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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, septembre 02, 2010

sous belle lumière, mais avec poils des bras un peu relevés, malgré la mort douce du mistral, ai grimpé la rue Saint Etienne (et j'aurais dû nettoyer mon appareil)

vers la place de l'horloge et les guichets de l'opéra, presque vides en ce second jour – pour revenir avec une solide provision de billets (une grosse partie de mes soirées hivernales)

- à propos, pour une ou un avignonnais que cela intéresserait, j'ai une place à donner – je n'avais pas réalisé que cet oratorio de Litz figurait dans deux abonnements – il suffit de me le demander.

et puis entre argenterie, lecture et sieste prolongée, me suis absentée de tout.

J'ai tenté de choisir et exploiter un thème dans les ateliers de lecture de Liminaire, et je reprends, par flemme, et parce que c'est le souvenir d'un plaisir, quelle que soit la valeur du résultat, ma participation à celui d'après l'oeuvre de Gwenaëlle Aubry http://www.liminaire.fr/spip.phb?article361 (pardon demandé, puisqu'il y a, sous beaucoup d'approximations, vagues traces d'autobiographie, à la famiglia pour les injustices adolescentes)

Image venant de http://www.etapes.com/alphabet-lettres-tracees-la-main-et-typographie-experimentale

L’alphabet du patriarche

A, ton nom, et tes absences, et cette photo dans le salon, et tes lettres, et le rêve que j’avais de toi.

Buté ton profil, butée mon insistance, dans ces débats, quand étions seuls, où s’affrontaient nos conceptions du monde, en toute bienveillance et acharnement, d’où nous sortions ancrés sur nos certitudes et notre amour.

La compréhension que je t’attribuais quand tu n’étais pas là et que je me heurtais à ma mère, ta femme.

Les départs qui se passaient très vite.

L’étreinte de ton bras autour de nos épaules qui dénouait.

Ta fuite sur un nuage imaginaire, pipe en bouche, pendant que grondaient nos querelles.

G comme l’initiale du prénom de ta femme.

Hier, ou la veille, si fréquemment, l’impression que je te parle.

Ton idéalisme, que tu niais, contraint par la tribu que tu avais engendrée, et cette imagination dont je te soupçonne qui devait transformer, parfois, cette frégate mal foutue, le bateau que tu as préféré, en armant sa longue et fine coque d’un fin et vivant gréement.

Notre amusement, notre jeu, un peu vexé, à te tromper, incapable que tu étais de reconnaître nos voix, lors de tes retours.

Pour k, désolée je suis, je ne trouve pas, ne pouvant l’attribuer à ta casquette – nos yeux qui se cherchaient et se fuyaient quand il s’est résolu à la lâcher, à la poser sur ton cercueil.

Loin de nous cette vie qui était ce que tu aimais, et cette face de toi, alors, que je n’ai pas connu, qui n’eut pas carrière brillante, mais heureuse et ces jeunes hommes qui passaient, et parlaient de toi leur ancien commandant.

La mer que tu avais dans tes grosses veines.

La noirceur de tes yeux, que l’âge et le large avaient déteints.

L’outrage salutaire que me fut la seule gifle que tu m’ai donnée.

Au petit matin, dans la pinède, le départ avec un sac de voile et nos petites jambes, pour la pèche à la palengrote.

Les questions que nous n’osions nous poser.

Rentré, tu, porté, ton chagrin dans les moments douloureux que vous avez vécus.

Ton sourire où tes yeux disparaissaient.

Toi, discret, et les lettres que nous avons reçues à ta mort.

L’unité tacite et farouche de cette tribu de divergents.

Volonté tranquille.

Et je laisse de coté le w, le x, le y, pour ne pas en finir avec toi.

10 commentaires:

albin, journalier a dit…

Un bel hommage pour un bel homme.

cjeanney a dit…

non, ne pas en finir avec lui.
(touchée)

Pierre R. Chantelois a dit…

Les mots portent ces souvenirs qui nous marquent, telle une vieille photo jaunie.

Lautreje a dit…

le souvenir ne finit pas, quel qu'il soit. moi aussi, touchée par ce qui coule entre les lignes, l'amour.

micheline a dit…

"la seule gifle que tu m'aies donnée"
peut-être la seule phrase que je pourrais te chipper dans mon abcdaire à moi

DUSZKA a dit…

Quand les mots sont à la hauteur du souvenir, de la vie d'homme, c'est que la sérénité s'installe.

Fardoise a dit…

bel abécédaire ! Tu la donnes vraiment ? Si oui cela m'intéresse, je ne connais pas cet oratorio et pour ne pas finir totalement idiote...

Brigetoun a dit…

bien sûr. Alors je te propose de simplement noter cela sur ton agenda, et d'arriver un petit quart d'heure en avance, je viendrai avec les deux billets (ne me fais pas faux bond, je te le réserve ! sourire)

joye a dit…

M comme J'M !

Gérard Méry a dit…

Laissons de côté un instant les souvenirs et cédons à l'invitation de ton ciel bleu !!!