commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juin 07, 2010

Comme toi, ami, j'ai commencé la journée, au troisième réveil (mais pour une fois ne m'étais guère rendormie et la nervosité montait) non pas borgne mais louchant.

Entre ma nervosité, colère contre l'indécision et mes refus croissants devant tous les projets du jour (marché et spectacle de danse), colère contre les voix qui sortaient de mon poste, et une joie sur laquelle je m'étais endormie, en redécouvrant «couleur de terre» de Jaccottet, coincé, caché, entre deux livres, et que je croyais ne plus avoir – plaisir d'abord de l'élégance de ce tout petit livre, plaisir des dessins d'Anne-Marie Jaccottet, et miraculeusement accord profond avec l'émerveillement qui s'exprime là : «Et pourtant, continuant à essayer d'approcher ce tout petit, ce bref événement, je me suis dit qu'il s'agissait d'une sorte de heurt intime contre de l'incompréhensible absolu, et ce heurt si l'on peut ainsi dire redoublé : parce qu'il semblait parfaitement incompréhensible que ce fut incompréhensible à ce point : tout bonnement d'être là, dans ce lieu et à ce moment là, vivant, à coup sûr, ne rêvant pas, au milieu de choses toutes aussi indubitables les unes que les autres dans leur relative insignifiance et leur mutisme

La douceur, aussi, au petit matin, d'une incursion prolongée dans «les illuminations» http://www.publie.net/tnc/spip.php?article6

«Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses»

Et puis, pendant que je me douchais, choisissais avec mauvaise conscience de rependre la robe prévue et de sortir une jupe un peu froissée et le tee-shirt inauguré au théâtre la veille, pendant que je regardais ma machine se mettre interminablement à jour, il y a eu la montée du soleil attendri que me faisait la joie pure de petit frère accueillant, samedi, son dernier petit enfant, et, même s'il s'en défendait, même si, en effet, il est totalement inféodé à ses petites filles et au garçon déjà arrivé, le soupçon que son plaisir, était accru, oh ! très légèrement et à son coeur défendant, parce que ce merveilleux bout de chair, enfoncé avec concentration dans le sommeil, sous une garde un peu inquiétante, était le premier «du nom».

Et repensant à notre père, incapable de graduer son amour pour ses enfants, le vivant pour chacun, avec ses défauts et ses qualités, mais dépité, une seconde, à la naissance de la troisième fille d'affilée, une seconde seulement, j'ai réalisé, ce que j'espère le nouveau jeune homme ne saurait jamais : il est arrivé le lendemain de l'anniversaire de la mort de son arrière grand-père.

Tout ceci étant sans grande importance, tu, à peine pensé, mais tout de même sous-jacent, tribu, et tribu coléreuse et unie, oblige. Enfin, quoi, j'étais contente.

Et paresseuse.

Alors, dans les rayons de soleil intermittents de la cour, ou en les attendant, ou en rentrant (en même temps que le linge) pour croire à leur existence, j'ai lu, rêvé, écouté de la musique.

13 commentaires:

joye a dit…

On ne veut jamais l'admettre, mais savoir être paresseuse est un vertu.

Lautreje a dit…

loin d'être sans importance, la filiation, le nom... Tout comme de se laisser aller à la paresse.
Très jolie cour avec son jardinet généreux !

(J'aime : je dois écrire LENTES, pour la vérification des mots ! rigolo, Non ?!)

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

De la paresse oui, mais intelligente puisque tu as lu et encore réussi à faire de ta journée de la jolie littérature !
Quant à l'arrivée de ton neveu, j'imagine que malgré son gardien inquiétant tu as dû être remplie de joie.
De la paresse toute fraiche aussi, comme la lessive étendue !

DUSZKA a dit…

Paresseuse organisée, ce fut un peu ça, en ce dimanche d'orages vagues, de pluies éparses, de roses espérées mais toujours fermées... Un tour "par chez toi" et la semaine commence entre douceur et douleur. Chez toi, ça réconcilie.

Michel Benoit a dit…

Faut-il que nous commencions à nous habituer à obéir à nos ordinateurs ?
Au lieu de lire, rêver, écouter de la musique.
Mais sans doute obéissons-nous déjà depuis longtemps à d'autres machines.
« Veuillez insérer votre carte... »

micheline a dit…

ah les noms!!
au nom du père!
mais comment faire autrement
pour être content autrement?
que les fils ne fassent plus la guerre

Brigetoun a dit…

en l'occurence c'est très discret, c'est peut être moi l'archaïque qui le remarque

Gérard Méry a dit…

...je connais le Bolchoï ..sur place à Moscou en 1985 ...je bouge ..sans que çà " paresse"

Arn. M. a dit…

« Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps.
D'eux, j'ai: l'idolâtrie et l'amour du sacrilège; - oh! tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure; - surtout mensonge et paresse. »

Arth. Rimb.

(et plus loin :

« Maintenant, je suis maudit, j'ai horreur de la patrie. Le meilleur, c'est un sommeil bien ivre, sur la grève. » )

Michel Benoit a dit…

Je suis gaulois !

Brigetoun a dit…

rien contre les gaulois, enfin pas tellement depuis le temps, je suis ligure

Michel Benoit a dit…

Ligure du sud-ouest alors... ?

Brigetoun a dit…

comme ligue comme pour tout électron libre (en outre je crains que l'examen de mon arbre généalogique ne me discrédite en rien, mais je tiens à être indépendante des celtes, sont un rien envahissants)