Le mistral est tombé, nous laissant air doux et ciel durement lumineux, quelque centaines de grammes me sont venus et les journaux et papiers, sans compter les pots de miel, confiture et sauces remplissaient deux grands sacs. Les ai donc charriés, récupérant au passage les tas de réclames déposés devant les portes, jusqu'aux containers des remparts.
Ai cambré mon vieux dos, bu un peu de soleil et je suis rentrée, âme légère, en passant par la place, qui vivait sa petite vie matinale, tout doux, âme trop légère qui m'a laissée m'arrêter devant le petit jardin qu'avait établi devant chez elle la fleuriste, avec belles plantes et très peu d'humbles pots.
Je les ai trop admirées, désirées,
et j'ai fini par choisir une des plus humbles (par le prix et l'épaisseur), à la limite de ce que je pouvais porter et hisser par mon escalier. Pas très lourde, mais très encombrante et pleine de velléités d'indépendance, semant des petites fleurs sur mon passage.
J'ai regroupé mes cobayes de façon à les voir, à les protéger autant que possible des rafales, et leur permettre d'attraper le soleil pendant les courtes heures où il daigne descendre jusqu'au bas d'un mur, et j'ai fabriqué un montage pour me donner l'illusion, au moins en image, et avec volonté d'idéalisation, d'un coin, tout petit mais coin tout de même, de parc.
Avant que le sommeil ne me terrasse, j'ai tripoté le tas de boue en bonne voie d'homogénéisation et durcissement, et sans oser aller plus loin tant qu'il ne se sera pas raffermi un peu plus, j'ai cru qu'il pourrait en sortir une petite chose.
Et le soir, puisque cela faisait partie de l'abonnement «danse» suis allée à l'opéra regarder et écouter le spectacle mis en scène et joué (avec des moments dansés par le ballet de l'opéra) par Sonia Petrovna à partir du «petit prince», avec la musique de scène que lui a composée Laurent Petitgirard, pour trois percussions et une clarinette (percussions féminines et clarinette masculine)
J'en avais curieusement plutôt envie, bien que : d'une part, je ne connaissais pas la musique de Petitgirard et ce que j'en ai trouvé était agréablement indifférent, d'autre part, je n'ai jamais eu réellement (aveu) goût pour le livre – souvenir coloré agréablement par le fait de l'avoir lu, par morceaux, un peu en cachette, chez la femme de ménage d'une de mes tantes avec laquelle j'avais l'amorce d'une amitié, et préférence nette pour le boa et l'éléphant, ce qui n'est vraiment pas central, ni très «poétique». Je pense que ma lecture de Saint Exupéry a souffert d'un refus instinctif dès mes 10/11 ans d'accepter à priori ce qui devait l'être.
Un public entre 2 ou 3 ans et âge canonique, avec prépondérance du bas de la graduation, ce qui donnait un air joyeux à l'ensemble (même si c'était sans doute un peu longuet pour les plus jeunes).
Plutôt une bonne surprise dans l'ensemble. Une musique discrète, sans beaucoup d'invention mais sans platitude, sachant se faire absente par moment, parfaitement adaptée (au point de sentir son bon et honnête fabricant, mais pas trop souvent). Un très beau boulot pour l'éclairage et quelques vidéos assez abstraites évoquant l'espace ou la nuit, sans chromo.
Beau travail de la comédienne, diseuse, metteur en scène. Peut être un peu monotone malgré la personnification des timbres pour de très jeunes oreilles.
Le choeur (chant planant), sur scène en deux rangées latérales, assise ou debout, vêtues de lourdes tuniques vaguement tibétaines, qui avec l'éclairage pouvaient évoquer des hommes bleus en accord avec le désert, ou dans la fosse.
Des draperies et des justaucorps dans une gamme de bleu onirique pour la diseuse et les danseurs, sauf du rouge ou du roux pour le garçon qui évoquait le rose ou le renard.
Sans doute un peu trop d'étendue des ponctuations, musique/danse entre les planètes et les étapes de la fable ce qui amenait une discrète agitation du jeune public vers la fin.
Une certaine beauté, évitant avec une efficacité presque totale, le mauvais goût post-sulpicien.
7 commentaires:
Serait-ce un jasmin cette grande plante par laquelle tu t'es laissée tenter ?
Excellent, je m'y sentais, juste à côté de toi.
Deuxième photo : une alouette en plat du jour ? Voilà qui rappelle l'immédiate après guerre quand un festin se limitait à un moineau sans tête...
Le temps s'ensoleille, il y a des fleurs et des fruits, allons-nous basculer dans l'été ?
Une note minimaliste exaltant les petites beautés du jour;
Small in beautiful!
Le mistral a plié ta terre en construction
Bravo pour l'effort d'avoir ramené chez toi cet ajout à ton mini-parc en cours de création.
Belle photo, celle de la rue où l'ombre nous dit le relief des maisons d'en face !
Merci aussi pour le récit du ballet du Petit Prince, pour moi un grand souvenir d'enfance car nous avions le livre-disque dit par Gérard Philippe. Une voix infiniment nourrissante qui pour moi habite ce texte à jamais.
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