Lundi matin, lente entrée dans le jour - lundi matin, plus n'avais pitance – lundi matin, suis sortie de l'antre, suis partie en ville, sous un ciel gris doux, plus que ne le dit la photo, gris doux comme l'aisselle d'une chouette – lundi matin, était quiète, grâce au sommeil, grâce au stablon, grâce à vos mots gentils – lundi matin, en petite honte, ambiguïté entre l'évocation d'une mendiante, d'une paumée officielle, ou vue ainsi, et déprime égoïste.
Lundi après-midi, un lourd sommeil m'a envahie – lundi en fin d'après-midi, j'en suis sortie avec carcasse en colère – et me suis contentée de reprendre mes deux derniers envois au convoi des glossolales, http://leconvoidesglossolales.blogspot.com , y compris celui qui me désole en le relisant par une inutile préciosité.
La rue s'étirait, longue, si longue, tirant ses pas hésitants. La rue s'étirait, et le désespoir ridicule, qui lui en venait, freinait ses jambes, ses pas. Elle avait voulu, son corps silencieusement disait de ne pas, mais maintenant elle ne pouvait que, cheminer vers ce trou au bout, cette ouverture dans le vide de ciel bleu qui était son but. Et trop lasse était pour lever les yeux, en risque de vertige, et pour se haler sur la course des nuages. Alors, pour rythmer la distance, en la morcelant, a regardé les maisons, l'une après l'autre. Et dans ce quartier, humble, un peu villageois, n'étaient pas façades orgueilleuses, affichant, par leurs ornements, les masques, les sculptures, les porches, leur décision de se démarquer dans l'harmonie de leur succession. C'étaient là solides et simples bâtisses de bourg provençal, la marge de la ville, des rangées de murs enduits et nus. Mais elles offraient au regard qui les parcourait la variété de leurs tailles, la différence presque insensible de leurs percements, et puis la gamme douce de leurs couleurs passées sur lesquelles se détachaient les bleus, les gris éraflés des volets, quelques plantes et rideaux, et le pizzicato des taches de lumière. Une amabilité gaie et réservée.
Profonde chaleur du bois. Dureté, épaisseur de la porte en bois. Masque de belle facture. Masque de métal sombre. Laideur décorative. Il me plaît. Il me réfute, me moque, me rejette. Autour de lui, le bois solide de la porte fermée. Vous n'êtes pas là. Derrière moi, les passants, les voitures, la lumière et le bruit de la rue. Vous n'êtes pas là. L'interphone est muet. Le masque me regarde. Pourquoi est ce que je ne pars pas ? Vous n'êtes pas là. Attendre, un peu, que le besoin de vous s'efface. Attendre un peu que mon esprit m'offre un but, une suite. Et je partirai.
Et puis, j'ai vu que google reader débordait, et tasse de thé refroidissant, m'y suis plongée, survolant, faisant de belles rencontres.
13 commentaires:
« inutile préciosité » ?
Ni l'une ni l'autre !!! Parfois, je me dis que tu as besoin d'un bisou et puis une fessée.
;-)
Tes écrits sont les cris gris du temps d'hiver s'ouvrant vers le nouveau printemps.
Bisous et fessée, pourquoi pas ?
heureux ceux qui peuvent écouter aux portes, même refermées sur leur épais bois massif
Finalement, ce lundi avait l'air bien doux !!!
La Provence toute entière n'est-elle grise, en cemoment, de ce gris lavande ?
Cette tête est magnifique. Evoque, pour moi, le théâtre grec antique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Dionysos_mask_Louvre_Myr347.jpg
filiation probable (pas avec un masque, vu la taile, mais avec une fibule ou autre ornement
Les interphones devraient être ces têtes semblables ou plus riantes, à l'image ou non des locataires.
Le gris est une jolie couleur.
Masque expressif, excessif, parlant, crachant presque des mots invisibles, insurgés, insultants ?, inconnus, incompréhensibles ?, inspirés, inventés ?
C'est bien le lundi de se plonger dans greader avec une tasse de thé. Une gorgée puis des mots, une gorgée puis des mots...
C'est parce que tu l'as relu avec carcasse en colère que tu lui trouves une inutile préciosité ?
...le prochaine fois que je vois une chouette je vérifie tes dire
hi hi je m'imagine Gérard... Me revoici de retour avec beaucoup de lecture en retard mais je vais m'y ateler grâce netvibes
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