Soleil et ombres, tranchés - matin d'été, avec juste la petite fraîcheur d'un vent qui se souvient qu'il a soufflé, qui se fait bienveillant, qui confirme l'impression que j'avais eu, en ouvrant d'un grand élan interrogatif mes volets, et en sortant, les épaules à peine rétractées, instinctivement, pour redresser et remettre en place les pots, ramasser le peu de terre répandue, dans le petit matin, même si, un peu plus tard, avant ma petite incursion en ville (j'ai ramené un nouveau casque, bien beau, de moyenne qualité supérieure pour remplacer celui qui n'a plus supporté que je l'envoie distraitement sur le carrelage, et j'ai constaté, une fois monté, que l'adaptateur ne fonctionnait pas - je vais devoir y retourner), nous avions du mal à nous comprendre avec petit toubib, parce que les brusques sifflements de ce vent pas si souvenir que ça couvraient sa voix.
Soleil et ombres, dessins, et soudain j'ai aimé les parasols qui m'agaçaient, pour les taches qui se jouent à leur surface.
Je note ceci avant de partir à l'opéra, après une petite plongée, au soleil de la cour, enfin, dans l'univers de «la main de sable» de Laurent Margantin, où je me sentais merveilleusement bien, presque comme dans un endroit oublié où l'on écouterait s'échanger des contes, qu'on n'a pu imaginer, mais dont on se souvient, peut-être http://www.publie.net/tnc/spip.php?article330, et puisque j'ai trois paragraphes du convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com en réserve (dont un depuis quelques minutes), puisque celui-ci m'était venu, tel quel, sans nécessité ni sens, au demi-réveil d'une sieste, devant cette photo d'un tableau de Paule Tavera-Soria prise dans les couloirs dudit opéra, je reprends :
Sur la terre ocre du chemin de halage, un tas de pagaies, devant mes pieds, en amas irrégulier, prenant toute la largeur, entre les haies de lentisques et la pente qui dégringolait dans la rivière. Je suis sortie de mon rêve. Je me suis arrêtée. Je les ai regardées. Elles étaient là, seules, on ne voyait aucune trace de vie, d'humains, d'embarcations. J'ai mis un long moment à les rassembler, à frayer un passage. Et puis je me suis accroupie au bord de l'eau, et j'ai attendu. Le soir est venu lentement.
Suis donc allée, en début de soirée à l'opéra pour un concert donné par Coline-opéra en faveur de la chaîne de l'espoir (petit film et speech simple, efficace et sympathique. Concert romantique (ou au moins 19ème) avec François-Frédéric Guy, pianiste - silhouette élégante, toison et barbe grisonnantes bouclées avec discipline, attitude entre distance et attention, aussi peu théâtral que possible, concentré sur la musique – et Sophie Koch, mezzo – robe souple de satin noir et veste de dentelle dorée, grâce et mesure. Du que j'aime, du que je me suis appliqué à aimer, du que j'ai enduré.
deux mélodies des nuits d'été de Berlioz, l'alerte villanelle et le spectre de la rose avec le bel inconfort de la première partie (Sophie Koch, la veille, sur France Musique interprétait le cycle)
Litz, j'ai frémi car je n'aime guère que les cantates et redoute les pièces virtuoses, mais il s'agissait de «la bénédiction de Dieu dans la solitude», pièce religieuse sans trop d'épanchement et j'ai goûté la fluidité de la première partie, et le maintien du thème, par dessous les rapides, le lux de notes claires, lumineuses, l'andante qui suivait comme un petit dialogue, j'ai décroché ensuite pour retrouver un peu de plaisir dans la fermeté finale
une agréable interprétation de «connais-tu le pays où fleurit l'oranger» de Mignon
deux airs de Werther : interprétation intelligente et intense de «Werther, Werther», un éclat un peu forcé pour «Va ! Laisse couler tes larmes»
Après avoir attendu que l'entracte passe, sous les panneaux des saisons de Joseph Felon au charme très évanescent
enduré en contrôlant mon agacement une courte pièce virtuose de Litz (fort bien jouée, mais je l'avoue c'est un manque, je n'aime pas)
retour à Berlioz avec «la Damnation de Faust» : la grâce simple d'»Autrefois, un roi de Thulé» chantée avec la souplesse, l'harmonie nécessaire, et la vigueur et la force de «d'Amour, l'ardente flamme»
le Litz suivant a été remplacé par une transcription pour piano d'un passage de «Tristan et Isolde» de Wagner, souple riche, je n'y adhérais pas complètement, désolée, mais j'ai apprécié, aimé le mouvement en boucle
une Didon véhémente, douloureuse, belle
la virtuosité et la force (peut-être un peu trop) de «Sein wir wieder gut»
Et, en bis, deux jolies et spirituelles (presqu'autant que Felicity Lot, mais la voix est plus belle) interprétations d'Offenbach «mais je t'aime, brigand» et «je suis grise»
Oh ! si moment avez, en plus des soixante premières pages de la main de sable, en dehors du dernier numéro de d'ici là http://www.publie.net/tnc/spip.php?article319 que j'ai mis de côté aujourd'hui (et je fuis twitter et le bruissement des avis) il y a ce texte de Stéphane Page qui m'a presque mise en retard dans mes corvées, parce que je n'ai pu me contenter de l'effleurer http://remue.net/spip.php?article3703
9 commentaires:
Mais toutes nos traces
Lentement s'effacent
Et nous disons d'elles
Qu'elles sont bien belles
bien trop loin..pour entendre.!!
"approchez , je suis sourd les ans en sont la cause"
Oh si je pouvais prendre un verre avec toi cet après-midi sous le soleil ! je le ferais bien.
Il faut toujours faire la sieste, surtout avant d'aller écouter un concert, pour être certain(e) que tous nos sens sont bien réveillés !!!
de la fraîcheur du vent à Offenbach, on suit les pérégrinations et arabesques et les liens et puis quand le billet s'arrête on se dit Mais pourquoi ? parce qu'on continuerait bien :-)
Tu vis avec le soleil et la musique en ce moment
Journée bien remplie ......et les ombres sur les parasols en estampes "images flottantes" comme il se doit
l'oeil encore enchanté de ma dernière visite au" musée des arts asiatiques "face à la mer
musique d'un côté images de l'autre Belle journée
Pensées
Itinéraire d'une battante dont la culture me semble le pain quotidien. Votre belle vie trépidante est-elle est marquée parfois d'une pause?
Pierre R.
attention - c'est mauvais pour mon ego (quand aux pauses, ce furent des mois, et même en juillet avec e festival ce ne sera tout de même pas le rythme de mes 42 ans de boulot
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