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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, octobre 27, 2010


Recyclages

Amis, bien mal puis mener
ma vie selon la raison
ma voie de trous est minée

Ma vie selon la raison,
y ai renoncé vraiment,
j'y chemine sans façon.

Y ai renoncé vraiment,
et point ne résiste au sort.
J'en fait mon bien gentement.

Oui, point ne résiste au sort,
le courbe pour m'y couler
bien je m'en trouve dès lors,

Courbe sort pour m'y couler

ébauche, mise en train, abandonnée, pour le prochain vase communicant
Je suis bien mais fiu, me laisse vivre, cultive mon embonpoint naissant, et vide mes fichiers, comme aussi avec ce paragraphe d'un convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/

Ils étaient arrivés un matin au bureau, cinquantenaires, moyennement larges, neutres. Ils avaient demandé à me voir, «à propos de Madame Benoit» et j'avais hésité un peu sur le nom. Une de ces locataires sans histoire, une ligne sur des stencils, une silhouette croisée un jour en faisant visiter un appartement, souvenir vague d'une grandeur décharnée, impression d'un sourire fugitif. Ils venaient déposer les clés, notre tante est morte, vous ne saviez pas ? (et j'ai pensé que la concierge aurait, en effet, pu me prévenir) nous avons pu venir pour deux jours, nous ne pouvons rester, les affaires vous comprenez, elle avait beaucoup de choses, mais nous n'en avons pas l'utilité, nous comprenons que ce n'est pas facile mais nous n'avons pas le temps de nous en occuper. Et comme je leur répondais qu'ils devraient se mettre en rapport avec un commissaire priseur, non, il n'y a rien de valeur, des objets, juste,quelques uns, des souvenirs, que nous avons pris, et elle d'une voix haute, une voix de chanteuse des années 40, je pensais que vous pourriez prendre rendez-vous avec Emmaüs. Après discussion j'avais accepté de m'en charger, pas Emmaüs bien sûr, ils ne se seraient pas dérangés d'après le mari, rien d'intéressant, mais une entreprise de débarras, et oui le dépôt de garantie, et si cela ne suffisait pas il me donnait leur adresse. Et je me retrouvais là, attendant le bonhomme qui devait établir un devis, la gardienne partie, un peu vexée peut-être que je n'ai pas besoin d'elle, que je ne veuille pas lui faire perdre son temps. Et je n'osais bouger. L'horreur de pénétrer par effraction dans cette vie, ce qu'il en restait, l'obligation de regarder cependant, d'évaluer, la gêne. L'envie d'aimer cette femme dont je ne savais rien, dont je sentais la présence, l'envie d'être en colère.

Ah et puis, ce sur quoi je me suis endormie aux premières heures de mardi
«Les larmes de la jeune fille, venue de Kitayama étaient, bien sûr, des larmes de joie. Qu'elles cessent et son visage rayonnait.
Chieko, de son côté, était si bouleversée que ses jambes, fermement plantées sur le sol, se mirent à trembler. Elle ne pouvait pour l'instant rien y faire. Sa seule force semblait lui venir de la saine beauté de cette jeune fille. Rien de comparable à la joie spontanée de cette dernière. Comme si la détresse coulait ses teintes au fond de ses yeux.» - Kawabata «Kyôto»

P.S. Et puis, si vous avez temps, et je vous le souhaite, http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article498 un texte d'Arnaud Maïsetti, un texte de Christian Corouge, un extrait d'entretien et, à la fin (tout en bas du billet) ce film dont j'avais entendu parler, que je n'avais jamais vu, beau et important « avec le sang des autres »

6 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Je vous fais un aveu : j'aime ces alternances entre réalité et fiction, entre lecture et écriture. Il nous appartient de lire en filigrane la pensée réelle de l'auteure. Et je suis un peu triste pour cette femme qui est destinée aux cendres et pour ses objets qui ne seront que poussières dans les souvenirs de ceux qui n'ont pas le temps... Les affaires... disent-ils.

Lautreje a dit…

je viens de lire dans Libé, après les café philo, les cafés littéraires, voici les cafés mortels pour parler de tout et de rien autour de la mort.

Bertrand a dit…

" l'envie d'être en colère".
ça, c'est, avec trois mots tout simples, aller vraiment au fond des choses, Brigitte..

Gérard Méry a dit…

remake des "temps modernes" "la chaîne" rien a changé et oui tout le monde s'en fout .

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

"ton embonpoint naissant"...laisse moi rire !!!
Tes deux premières photos sont sublimes !!!

andree wizem a dit…

"l'envie d'être en colère" mais la colère policée bien souvent car colère pourrait être violence et donc colère repliée qui marque les traits des visages harassés dans le film...