Il se tenait fier, sans raideur. Il se concentrait sur son but. Il sentait en lui ce besoin irrésistible de faire émerger, de donner forme, et belle, pas de façon éclatante, mais belle parce qu'au plus près du sens, et mené naturellement – ce qui était peut-être le plus dur -, de faire exister ce qui le hantait, qui s'était construit et exigeait d'être exprimé, et exprimé par lui. Il en ignorait ce qui l'entourait, qui faisait effort pour le protéger, ces barrages, de bric et de broc mais solides, érigés par ses proches pour préserver sa solitude au milieu du monde. Sans arrogance, simplement il ne s'en apercevait pas. Il ne le voulait pas, juste un peu conscient que cela existait, mais que se l'avouer serait en être irrité, détourné, gêné.
Un paragraphe issu d'un convoi http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/ pour avoir illusion d'être capable d'autre chose que d'hébétude un peu douloureuse, ce jeudi matin, et puis, en pagaille ou plutôt sans autre ordre que celui de la découverte, et des bifurcations ou sauts que cela entraîne, des phrases issues de mes lectures sporadiques pendant que j'essayais de me décider, et renonçais, à aller faire un marché (j'engraisse de toute façon et avais l'indispensable pour tenter de nourrir, assimiler etc... faire mon devoir envers carcasse)
« je préfère écrire - avant tout pour moi même - directement dans une langue étrangère. c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour assumer le fait d'écrire. » Jean-Marc Undriener
http://entrenoir.blogspot.com/2011/01/ecrire-pour-soi-dans-une-langue.html
« Effacements du temps mais de ses bords seulement à sa jointure avec le monde nos vies à nous ces lieux étranges où nous nous martelons… » Daniel Bourrion http://www.face-terres.fr/2011/01/27/effacement/
« ta surcharge pondérale
ton étrangeté visible
ton sexe faible
ta petite vertu
trop de gras trop de cul
trop de périphrases » Murièle Modély http://l-oeil-bande.blogspot.com/2011/01/credit-photo-dolarz-tu-es-noire-tu-es.html#loeilbande
« un peu de caviar
pour les idées
du rouge
et de la fumée » Guillaume Siaudeau http://lameduseetlerenard.blogspot.com/2011/01/du-caviar-pour-les-idees.html
« Décrire la fuite à défaut d'autre chose, décrire le mouvement et sa tendresse, la sentir sans savoir la montrer aux autres, même à renfort de mèches de rondeur et d'inclinaison douce, rester muet à la périphérie, repousser, repoussé. Ne plus chercher à en dire davantage, pas plus que savoir dire un paysage, l'hiver, le matin. » Christine Jeanney http://tentatives.eklablog.fr/visage-a2677049
« Il ne faut pas moins de tout l'univers pour qu'un rayon de soleil vienne faire briller tout le miel de tes yeux. » Frédéric Rauss http://tresors-infimes.blogspot.com/2011/01/il-ne-faut-pas-moins-de-tout-lunivers.html?utm_medium=twitter&utm_source=twitterfeed
« le soir la tour de Nesles est prise par la pluie, le flash, le reflet de la chambre, son tableau au mur »
Anne Savelli http://fenetresopenspace.blogspot.com/2011/01/fenetre-de-la-rochelle.html (me demande ce qu'Èric Pessan pourra dire dans sa chambre d'hôtel en quittant notre ville)
« Grand vent. Il a bu presque toute l’eau du ruisseau qui ne transportera bientôt plus que sa sécheresse bien aimée, le ruisseau est un oued, grand vent, il déploie le ciel, bleu à mourir, et rapproche de nous la mer que la montagne, entre elle et nous, interdit. Un coup d’aile soutenu par le vent, un coup d’aile par-dessus la montagne, et la mer nous est rendue. » Marilyn Desbiolles via Florence Trocmé http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/01/anthologie-permanente-marilyne-desbiolles.html
« L’océan s’est éloigné en images, les marais aussi. Les images n’ont ni odeur ni rumeur. Je ne sais plus trop ce que je désigne par «La France».
La métonymie n’a plus la saveur exquise de la mémoire. Il me faut une autre figure de style. » Bertrand Redonnet http://lexildesmots.hautetfort.com/archive/2011/01/27/metonymie-natale.html et tant d'autres choses, mais j'en reste là
En fin d'après midi, je suis partie, clopin clopant, sourire décidé et carcasse bridée, vers la place des trois pilats et le théâtre de l'Isle 80
pour écouter une lecture de « moi, je suis quand même passé » d'Éric Pessan, http://www.babelio.com/livres/Pessan-Moi-je-suis-quand-meme-passe/227587
- devant une assemblée chaleureuse (pas uniquement pour lui) dont son éditrice Caroline Gérard -
cette épopée, en twitts, avec livre (qu'il faut bien entendu lire à l'envers, en commençant pas la fin, le plus ancien, ordre que je suis en recopiant pour votre confort, ô lecteur éventuel !)
« saisit sans ménagement une phrase, s'étonne de ce qu'elle soit dure et résistante. C'est pourtant bien lui qui l'a formée. »
« se demande s'il ne manque pas d'un peu de confiance »
« plonge la phrase dans l'eau ; elle ne se délite pas. En empoigne une seconde et se trouve muni de rames. Peut diriger son embarcation. »
et l'entendre dit, ce texte que j'avais aimé, était une autre découverte
puis Éric nous a lu un (très beau) texte écrit en réaction/complément de « interdiction absolue de toucher aux filles même tombées au sol » de Claude Favre -
texte que j'aimerais pouvoir relire,
avant que nous partagions gâteaux et boissons. Un accueil, des échanges avant et après qui m'ont mis le coeur en joie.
M'en suis revenue dans la nuit fraiche, ai jeté un coup d'oeil sur l'atelier d'écriture de François Bon à la BUA, et ma foi j'ai risqué, trop vite, pas tout à fait selon les indications je le crains, mais parce que « musique » sans parler rigoureusement de la musique ça m'avait provoqué, une participation, puis j'ai lu avec admiration, souvent, les autres http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2417#forum5241
11 commentaires:
Le parti pris des mots.
c'est vraiment dommage de lire de si beaux textes en tenue si négligée, si décontractée, tout cela manque de forme et de classe !
joie de l'échange et du partage. Merci pour l'ordre.
"interdiction absolue de toucher aux filles même tombées au sol" donne envie, je vais chercher.
Merci Brigitte !
Première photo, SaintPolRoux :
- "Les arbres échangent des oiseaux comme des paroles"...
celui-ci
si dépouillé
cloué au pilori
le plus précieux:
"le coeur en joie"
Hier dans vos murs .....Aie!! les pavés jolis.....
tiens on en a parlé - une avignonnaise plus récente que moi et je me suis entendue avec étonnement les défendre avec feu
Je suis partie clopin-clopant ..tu fumes en marchant ?
Tout me semblait réuni pour nourrir le corps et l'esprit : lecture littéraire et canapés. Ou gâteaux. Une autre journée - parcours, devrais-je écrire - bien utilisée.
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