Avec un dernier virage, la route a attaqué la plaine ; devant nos yeux elle s'est élancée, presque droite, entre des vignes, quelques friches, des boqueteaux. Nous avancions, nous étions las, plus las encore de mesurer cette étendue. Après un bosquet, nous avons longé des serres, et puis, au loin, il y a eu, perpendiculaire à la route, une rangée d'arbres qui halaient nos pas, qui montaient lentement, émergeaient, se dessinaient, s'individualisaient avec notre avancée. C'était une longue allée, entre deux ébauches de pauvres prairies. Nous nous sommes arrêtés. Nous nous sommes regardés. Pierre s'est engagé entre les arbres, nous avons suivi. La terre était poussiéreuse, ravinée, et je suivais la base des hauts troncs lisses sur un petit ourlet herbu. Au fond, il y avait une tache jaune pale, une façade qui s'est précisée peu à peu, une bastide de belle ordonnance, aux ouvertures régulières, leur taille déclinant, d'étages en étages, en une musique classique et terrienne. Nous avancions et elle grandissait, toutes fenêtres et porte ouvertes, comme pour nous accueillir, et parfaitement lisse et morte, si ce n'est la danse des ombres projetées par les feuillages légers des derniers arbres. Nous sommes arrivés sur le terre plein qui la séparait de l'allée, comme pour une ébauche malingre de cérémonie. Nous avons toussé, appelé. La maison est restée muette. Pierre, encore lui, est entré, un peu voûté en signe de respectueuse demande. Il s'est redressé. Nous l'avons suivi. Nous avons attendu, et puis, peu à peu, nous nous sommes répandus, de pièce en pièce, d'étage en étage. Les murs étaient clairs, avec quelques gypseries au rez-de-chaussée, les carrelages sans poussière. Des volumes vides se succédant, sans trace de meuble, sans le moindre objet. Derrière il y avait deux petits bâtiments bas, un tracteur, quelques machines, mais pas d'outil. Dans la cuisine, le robinet de l'évier nous a donné de l'eau. Nous nous sommes assis sur les tomettes de la pièce principale. Nous avons attendu la nuit, la maison nous acceptait avec une indifférence polie, légèrement bienveillante. J'ai voulu le croire en m'endormant.
Teinturier et marché, dans un froid redouté et finalement délicieusement modéré, ce qui m'emplissait de pitié pour les genses du nord, et puis flemme, cinq lignes pour le convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/ - et recyclage, ci-dessus, d'un bon gros paragraphe d'un précédent convoi, à partir d'une oeuvre de Robert Seguin photographiée en passant devant la galerie Ducastel.
10 commentaires:
La toile prend plus de couleur et de profondeur avec tes mots, elle devient maison-mère.
Paragraphe superbe comme ta photo !
bel agrandissement d'une superbe photo
bienveillante
légèrement
on le sent bien
Ecriture alerte
prologue accrochant
attendant la suite
sauf intempéries
Du tout bon, les arbres qui halent les pas, non ? Oui.
Je le lirais bien, ce roman dont tu nous taquines avec le début.
Bel entendement du texte et de la rencontre du tableau
Avignon coupé du monde ????? neige en abondance dit le poste???
attention aux glissades intempestives !!!! salut des 4 côtes fracturées tj en douleurs
j'ai ouvert ma fenêtre ahurie - bon j'espère que le poste continuera à se tromper parce que de neige point pour le moment. Pas l'ombre d'un flocon
Fausse info!!!!! ???? le monde est perturbé!! des indiscrétions commises??Ah!! WIKILEAKS a sévit
çà devait être froid assis sur les tomettes
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