Trajet bien plus court qu'il n'y paraît, mais j'avais mon appareil en main, et j'étais en avance, et ensuite il y a mon verbiage impénitent – z êtes prévenus
N'en pouvais plus d'improviser un traitement bricolé pour parer au manque de médicaments sur ordonnance, et suis partie, dans la gloire de la fin de matinée, le long de la rue Joseph Vernet vers le spécialiste au beau crâne et nos agréables entretiens gentiment mondains.
La lumière me faisait aimer, l'exagérant encore, la trop somptueuse restauration de la grille de Calvet (je pense toujours à un fermier général à la panse sanglée dans un gilet de taffetas brodé) et jouait avec la géométrie douce des ailes contre le bleu, et de l'air qui glisse sur elles.
Je me suis arrêtée une minute en muet hommage à cette façade que j'aime et qui, incroyablement, va être détruite pour être remplacée par une «résidence de prestige» (à cette adresse c'est évident, ce qui le sera moins c'est le faux classicisme bourgeois que cela implique)
j'ai salué les deux petites terrasses que j'aimerais miennes, surtout la première, plus retirée, plus humble, dans une maison qui frôle dangereusement la décrépitude - la seconde, ne sais pourquoi, me faisant toujours penser, certainement à tort, à ma mère jeune-fille à Hanoï.
J'ai jeté un coup d'oeil par la porte de la société d'archéologie que j'avais toujours vue fermée, et puis j'ai constaté que mon avance n'existait plus et j'ai pressé le pas.
Je suis ressortie, trois quart d'heure plus tard, sourire flottant encore sur mes lèvres, ai retrouvé les platanes et leurs regains déchaînés cette année, parure à peine excentrique.
et la bignone chantonnant avant son plein éclat.
J'ai fait un détour par la pharmacie - Saint Agricol se baignait dans le ciel qui prend sa force du plein été -
et en fourrageant dans mon sac pour trouver mes clés, j'ai remarqué pour la première fois que la ville, dans un souci didactique, prenait soin de m'indiquer où je pose mes pieds lorsque je sors chez elle.
Me suis gorgée de soleil, pour profiter des quelques jours où la cour est presque à moitié visitée par lui, et point encore trop chaude, suis rentrée, ai siesté, lu à l'heure du thé, pendant que cuisaient morue et patates du souper, des choses à survoler, ou intéressantes, ou belles, ou belles et intéressantes comme, sur remue-net un billet sur les actualités de Jack Kerouac, «sur la route, le rouleau original» et «le livre des esquisses», avec ce premier fragment
" La terre altérée puis
rafraîchie exhale un
soupir frais de concombre
mêlé à des vapeurs
de goudron & limon
de bois moisi. "
À 19 heures, je suis partie sous de lumineux nuages vers la mairie,
j'ai regardé de beaux panneaux vantant le futur tramway qui doit être désiré par les habitants de l'agglomération avignonnaise à la fin d'une enquête à venir,
et suis allée assister, en trop moyen comité, à une réunion dans les bleus, les roses et les ors de la salle des fêtes, organisée par l'antenne locale de «terra nova» (très moyennement amie au niveau national, des individus amis localement) avec Paul Hermelin (PS Strauskanien) et André Castelli (PC, ami).
Un échange d'où est ressorti
- que le tramway n'en était qu'à l'affichage, peut être pour bloquer d'autres projets s'appuyant sur l'existant, était trop cher et surtout qu'il faudrait au moins qu'il desserve les quartiers très peuplés et très défavorisés plutôt que Villeneuve (équivalent Neuilly, habitée entre autres par Madame le Maire)
- qu'un accord pourrait être trouvé sur un programme tenant compte des besoins de la population et de l'économie en capilotade de l'agglomération entre les présents et le collectif «urgence climatique et justice sociale» regroupant des associatifs, des verts, des socialistes et des communistes qui a déjà avancé dans ses études (avec l'inconvénient que nous sommes sur trois départements et deux régions)
- qu'il fallait améliorer l'existant et la circulation des cars, et prévoir un mode de déplacement en site propre mais moins onéreux (peut être trolley)
En fait c'était assez intéressant (beaucoup plus fouillé que ça) et sans doute un premier pas vers une mise en commun des idées et forces. Juste une intervention filandreuse et arrogante d'Europe Ecologie, se faisant fort d'empêcher l'éternel projet de détournement des poids lourds qui rendent impossible la vie des riverains de la Rocade (rien, vraiment rien pour la route) et qui adore le tramway pour le tramway avec peut être tout de même une prise en compte des besoins.
En sortant, les nuages s'effilochaient. Il y avait au dessus des remparts et de la place Crillon une merveilleuse lumière, et le son d'un piano-jazz.
13 commentaires:
Comme elles sont aimables ces déambulations!
Voilà une bien belle déambulation imagée au "verbiage" agréable.
J'ai une autre "amie" à Avignon, et à vous deux, vous rendez cette ville bien sympathique.
Ne reste plus qu'à changer l'administration locale.
Jolie balade et plaque en fonte "trottoir" : à quand, alors, celle portant la mention "tramway" boulonnée sur les wagons ?
Prévoir (une idée à souffler aux édiles soucieux de la populace) une ligne roulant jusqu'à l'extrémité du pont d'Avignon : terminus, tout le monde plonge !
Avec éventuellement des motrices "amphidromes", comme pour le métro.
je n'irai pas jusqu'à la préconiser pour ceux qui veulent gagner la Bartehelasse ou Villeneuve - l y aurait des amis
Quel parcours. Le parcours d'une battante qui se profile entre l'amour de l'improvisation et l'itinéraire un peu échevelé dicté par un souci d'improvisation. Beau. Même le tramway pourrait égayer la ville. Comme celui d'Amsterdam que j'adore. Ding ding. Terminus.
Pierre R.
verbiage si l'on veut
ce verbiage nous agrée
qui ouvre des fenêtres
vers d'autres lieux
Cela me fait un bien fou de voir le soleil sur tes images, et bien sûre que la narration rend le totu encore plus agréable ! Sans dec'.
Plaisir que de vous accompagner dans ces balades. Bien agréable, oui.
Magie des terrasses qui métamorphosent les espaces infimes en retraites suspendues.
Déambulation dans un soleil que l'on vous envie, nous, les nordistes...
Les regains des platanes: des descentes de cimes parce que trop étêtés!
Vous aussi succombez à la mode du tram. Je vous souhaite bien du plaisir: cent réunions, cent avis différents, cent parcours envisagés, des cents et des cents d'euros... Y en eut-il à Avignon des trams au temps jadis?
je suis avignonnaise depuis à peu près cinq ans, sais pas
Dans le diaporama de Michel, on voit effectivement un tram, rue Carnot. La maison qui doit être détruite, où est-elle ?
rue Joseph Vernet, en face de la rue Saint Charles
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