Je suis passée place de l'horloge, vendredi matin, sous un ciel obstinément gris, et j'ai découvert les fameux parasols que la Mairie a imposé aux restaurants, en remplacement des vagues sur structure métallique.
Je certifie que je n'avais pas d'opinion, d'opposition de principe.
Mais je m'ancre dans mon désaccord avec le goût de ceux qui ont déjà supprimé la vieille péniche-capitainerie qui me faisait rêver de mers lointaines, de port un peu déglingué, et qui remplacent ces formes mouvantes par de stupides grands carrés (pratiquement aussi, le mistral et la pluie s'amuseront allègrement avec convives et serveurs)
En fait, après un achat de galettes au romarin rue Saint Agricol, j'avais continué mon chemin par sympathie pour les participants à la fête handisports (j'aime bien l'importance que la ville donne à ce sujet).
Les stands s'installaient, quelques groupes d'enfants visitaient, jouaient, discutaient plus ou moins timidement avec leurs ainés en fauteuil, tentaient de marcher sans voir.
Une gentille ambiance, prélude aux trois jours
meeting international demain au stade
démonstrations de basket, ping-pong, danse, escrime, cyclisme, judo, aviron (fictivement bien entendu mais il y a un groupe actif), tir à l'arc, langue des signe etc... vendredi et samedi place de l'horloge
compétition dimanche sur l'île de la Barthelasse entre adultes et enfants en rollers, et en fauteuils, avec la possibilité de pratiquer entre les courses, et un repas
Et puis suis rentrée préparer mon déjeuner.
Pendant que j'épépinais la tomate de ma petite sauce, le chant de la pluie dans la cour, m'a fait relever la tête, et j'ai eu une pensée navrée pour les organisateurs, les bénévoles et leurs installations (les jeunes femmes et leur terre pour faire travailler ensemble handicapés et autres) et les garçons dans leurs fauteuils.
Moins important, j'étais prête à renoncer à faire acte de présence (guère plus en ce qui me concerne) à l'apéritif (si quelques-uns se déplacent) aujourd'hui devant le mur des offrandes, d'autant que l'heure m'empêchera sans doute de participer au défilé rituel, mais, pendant que je tentais de trouver une façon simple et jetable de présenter des olives, que je lavais quelques radis et taillais (mal, j'ai perdu l'habitude) des bâtonnets de céleri pour l'anchoïade industrielle) le soleil et un nuage rose sont venus me remonter un tantinet le moral.
On verra – en espérant que les verres, les serviettes, mes broutilles et ma bouteille de rosé sans pédigrée (conseillée par le vendeur au lieu de mon choix trop prétentieux et fort) ne feront pas défaut.
Palpitant, n'est-il pas ?
16 commentaires:
amusant de chercher comment présenter des olives, je ne me suis jamais posée la question, me voilà avec un os à ronger pour un moment ! ;-)
s'agit, si j'y arrive (tous, début de fièvre, pluie et défilé politique) de pouvoir partir sans tout vider pour récupérer ma vaisselle
ni pâle, ni piteux, ni tant...
à chacun sa façon de préparer le 1er mai..
Palpitant, mais presque !
Où habite Monsieur Delors ?
Sur la place.
Pourquoi ?
Parce que sur la place Delors loge.
Pathétique, mais presque !
et le muguet, on le met où le muguet?
Donc vous épépinez les tomates, fit-il surpris et comme admiratif.
j'ai eu du muguet, et j'ai aimé le recevoir mais je déteste cette fleur.
Épépiner pour moi une obligation, et réduire la chair en fondue
Si mal à l'aise devant ces handis...même en admirant leur courage enfin est-ce du courage????
Arlettart votre commentaire me laisse perplexe!
Mon mari est handicapé. Plusieurs de nos (très nombreux) amis sont handicapés: accidents de voiture, de montagne, de pommier (!), handicap de naissance, maladies évolutives. Ils sont professeurs, chercheur, secrétaire, hôtesse d'accueil à la Maison de la Culture, conseiller régional ET médaille d'or de natation aux jeux para-olympiques, femme au foyer, célibataires ou pères et mères de famille... etc...
Nous vivons à Grenoble, ville remarquable du point de vue accessibilité et vous ne pouvez pas prendre le tram sans rencontrer une personne handicapée. Venez faire un stage chez nous : ça vous remettra les idées en place et balayera votre malaise.
D'ailleurs qui n'est pas handicapé? Brigetoun est trop maigre, moi trop grosse, mon voisin un peu débile, ma cousine est aveugle, ma filleule est dure d'oreille...
Handicap du corps, du coeur ou de l'esprit: le pire handicap, le plus gênant pour l'entourage ou la société, n'est pas toujours le plus visible.
handicapés et familles sont habitués à cette gêne
J'aime la Lavande !
Mais pourquoi pas le muguet ?
;)
une idée de gosse qui s'est incrustée ?
Que de fait "handicapés et familles soient habitués à cette gêne" c'est une réalité mais pour autant ils ne s'habituent jamais; c'est à dire que l'habitude ne saurait se confondre avec l'acceptation d'un rejet social et d'une stigmatisation permanente dont la blessure, pour ceux qui la subissent au quotidien est une grande souffrance (lire "stigmates" de Irving Kaufman). Et chacun d'entre nous peut, soit le combattre, soit l'accepter ou en prendre son parti comme vous semblez le faire Brigetoun.
Votre commentaire est surprenant et je suis déçu que votre grande sensibilité ne vous ait pas davantage alertée.
Pardo, il s'agit de Erving Goffman
précision : quelques raisons d'être au courant - et du fait qu'il est idiot de parler des handicaps en général, tant ils sont variés et sans aucun rapport entre eux
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