Coupe d'offrandes
bien tissée, très ouverte,
hommage fervent à Apollon,
appel, désirs débordants
si frêle,
sans force,
brouillonne,
une attente inavouée,
discrète,
qui n'ose l'espoir
flèches décochées
rudement
vers le ciel,
si péremptoires
qu'elles ont touché le soleil,
et qu'il est venu
se poser
sur elles
pour un petit jeu
amoureux
Plongée partielle parce que Publie.net vient de le réviser, le remettre en évidence (plus de 300 pages de découverte d'un univers auquel je suis étrangère : une longue maturation de la technique, oui, pas seulement, mais cela passe par là, des ateliers d'écriture, la passation, la recherche des thèmes, des textes, des outils, les buts et ne pas en rester au pansement, et l'oralité, la contemporanité du regard, partir de Barthes ou Kafka comme plus directs pour revenir éventuellement aux classiques, la formation des enseignants, et puis la critique, etc... et finalement ce que l'écrivain lui-même en tire) dans «apprendre l'invention» de François Bon, http://www.publie.net/tnc/spip.php?article17, avec un intérêt passionné malgré un regard par force frivole, non impliqué, futile parce qu'ignorant, parce que cela parle aussi un peu de notre rapport à la lecture, à l'écriture, au monde – et donc l'impossibilité d'en parler, même de choisir que citer, depuis l'entrée et ses quelques portraits (mais les ateliers s'adressent à des publics très variés)
«Flics prévenus, Kamel récupéré alors qu'il faisait du stop à la sortie du patelin, retour à Sète en accéléré. Kamel pêche cette saison encre la palourde au noir dans l'étang : « sous une pluie d'été, seul appuyé contre un arbre mes mains dans les poche trouées et mes pieds dans la boue j'aperçois dans le ciel gris des très gros nuages, des hirondelles toutes regroupées qui se déplaçaient, elles ont compris qu'il fallait rester groupés, tous à la même recherche de la vie, puis la pluie cesse, je prends la direction de chez moi. Dans cette cité il y a l'oubli de vous-mêmes, on vous oblige à le devenir le plus fort..»
alors, un peu au hasard (d'autant que je n'ai pas tout lu) comme un éventail, ou un kaléidoscope
«Les ateliers, pour nous, c’est un peu une écluse avec les forces vives du monde, là où des êtres rendent compte de leur propre intensité. On injecte dans l’inventaire de la langue et des mots des cailloux qui ne lui appartiennent pas d’avance, mais dont elle a besoin en permanence pour répondre à ce qu'on exige d'elle»
«Enjeu précis pour nous : à revenir à cette frontière de l’écriture, quand elle naît, c’est reprendre directement force pour les obstacles d’aujourd’hui, quand la séparation des savoirs érode jusqu'à la nécessité apparente du langage...... Ainsi la fable de Nietzsche, à son usage, dans Naissance de la tragédie : l’homme en transe devant le feu qu’il maîtrise mais ne comprend pas, qu’il apprivoise sans le domestiquer. Et sur cette transe, bientôt un vocabulaire de chant qui n’est pas encore récit, mais cri retourné contre l’effroi et l’incompréhensible, puis parole associée au sacrifice qu'on imagine retour de même nature»
«Les enseignants savent de plus en plus nombreux que poser l’écriture comme pratique et comme expérience, et non pas comme objet extérieur dont il faudrait se saisir des codes parce qu’ils sont les codes du dominant, du diplôme et du curriculum vitae, c’est permettre de réintroduire le poète dans son rôle de celui qui va en avant.»
«chaque phase d’une séance est une prise de responsabilité indépendante : savoir ce qu’on demande comme appel au monde ou à soi-même, ce qu’on demande en tant que contrainte de forme ou de langue, la restitution du texte au groupe et la place fondamentale de la lecture à voix haute.»
«pour inventer il faut un prisme étranger par où se construire va se distancier, devenir palpable. Sinon c’est un décalque, une projection. On assimile à une dérive, à du simple se faire plaisir»
«nous nous retrouvons dans notre inscription en rupture contre une tendance apparue ces dernières années, adapter la transmission au hiatus selon un profil bas»
Pardon, pardon. Mais accessoirement une conclusion : que l'on garde des financements pour l'intervention d'écrivains et artistes dans les collèges, lycées, écoles des beaux-arts ou autres, cette chance que ma génération n'aurait pas cru envisageable (comme la lecture d'auteurs postérieurs à Rimbaud)
9 commentaires:
J'ai envie de lire ce livre. OUI, pour donner aux enfants la possibilité d'entendre, de voir et de discuter avec des écrivains, des artistes, OUI pour donner envie d'apprendre !
Et j'aime cette ode au printemps portée par les arbres !
ouais, ouais que l'on garde des financements pour....
"Et les nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent hélas ! autour de son cercueil"
CHÉNIER
Souscription à votre conclusion !
On attend le printemps !
Parlante photo de cet arbre dont la coupe-torture fait naître une coupe-offrande.
Belle déclinaison de tes arbres aux bras tendus suivant leur âge
Le premier platane est superbe en chandelier.
Sur celui que tu plains, Michel, le travail est bien fait avec des tire-sèves ménagés et deviendra ainsi semblable au premier.
Comment ne pas souscrire à ta conclusion, Brigitte, qui d'accessoire est principale.
Ici aux Huesses, on parle beaucoup de "écrire pour apprendre" (write to learn), car on ne sait pas ce qu'on sait exactement avant de le mettre en mots.
Beaucoup aimé les verbes aussi.
Quant aux ateliers, je ne sais pas...penses-tu qu'ils encouragent plus qu'ils ne suppriment ? Je pense que je suis devenue très paresseuse depuis que je compte sur des consignes pour inspirer un texte..
évidemment il y a 300 pages à lire, mais on est à des kilomètres des "consignes"
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