Au revoir – ou adieu
et, pour cela, ma dernière contribution en date aux vases communicants (sans doute pas en mai)
Cheminer dans ma ville, corps las soutenu – sentir les murs si proches, amicaux, et l'air enserré , son existence où je me coule – être un bloc qui avance, muscles, air, sensations - marcher dans la douceur de l'ombre, les yeux tirés vers ce brouillard clair, le soleil, plus loin comme un but – sentir que me vient petite allégresse, le souvenir d'une chanson, les premiers vers de Villon, mon refrain de vie.
Et si la fin n'est pas visible, et si l'idée de soleil s'en est allée, si c'est boyau sans espoir de lumière, être halée par le sentiment de l'avancée, ou, cerveau mort ou engourdi, par le souvenir que les jambes ont de ce temps où la marche était plaisir, pur, total, sans entrave, et pour s'aider penser sa marche, se la raconter, parfois se permettre une plainte, juste pour meubler, et se le dire en mots bien choisis, se moquer de soi, ou n'être que l'attente du bout de la rue, et puis de la suivante, en espérance.
J'avance, sensualité des pierres usées, martyrisées par trop dure vie, trop dure et trop longue, mon besoin de les toucher, de caresser leurs blessures, perversité ou fraternité, élan arrêté,
j'avance, et la fulgurance d'une lumière, par une brèche, un mur écroulé, l'ouverture d'un enclos, une maison petiote , un carrefour,
j'avance, objets ou statues, douce vie figée, en accord avec verdure ou ciel, conversation muette,
j'avance, dans le plaisir renouvelé, toujours différent, de la mouvance, dans le creux de la Peyrolerie, du colossal contrefort, glissant sur la gigantesque tour, contre le rocher, et je m'enfonce sous sa danse avec les murs affrontés, sidération fugitive et persistante, niant toute habitude.
14 commentaires:
La douleur tendue mais aussi le plaisir de ses retrouvailles avec ce chemin, ces pierres, tout est là et vos mots, vos photos se marrient pour un billet magnifique.
oh oui!quand la coupe est pleine, juste ne pas la renverser...
Ce texte de fine poésie m'aurait fait penser à Jaccottet, et puis en fait, non, il me fait penser à vous.
Votre blog fait partie de mes "favoris" au vrai sens du terme. Je l'ouvre tous les matins et trouve chaque jour un petit quelque chose qui me ravit l'âme et l'esprit.
Texte et/ou photos, vous avez beaucoup de talents.
Revenez nous vite!
quand les aéronefs s'enfument
les trains imitent les sénateurs
les tire-bouchons insuffisants pour surprendre les routes
les vélos voilés
les canaux à la dérive
les fauteuils roulants non admis
quand les pages tournent trop vite
les librairies imitent des huîtres
les mots s'enfoncent dans des déserts
restent ces matins avec un oiseau-nuage-avion de papier-papillon- venus d'Avignon
Les vases seraient-ils pleins?
La coupe est rase
et la soif se tarit.
oui, magnifique
Prends bien soin de toi. A bientôt. Tu viens vers moi quand tu veux...
Lorsque je lis ton texte je me dis qu'il ne sort pas d'un cerveau engourdi.
Le violon pleure en une note soutenue. Le parterre se vide et le promenoir ne promène plus
Le petit esprit du jardin erre sans fin .....
Il y aura des jours meilleurs
Pensées
Arlette
Toujours partout en tout temps une brèche, ouverture, porte étroite et la fulgurance, le désir revenu -est-il jamais parti.
Que les pierres nous conduisent toujours vers les hommes !
Te suivre dans ce cheminement subtil est un privilège. Ton écriture est vraiment unique.
... et j'aime beaucoup.
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