Il a plu sur les dalles
il a plu sur les pots renversés
il a plu dans mes os
il a plu d'heure en heure
il a plu sur les gravats
il a plu sur mes tempes
il a plu dans mes yeux
il a plu sur vous, et vous,
et tant mieux pour les autres
il a plu pour la vigne
il a plu pour les blés
il a plu pour les canalisations engorgées
il a plu en moi
qui attendait en vain l'odeur merveilleuse de la terre après la pluie
il a plu jusqu'à effacer le souvenir du sec.
Et même quand il a plus plu, il a pas été sec, mais en curant les abords du siphon j'avais le nez dans l'humus.
Et c'est dans un reste d'humidité, et avec parapluie qui est resté inutile, que je suis partie écouter Gautier Capuçon et Frank Braley, dans un joli programme : Prokofiev, Schubert, Beethoven sur Mozart, Mendelssohn.
Un rien ahurie de voir l'opéra plein (pour la musique de chambre d'ordinaire, entre tiers et moitié de la salle occupée) avec, même, pour la première fois depuis mon arrivée, Madame le Maire trônant, entourée de silhouettes féminines, dans sa loge – des êtres élégants, sans mauvais goût, qui semblaient plutôt charmants, dont seules quelques têtes m'étaient connues – réduite à ma place au milieu du premier balcon, manteau sur les genoux (et mon étalement habituel me manquait) j'avais la sensation bizarre, les entendant se saluer aimablement, discuter simplement et tranquillement, d'être un caillou de quartz brun dans un parterre de gravier de marbre rose.
En fait, la soirée était organisée par le Rotary local, au bénéfice de l'oeuvre de feue Soeur Emmanuelle, ce qui nous a valu quatre prises de parole, sympathiques et point trop verbeuses, mais tout de même, et donc le remplacement de la sonate de Schubert par la variation sur un thème slovaque de Martinu, à laquelle je suis restée totalement étrangère, sensible pourtant au charme de son gourmand du violon étiré et au jeu presque jazzy du piano.
Et puis, la belle variété de la sonate 119 de Prokofiev, bellement jouée – le violoncelle beau comme un caramel en train de durcir – le jeu du pianiste se faisant délicat et sensible – les passages où le son du violoncelle est vraiment une voix chantante, un peu comme un refrain fredonné puis entonné en marchant – les pizzicati doux les amorces de dialogue etc.. et je souriais même aux passages que j'aimais moins.
J'ai circulé un peu pendant l'entracte, en veillant à ne pas être cassée.
Le charme, familier, un peu décalé, d'une variation de Beethoven sur un air de Mozart.
Et puis, aimée souvent, (l'allegretto scherzando notamment), ennuyeuse pour moi parfois, la sonate n°2 de Mendelssohn.
Un agréable concert, de musique un peu extérieure.
8 commentaires:
Vous êtes nos yeux et nos oreilles et nous, nous restons à l'abri!
très bien dit, Chri
sauf qu'un peu de sable mouillé encombre mes allées
J'aime ce que vous écrivez.
Camille
Aurait-il tant plu que je ne m'en sois pas plus aperçu que ça ?
Encore un fois, j'aime ta photo dans l'opéra !
A défaut d'être au jardin, le printemps était donc dans à l'Opéra! il fallait aller au devant de lui.
Moi je la trouve belle ta première photo, avec ses roses et verts tendres embués.
Petite musique de pluie sur quartz rose ......
de la pluie à Mozart il n'y a qu'un pas....cela l'a plu je lis !
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