«Aux quelques rares moment un peu clairs de la journée, la lumière du soleil, dont on ne peut même pas discerner l´orbe blanche, est fondue au gris profond des nuages, et tente, sans filtrer vraiment, de pénétrer l´épaisseur du couvercle. Alors le ciel toujours mouvementé mais troublé et impénétrable comme un océan paraît cacher au-dessus de lui un autre ciel, absolument clair, et chaque souffle de vent est un courant marin qui emporte chacun d´entre nous vers le fond ou vers quelque rivage.» Je garde ces mots, inspirés par les journées d'un automne pluvieux et froid à Tübingen (dans un billet admirable de Laurent Margantin, avec beaucoup de philosophie, des paysages où marcher, le fleuve, l'Ile de France, l'étude et des rencontres dont Sarah Kofman et un islandais attachant http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article356 ) dans l'espoir que leur beauté me console de la déroute morne qui règne sur ma cour, dans les rues d'Avignon (ai croisé dans les rues vides de mon quartier des touristes au courage, gourmand de découvertes, en berne, leur graisse trempée, tentant de déployer sous leur parapluie un plan qui les enverrait vers le palais, leur donnant une image rébarbative du catholicisme guerrier, aspect que prennent les murs en ce temps)
Puisque j'ai entendu qu'aujourd'hui samedi, ou demain je n'ai pas bien compris, était la journée de l'opéra, et puisque Paumée depuis deux jours était plein de vases communicants, j'essaie de retrouver les souvenirs, de déchiffrer mes notes gribouilles dans le noir, pour fixer mon attention, par moments, jeudi soir. Concert à l'opéra, dirigé par Jérôme Pillement, son crâne rond et sa musicalité, plutôt un bon souvenir (surtout la fin), au royaume du néo-classicisme et classicisme.
Pour commencer par le plus près de notre âge, l'adagio cantabile de Marcel Landowski, écouté par une Brigetoun qui ne rentrait pas encore dans le territoire de l'ouïe. Un certain charme, un peu ennuyeux – avec tout de même la légère acidité des cordes, les petits cris du cor anglais, les quelques reprises légères, presqu'inaudibles par le hautbois. Agréable – simplicité soutenue par un zeste de complexité cachée.
Et puis, le classicisme au temps du dernier romantisme avec le concerto n°1 pour violon et orchestre de Max Bruch. Comme soliste Laurent Korcia, grande virtuosité, mais pas seulement, et charme d'un danseur de salon. Une musique que j'écoute avec plaisir, consciente de ses qualités, sans pouvoir l'aimer réellement.
De longs miaulements, se prolongeant, pour accorder le violon. Sa chanson aiguë e et le soutien chaudement mat des cordes, la souplesse du premier mouvement. Et puis la nervosité , la dynamique, l'impression - étonnée que je suis -, que je goûte assez cela, comme une nourriture riche, un peu trop, mais succulente, avant que cette nervosité se mue en emportement un peu grandiloquent. Un reflux. L'adagio joué sans césure, avec des interventions douces et vives du violon.
Le ronflement initial de l'allegro energico et la virtuosité pure (raison du choix de ce concerto par les solistes) – élan sombre et broderies de lumière. Un moment de langueur exquise et la reprise du dialogue véhément entre orchestre et violon déchaîné. Applaudissements – enthousiasme – un bis étourdissant – Brigetoun attend comme une grand-mère devant des enfants pleins de vie.
Quatre bouffées d'un cigare gelé et de trop sur le balcon au dessus de la place, un café très mauvais (le savais pourtant) dans la petite foule de foyer et ce que j'attendais : Haydn, en l'occurrence la symphonie «l'horloge».
La lente introduction avant le premier thème, les reprises, infiniment et imperceptiblement variées, les entrées et sorties des groupes de cordes, plus ou moins mats, les interventions des bois. Les courtes phrases, comme des tirets, en ascension. Pillement se courbait, dansait, sautillait, et tout était joyeux.
Le mouvement «horloge» : battements et danse légère des violons à leur surface. La dentelle des flûtes et hautbois et toujours le rythme imperturbable, jusqu'au fortissimo, malice etc...
L'énergie gaie de l'entrée dans le Menuet. Sa richesse. Le thème dansant, l'orchestre s'effaçant devant la flûte oiseau, les reprises.
La bonhomie savante du dernier mouvement. Chantonnement distrait interrompu par discours affirmatif. Vivacité, humour.
Retour pour batailler avec blogger qui ne voulait pas respecter la taille des caractères et la mise en page de «auteur – auteur» et mise en ligne à la sixième tentative, sans voir qu'une phrase s'était perdue en route (heureusement que Marianne est passée pas trop tardivement vendredi pour que je la rétablisse)
9 commentaires:
en ce petit matin gris, figé et hésitant même pas encore un chant d'oiseau en guise d'opéra.
bon dimanche
Que réserve ce temps désolant aux îles Barthelasse et Piot en fête ?
j'y pensais tout à l'heure, navrée (comme pour les handicapés l'autre fois), même si je ne pensais pas y aller, pour tous les autres
Je n'aime pas trop le violon, je veux dire certains violonistes: et encore plus lorsqu'ils miaulent! Je parle de l'instrument.
le miaulement était très fugitif, juste le temps de s'accorder, le son ensuite beau avec juste une musique un peu trop tour de force par moment pour mon goût
Si cela peut te consoler, Blogger m'a souvent fait le même mauvais tour, le saligaud ! ;-)
Merci pour The Night at the Opera !
Un salut des violons (hier soir, est-ce hasard) de Salzbourg: Mozart, Haydn, Schumann.
LM
Avant le ronflement initial de l'allegro energico et le miaulement du violon que de marche à pieds.
Vu ce très bel escalier jazzant en spirale, une varitable "ascension" à la Coltrane : et pour le violon, Didier Lockwood, pour électrifier tout ça !
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