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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, février 28, 2010

Sur mon chemin, samedi matin, revenant avec poires se mourant et pommes de terre vers mon asile, ai rencontré une garenne très peu herbue et close d'épais barreaux. Et derrière ces barreaux se pressaient lapins un peu éberlués, un peu étranges, apparemment désireux d'investir notre vie citadine, et fort marris d'en être empêchés. Mais ils faisaient masse, et dressés ainsi raidis en leur attente déçue, ils semblaient guerriers, vaguement inquiétants, et ne me suis pas attardée.

Je suis partie, à l'heure du thé, sous un crachin qui avait vidé la rue Saint Agricol de ses visiteurs du samedi,

vers le conservatoire, pour un concert des élèves sous l'étiquette de « la musique moderne », avec un point d'interrogation dans le petit espace entre mes cheveux et le capuchon de ma parka

Et, après avoir repéré les boucles de Michel, signe certain que le programme verrait apparaître sur la scène une silhouette svelte, juvénile, et musicienne, me suis installée pour entendre (et la justesse de mon écoute est très aléatoire) :

une enfant vêtue en dame, gracieuse, simple et déterminée, assez mure pour interpréter, seule, sans appui, «allégro espressivo, allegro, più lento, allégro» de la symphonie n°5 pour violon seul de Martinon, la saveur un peu acide, brise passant dans le petit jour frais sur des pins, ruisseau entre roseaux et absinthes, course éperdue dans un rayon de soleil......

un jeune homme sage, yeux rivés sur son clavier, abstrayé, nous jouant « un reflet dans le vent » de Messiaen, gazouillement légèrement romantique, petites pierres claires, blocs d'ombre assénés, dynamisme, mouvement....

en remplacement d'un morceau de Martinu, annulé pour maladie du pianiste, une jeune flutiste dans une bonne interprétation de Densité 2 de Varèse

une jeune femme brune, à l'air assuré et intelligent, en smoking, accompagnée par une souple et très bonne pianiste, blonde au chignon joliment croulant, dans les cinq mélodies « Ludions » de Sati, sur poèmes de Fargue, jolie voix agile et souple, articulant peut être un peu insuffisamment pour que le texte soit aisément perceptible, perdant ainsi de sa malice.

Pour la première et la seconde sonatines pour basson d'Alexandre Tassman, un grand instrumentiste, se pliant pour suivre la musique, yeux rivés sur le bois luisant de son instrument, - chant d'abricot mûr, volutes, affirmation, discours profond, ventral, mélodie simple, voix claire...

une blonde classique jouant joliment trois mouvements de la sonate pour flûte (elle) et piano (professeur) de Poulenc.

le retour de la pianiste et de la chanteuse pour «Autumn» de Britten, avec l'impression que, dans cette mélodie lente, la voix articulait mieux le texte anglais (difficulté ou tempo ?).

J'ai salué les heureux parents, laissé le public se consacrer aux échanges avec petits gâteaux et verres de vin offert par le domaine le Clos de Caveau de Valréas, et suis rentrée.

La place de l'horloge s'endormait dans l'humidité et les tables avaient un air mélancolique.

14 commentaires:

JEA a dit…

Ces lapins rappellent une BD publiée très peu après mai 1945 et qui décrivait une 2de guerre mondiale entre animaux. Les nazis étaient des loups. Les Anglais des dogues. Les Belges des lions. Et les Français, des lapins...

Brigetoun a dit…

ne sais quelle est la caractérisation qui me laisse le plus perplexe (mais j'ai connu ces livres)

micheline a dit…

A défaut de savoir entendre ...bien imaginé le spectacle et me suis régalée de quelques délices de mots,
depuis le "chignon joliment croulant"jusqu'au "chant d'abricot mûr"

Anonyme a dit…

j'aime bien la musique derrière ...

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Comme si on y était !!!
Tu aurais dû donner l'adresse url de ton blog à ces jeunes, mais néanmoins talentueux musiciens pour qu'ils puissent voir l'effet qu'ils produisent déjà sur le public, car forcément des parents et amis attentifs ne pouvaient être qu'admiratifs, tandis qu'un témoignage de quelqu'un de neutre pouvait en plus les conforter, les rassurer, les encourager encore plus !!!

jeandler a dit…

Enchanteresse, ta dernière image!
Ne manque que les habitués pour faire un moulin de la galette.

Ici, la tempête fait rage et les poids plume restent à l'abri...

Michel Benoit a dit…

Concert fini, au moment de commencer quelques sages agapes rythmant les conversations, fouillant la foule des yeux, m'apercevait que quelque amie avait délicatement fui comme à son habitude...

joye a dit…

Cette première et la dernière photo serviraient superbement à inspirer des plumes, pensé-je !

Merci beaucoup pour cette journée si généreusement partagé avec les vraies paumées, brige. :-)

arletteart a dit…

Promesses... prémices.... de ces enfants- enfançons très doués pleins d'émotions de" jouer" devant public choisi! épreuve à passer aussi

Gérard Méry a dit…

Soucis du détail tu nous donnes même le nom du vin servi !!!!

lautreje entre-temps a dit…

Vos reportages sont de voyages ! J'embarque avec vous mais je me sens libre d'aller et venir, m'attarder sur une photo et reprendre le fil de la lecture, tout est possible. Et puis vos photos sont sublimes notamment la dernière "les tables avaient un air mélancolique" et moi aussi. merci.

Nathalie H.D. a dit…

Brigetoun comment fais-tu pour être tenue au courant des concerts des élèves du conservatoire? Que Michel le sache pour cause de parentalité, évidemment, mais toi ?

Ca m'intéresse et j'aimerais bien que tu me refiles les tuyaux quand tu les as. Merci d'avance.

Brigetoun a dit…

prends le programme au théâtre - il y a un abonnement dit "aper'musique" - plus qu'un concert
le 27 mars "la chanson française" ?

Nathalie H.D. a dit…

27 mars la chanson française ?
Il faut que j'y aille ! Ma maman sera là, musicienne passionnée, je pourrais l'y emmener !