pour que mes pas portent ta lumière. Ton désespoir porte mes pas vers ta lumière noire. Ton désespoir fait l’éclair de tes yeux pleins de buée.»

«C’est la ronde de tes dunes qui fait le vent des caresses de l’herbe. Le vent des vagues qui caressent le bas de la dune. Qui touchent de leur écume la folie des herbes face à la mer. Face à l’immensité du temps qui entasse le sable des dunes où nous roulons depuis toujours.»

«Nous respirons autrement dans les bras enlacés des arbres et cherchons l’air des enfouissements. Si la mort vit dans l’étagement des saisons, elle met le ciel sous nos pas et nous couche.»

Il y a les corps, et les livres lus ensemble, le jardin créé ensemble, les peurs, la lumière de la nudité, etc.. et

«J’entends ton écoute du bout des doigts et ton écoute parcourt mon corps. Tout mon corps jusqu’à mes doigts qui entendent tes clairs de lune.»

«Que toujours j’entends sans comprendre cette incompréhension qui nous met dans le désir. Dans la réponse à l’appel incompréhensible de ta pudeur dans ma retenue et de ta retenue dans ma pudeur.«

5 commentaires:

JEA a dit…

vous n'avez pas stoppé dans ses élans le carrousel de la première photo et c'est superbe !

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Il parait que ce spectacle était fabuleux, encore un que j'ai loupé !

Je préfère te voir jouer aux narcissiques que de ne pas vouloir te faire prendre en photo !
Tu es sur la bonne voie Brigitte d'autant plus que celle ci aussi est très belle !

joye a dit…

Ah, ah, ah, que des choses à dire !

1) J'aime bien l'aller, le retour et le spectable au milieu de ta sortie en photos.

2) Tu es à peine plus grande que la tasse là, oh !

3) J'aurais tout donné si l'auteur avait dit "Ton nom dans mon ouïe"...je pleure toujours les belles occazes loupiées

;-)

cjeanney a dit…

"Tout mon corps jusqu’à mes doigts qui entendent tes clairs de lune" ! Merci Brigetoun

Gérard Méry a dit…

Friand des bons mots j'apprécie le titre du livre...pour un oui pour un nom ! autre.