Pour les vases communicants de décembre, je pensais ne pas participer, d'abord parce que j'étais dans une crise de dénigrement aigüe, et puis parce que je crains de ne pas avoir le temps d'en faire la recension cette fois (et tends à penser que ce pourrait être mon seul rôle). Et puis, toute fière, j'ai été contactée par un auteur de nouvelles (entre autres fonctions), amateur de style correct.
Je ne suis guère douée pour les histoires, (ou attirée par) mais une idée m'est venue dimanche matin, et, bien trop vite, selon ma mauvaise habitude, un texte. C'est ce que c'est. Demain je détesterai. J'espère que j'arriverai à polir la chose, à y revenir, à repartir à zéro (des jours devant moi) le cas échéant. Ce que je voulais et n'ai pas su faire en novembre, habituée que j'étais, malgré mes réserves (désordonné, rapiécé à partir de deux bidules, gentillet etc...) à cela, que je reprends paresseusement ici :
divagation
Intimidée j'étais, écrire ou dire je voulais ou devais, j'ai joué à pioche-mots - j'ai tiré : "hasard", et d'abord n'en ai pas voulu, parce que j'ai pensé aux jeux et à mon goût pour la défaite, et puis :
à la courte paille j'aurais voulu tirer ma vie, à la courte paille ne l'ai pas osé, pas totalement, et cela n'a rien changé,
au gré mon coeur, me suis absorbée dans des yeux, au gré mon coeur me suis bercée de voix, au gré mon coeur j'ai regardé des mains, et désiré, au gré mon coeur je me suis trompée,
au petit bonheur la chance, m'en suis allée dans une ville, au petit bonheur la chance j'ai voulu me perdre, et menée par mes jambes, guidée par mes yeux, j'y suis entrée, l'ai connue aussi bien qu'il m'était donné, y ai vécu comme le pouvais, et j'ai lu ce que je devais y voir, ensuite.
Me suis arrêtée là. J'ai eu peur d'essayer de penser.
J'ai cherché autres mots : "constitution", l'ai mis de côté - "framboise", j'ai fait la moue - "sérendipité", j'ai souri, hésité, pensé que ça suffisait - "danse", j'ai pensé que j'avais eu tant envie de danser, souvent, en regardant, et puis me suis souvenue :
dans la nuit, dans le noir, j'ai pensé qu'on ne me voyait pas, dans la nuit, dans la foule j'étais noyée, dans la nuit, dans la musique, je n'étais plus vieille, je n'étais plus petit bout de décor, dans la nuit, dans la joie, j'oubliais la réserve que devais aux autres, dans la nuit, dans un coin, j'ai fait un pas, j'ai senti la musique et j'ai dansé comme le fais quand je suis seule et que le corps le veut, et puis me suis perdue, j'ai dansé la solitude, j'ai trébuché la faiblesse et en ai fait un pas, j'ai dansé le sang en moi, j'ai dansé les basses de l'orchestre, j'ai dansé le bonheur vif, j'ai dansé le désespoir, j'ai dansé son habitude, j'ai dansé la vie, j'ai dansé l'amour, tous les amours, j'ai dansé la joie, et sa fugacité délicieuse, j'ai dansé rien, juste dansé, dans la joie des muscles, dans le plaisir du rien.
J'ai vu qu'un trou s'était ouvert, j'ai vu un jeune couple qui m'applaudissait gentiment, discrètement, j'ai vu le regard d'une contemporaine, j'ai dansé ma marche pour sortir de la terrasse, j'ai dansé la mer sur la terre battue et la jetée, et elle a chanté pour moi.
J'ai lu, fait la moue, una vez màs, me suis résignée à me contenter de cela.
11 commentaires:
Magique.
dans le vide
ahh comme j'aime ta danse !
je n'oublierai pas "j'ai dansé le sang en moi" je t'embrasse !
una vez mas, me encantaban estas palabras
A mí tambien me gusta (no sabía que hablabas espingouin carita).
beau texte, Brigitte.
eh bien chantez maintenant !
Danser entre chien et loup, dans sa tête (beau texte).
Tu as pris la mauvaise habitude d'écrire ? et la bonne de l'humour !!
Un premier jet qui est réussi. Imaginez si vous vous étiez arrêtée en cours de route. Qu'aurions-nous fait sans lecture? ;-)
Dans les rues d'Avignon, dernièrement, ai pensé à vous.
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