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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, septembre 19, 2010

Tu permets ?

Je m'assieds, là, à côté de toi. Je voudrais que tu m'apprenne. Tu avances, enfin, je crois, quelquefois. Pas souvent, bien entendu, parce que là tu n'es pas très bien, non ? Si ? Excuse-moi. J'ai cru, un peu. Tu es tout de même un peu étrange, tu sais, je trouve. Bon, je ne dois pas connaître très bien tes compagnons. Ou bien ce ne sont pas tes compagnons ? C'est ça – tu es un prince, ou une princesse, je ne sais pas. Tu es très fin, très étiré, je trouve. Là nous différons. Suis pas épaisse, mais toi aussi tu es un peu plat, non ? Mais je ne suis certainement pas grande. Et je suis bavarde. Toi non. Vraiment pas. Mais ne parle pas, si tu veux. Et quand tu le voudra je regarderai comment tu avances.

Tu sais, mes jambes, ces trucs que tu n'as pas, elles ne veulent pas aujourd'hui, alors ça devrait m'intéresser, je pense - enfin quand je dis je pense, ça m'arrivait, de penser, mais pas là, pas aujourd'hui, suis trop nauséeuse pour ça. Justement le jour où j'avais décidé, parce que je respecte les rites, c'est facile, d'aller visiter ma ville, un peu, c'est le jour, juste les endroits où je ne vais pas d'habitude - et puis à Saint-Pierre, que je connais c'est vrai, il y avait des chasubles, et, c'est de famille, j'aime ça, les brocards, les broderies, les passementeries

Bon, je ne l'ai pas fait. J'ai juste mangé, dormi, essayé de lire, balayé la cour, et de toute façon le ciel au dessus était gris (et il avait plu le matin, ce pourquoi, cramponnée, je m'étais lavé les cheveux à défaut de flâner dans les rues et c'est à ce moment que mes jambes ont tremblé) et mon pied de vigne qui ne saura jamais donner du raisin, se pare, saison ou maladie - mais je veux croire saison - de belles couleurs.

Alors je recopie ce que j'avais écrit pour un atelier de Liminaire, encore, parce que c'était en pensant à cette photo, à ce mur qui en fait partie, du patrimoine de la ville.

Un atelier, à partir d'extraits d'un texte de Jaccottet (pour l'énoncé et ces très beaux fragments : http://www.liminaire.fr/spip.php?article721, )

(et j'y découvre ce matin de beau vers de Pierre Ménard sur le même thème, juste sous mes mots)

Brisant le rêve, l'inconscience de mon pas, ce fut le mur familier qui borne les degrés montant à Saint Agricol. Juste un sourire, un éclair qui me venait, un allègement, sentiment brusque et furtif, qui m'a freinée, dans le besoin de savoir d'où il me venait. Une envie de revivre sa survenue légère. J'ai traversé la rue, posé mon sac, je l'ai regardé. L'air était léger, lumineux avec douceur, entre le mur et moi. Après ces jours grisâtres la lumière était vive mais tendre, comme une caresse encore légèrement humide, sur les pierres, leur appareil soigné et régulier, leur ancienneté qui animait cette régularité de joints plus ou moins creusés, d'éraflures, de parements dégradés. Le mur qui ces derniers jours s'oubliait, s'effaçait dans l'inconsistance de la pluie, qui, cet hiver, les jours où le ciel était d'un bleu froid, métallique, venteux, devenait blanc, fouillé de blessures exhibées, revivait ce matin en douce patine légèrement ocrée. Dans les plus larges fentes des bouquets de feuilles s'étaient épanouis, qui ressortaient en taches sombres irrégulièrement semées, sans que j'en prenne conscience jusque là. Et elles frémissaient légèrement dans un soupçon de brise, petite aubade dédiée au printemps espéré, proche, où mes yeux puisaient un timide espoir, sans objet, juste, une fois encore, une envie de vivre. Au bout d'un moment, pas trop long pour que mon immobilité ne soit pas intrigante, j'ai levé la tête, mon regard a glissé le long de la dentelle du portail, au dessus, jusqu'au ciel, à un nuage. Et j'ai pu repartir, souriant à ce bleu vivant - risquer de perdre cette allégresse dans la suite du jour.

9 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Il faut lire et relire ce texte publié sur Liminaire. J'ai cru comprendre qu'en filigrane, les quatre saisons y sont évoquées.

Lautreje a dit…

complicité et tendresse avec celui ou celle couché là

Manée a dit…

Bonjour !

Je viens à pas feutrés, comme un chat, vous dire que c'est Gréco, la grande Gréco qui chante "je hais les dimanches".
Moi, je ne hais pas ce dimanche ... car il m'a permis de vous lire !

Bonne journée.

Manée

micheline a dit…

Nos jambes finissent par nous trahir mais elles sont gentilles les pierres et vous contredisent rarement

Brigetoun a dit…

sauf si on tombe dessus

Anonyme a dit…

Du coup, j'aimerais être de pierre pour qu'on me parle ainsi ...

Gérard Méry a dit…

Ton pied de vigne serait stérile ?

Brigetoun a dit…

ouin.. toutes les plantes en pot dans ma cour ou presque deviennent stériles.

andree wizem a dit…

j'ai découvert "liminaires" par poezibao qui propose le lien verse "le semenoir" qui y fait référence régulièrement...
et je retrouve fréquemment ce lien ici...
les entrées dans l'écriture y sont trés intéressantes et j'en donne le lien à des amis qui participent à différents ateliers...
personnellement j'y vois des pistes vers des auteurs que je méconnais mais je n'ai pas la rapidité de lecture adaptée à toutes ces propositions...
j'ai lu quelque part que pierre ménard est venu animer un cycle à l'école régionale des beaux arts de valence l'an dernier ce me semble...
dans ce lieu bientôt il y aura un cycle de conférences intitulé "un nouveau message" qui s'annoncent passionnantes à l'initiative des apprentis philosophes
http://www.apprentisphilosophes.fr/programmes.php?classement=T