Dans la molle douceur grise, mercredi matin, en refus de réveil, en petit dégoût de notre monde, en moral noiseux, suis allée, avant la quête de patates, déposer dans le container du rempart une brassée de Monde diplomatique, la Provence, et réclames diverses.
La lumière était morte et les pigeons rangés sur les échelons de l'escalier de géant de la tour, prenaient une allure de corbeaux de fin de bataille. Et ma maladresse gourde a brouillé les photos, les arrimant dans cette zone entre réel et imaginaire.
J'ai senti le frais attaquer mes joues, me donner un soupçon de naissance de vague, ai décidé de me borner au petit Casino.
En chemin me suis réchauffée les yeux chez la fleuriste, et me suis enfoncée dans une forêt de végétation revenant en gloire, charme, sentimentalité, étrangeté. Un monde de contes fondu dans la ville.
Comme je refusais décidément de toutes mes forces, avec plus ou moins de réussite, notre réalité, j'en ai profité pour repasser les chandails qui attendaient en écoutant du Mozart avec flûte (quatuor et concerti) et reprendre paresseusement le bidule que, dans un trou de mardi après-midi, j'avais pondu, me décidant, dans un moment de réaction à ma dérive en neutre, à un soupçon d'effort, ou plutôt au symbole d'un soupçon d'effort, en réponse à la première proposition d'écriture de « comment écrire au quotidien » de Pierre Ménard http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503656/comment-écrire-au-quotidien :
« Dresser l’inventaire de tout ce qui ne nous nous appartient pas et que nous nous sommes cependant appropriés (faits historiques, références culturelles, slogans publicitaires, savoirs et techniques, etc...). Chaque proposition doit tenir en une phrase relativement courte dont la terminaison sonore constitue le début de la phrase suivante. »
d'après un passage de « souvenirs de ma vie collective » de Michelle Grangaud, que j'ai trouvé en cliquant et me trouvant propulsée vers http://www.liminaire.fr/spip.php?article638.
J'ai installé ma petite chose, qui souffrait d'être trop ou pas assez en Absurdie, et lu, après, heureusement parce que cela m'aurait freinée, malheureusement parce que cela m'aurait freinée, les participations auprès desquelles semblait un rien déplacé cela :
Les grandes compagnies ont battu les remparts
Par ma cornette a dit Soeur Marie-Lucie vous exagérez
Gérer votre peine, faire votre deuil avec notre aide
Et de un coup, et de deux, et de trois !
- Trois beaux canards s'en vont nageant -
Gens de sacs et de cordes, passez votre chemin, nous avons bâti murs...
Murmures sont sur le mur murant.
Rangez-vous sous mon panache !
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Tienne et mienne, la terre est belle.
Bel-Ami au programme du théâtre.
10 commentaires:
« Un monde de contes fondu dans la ville. »
je retiens !
Ah les contraintes, yaquessaadevrai.
Obéir et se conformer : là est la liberté.
je me range sous ton panache ! même si les pigeons font mine d'être des corbeaux !!
Bel exercice
Sissi impératrice a dit.
Des pigeons qui ne semblent pas guéris de leurs voyages...
Se requinquer en s'exposant à la brise fraîche du matin et en déposant aux rebuts des Mondes diplomatiques est, vous en conviendrez, peu habituel :-) Je blague bien évidemment. «Par ma cornette a dit Soeur Marie-Lucie vous exagérez».
Ton texte, une belle accroche à déclamer dans les rues début juillet. Et la coupure "trois beaux canards s'en vont nageant",vivant !
De l'esthétique Columbidae !
amusant cet excercice de "boucle phonique"
toi, tu n'as ps besoin de conseils pour écrire au quotidien, tu écris dans ta tête continuellement je suis sûre (moi aussi)
as-tu été chez les soeurs ou est-ce pour l'exercice (rires) ?
tes mots rebondissent sur le mur murant
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