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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, août 31, 2010


Mes idées de sorties me sont toutes apparues idiotes, prématurées (et il est vrai qu'elles l'étaient pour une bonne part) et suis restée paresseusement dans l'antre, peaufinant l'effet bénéfique de Toulon, qui comme toujours en ce qui concerne l'appétit a lieu à posteriori, et profitant, maintenant que nous sommes loin de la fournaise, des heures où le soleil atteignait mon mur pour lire, adossée, bras et visage dans la tiédeur, «signes cliniques» de Christine Jeanney http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503540/signes-cliniques maintenant que j'avais repue la voix de mon ego, lui laissant juste l'envie d'acquiescer à ce qui est dit, et à la façon dont cela est dit, comme une petite note sous l'unisson : la justesse extrême, les sensations fugitives prises dans une construction impeccable, notations de ces petits faits matériels : la montre que l'on regarde, bien inutilement, le livre qui tombe et qu'il faut rattraper en se penchant - mais sans sonner, surtout - (j'y ajoute débrancher, rebrancher la sonde, pour se déplacer), le sol qui se dérobe, le plafond qui défile au dessus du brancard et la façon d'être présente/absente, prise dans tout cela, dans la géométrie de la chambre, des forces qui s'y jouent.

Mais, j'ai trop conscience de mon incapacité à analyser ce qui fait la force d'un texte (comme le fait Dominique Dussidour à propos du texte de Laurent Grisel que j'évoquais hier http://remue.net/spip.php?article3238, merci à Florence Trocmé de me l'avoir signalé) – et j'en reste au souhait qu'elle soit lue et à quelques citations

«Dire l’instabilité pourrait lui donner corps. Elle s’installerait, calmement instable, immuablement instable et, au bout du filin dont je suppose l’existence, il n’y aurait pas de support plat où me poser. En tout cas pas dans cette chambre, la chambre où je demeure. Deux meurt. Le deux, justement...»

«Je suis l’attente. Elle le martèle, me tient la tête par les oreilles pour être sûre que je l’entende, elle crie Je suis l’attente. J’ai beau tourner à droite à gauche, frotter mon menton au mouchoir, me tortiller ou essayer de l’éviter, l’attente se hisse devant mes yeux et me tient plus serrée, force sur ma mâchoire, que je la dévisage, front contre front...»

«C’est une question de hiérarchie, une question d’échelle, une question de proportion, une question d’illogisme et de malédiction, une question de terreur qu’on ne dit pas à voix haute, qu’on ne chuchote pas, qu’on n’écrit pas non plus sans grand renfort de végétaux et d’animaux, qui me couperait en deux si je ne brandissais pas mes signes en bouclier, question critique.»

Et voilà qu'est vraiment très décalé, avec une proximité apparente, une faute de goût - mais tant pis, je le garde - le paragraphe détaché du convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/ que j'avais décidé de mettre en ligne aujourd'hui avant de terminer cette lecture et de vouloir l'évoquer.

Convalescence luxueuse, il était plein d'une gratitude, un peu agacée, un peu gênée, pour ses hôtes, mais, et il s'y résignait sans trop de réticence, un rien ennuyeuse. Repos respecté scrupuleusement par tous. Et pour qu'il soit total, on avait ouvert pour lui l'ancienne chambre d'apparat, isolée au bout de l'enfilade des salons inutilisés en cet automne où la campagne se repliait sur elle-même. La lumière entrait, tournant avec le jour, par de grandes fenêtres à l'angle de l'aile principale, donnant les unes sur le grand jardin, juste après la terrasse sur laquelle s'ouvraient les porte-fenêtres du bureau, de la salle de musique, des deux salons, les autres sur un petit bosquet clair. Et les enfants qui restaient là, que leurs parents n'étaient pas encore venus «récupérer», avaient ordre, ce qui leur convenait fort bien, de limiter leurs courses de vélo, leurs bagarres, leurs jeux à la cour d'entrée et au jardin fou, au bout du parterre de gazon. Un jeune femme timide et silencieuse amenait et emmenait, entrant comme un souffle, guettant un sourire pour se risquer à y répondre par un salut murmuré, les plateaux de ses repas. Et sa vieille amie passait le matin pour l'embrasser, lui proposer les menus du jour, s'inquiéter de son humeur, lui raconter leur journée de la veille pour l'inclure dans la vie de la maison, un peu. Il lisait, jouait un peu de sa guitare, passait des heures à se demander si lui reviendrait goût pour l'action, la musique, la lecture – pour l'écriture il la bannissait, n'ayant pas désir d'étaler son vide intérieur, ou de creuser sous celui-ci. Il restait souvent allongé, les yeux fixés sur un cul de four d'angle, formes arrondies, gonflées, douces, dont l'étrangeté lui apparaissait de plus en plus, et il tentait paresseusement de leur donner un sens, un nom.

4 commentaires:

joye a dit…

M'est avis qu'on ne peut jamais juger un texte objectivement. Jamais.

Pierre R. Chantelois a dit…

Il y a les yeux pour lire. Le coeur pour aimer. L'âme pour souffrir. Réunir les trois nous fait découvrir un texte sorti de nulle part. Qui se découvre par hasard au fil des choix qui se font de choisir tel ou tel livre. Le hasard vous a mené à Christine Jeanney. Et vous êtes restée paresseusement dans l'antre. N'est-ce pas du bonheur?

Gérard a dit…

Je m'arrête aujourd'hui à ta première photo géniale !

Anonyme a dit…

Belles photos agrémentant le texte. <a href="http://jng-web.com>JNG WEB</a>