Ciel bleu, carcasse presque gente, et 39 kgs reconquis – avec ma logique personnelle ne suis pas sortie, sauf dans ma cour, un peu, pour saluer le soleil qui atteint enfin mon visage, contre le mur, vers midi.
Ai taillé ma ration du jour dans ce qui restait du bloc de morue (à renouveler).
Ai regardé une photo restante de mercredi, retrouvé la ville, le bleu incandescent, la lumière et les ombres sur cet ensemble de bâtisses un peu moches, de restes avalés des chapelles anciennes, de destructions pour chantier, une vue que je veux garder avant que soit reconstruit, sur la rue Joseph Vernet, un immeuble dont j'ignore tout, et craint beaucoup, – état légèrement anarchique, et la pierre patinée, légèrement dorée, se détachant sans brutalité, en une acceptation tranquille, sur les enduits plus ou moins sales, les gravats, la géométrie, les tuiles, la lumière.
Suis restée dans un bouquet de plaisirs que m'avaient donné des billets, aux heures profondes, avant que je m'endorme, aux petites heures, entre deux réveils, pendant que je tentais de concilier sans faire de saleté, clavier et toast débordants de miel.
Un florilège, que vous devrez imaginer, qui me tenait à coeur, mais que, tant pis, j'envoie à la corbeille, parce que, je n'y pensais plus, mais on était jeudi, et jeudi c'est l'atelier nocturne de la BUA, et j'ai été longue, comme le laissait entendre François Bon, et plus encore, et trop rapide, comme toujours, mais sans cela je n'aurais pas osé mettre une participation, en commentaire sur http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2481#forum5544, (vous conseille de lire François Bon et les contributions qui vont venir), seulement, comme, après avoir lu Laure Morali, qui a été encore plus rapide, je trouve mon truc un peu faiblard, mais que à tort ou à raison je l'aime bien je le reprends tout de suite ici, avant de réfléchir
.. je suis certaine que c'est comme ça, je n'étais pas là je t'assure, je ne guettais pas, pas comme les autres, parce que tu es sûr qu'ils ont vu et qu'il l'ont entendue quand elle a ri, quand elle est sortie de sous l'arbre, elle s'est retournée un peu pour t'attendre, et puis elle est montée vers la lumière de la terrasse, parce que toi, dans ce sacré bosquet, plus noir que la nuit, tu es immobile, tu ne respires pas, tu ne veux pas être là, que l'on sache que tu es là, tu avais pensé que c'était l'endroit pour lui parler, comme ça sans se voir, libérés, et oser, pas grand chose, qu'est ce que tu as dit, rien, ou presque, et bredouillé certainement, et il n'était pas temps encore des gestes, de te forcer à des gestes, comme ils t'en avaient mis au défit, tu t'en souviens – cette odeur, pourtant, ça sent bon cet arbre, qu'est ce que c'est, pourquoi elle n'a pas senti, elle aurait dû, un peu troublée, même elle si intouchable, si « adulte », ça y est tu l'as dit, tu ne voulais pas, mais c'est ça, peut-être, surement, qui les excitait et qui t'as plu – mais tu ne pensais pas aux autres qui attendaient à ce moment là, quand tu parlais, vite, parce que tu avais peur, et parce que tu voulais qu'elle sache, qu'elle te voit – tu ricanes un peu, te voir, dans cette nuit, mais tu sais bien que justement tu y comptais sur cette nuit pour qu'elle te voit – et tu te demandes s'ils t'attendent, et ce qu'elle a dit... tu espères que rien, qu'elle est rentrée comme ça, comme si elle venait de nulle part, ou que ça ne comptait pas, ou qu'elle ne tenait pas à en parler, et elle a souri à cet homme, et dit quelque chose, comme une phrase raccrochée à une conversation qu'ils auraient pu avoir, et s'il a posé une question tout de même, elle a répondu « rien, une sottise... » en souriant, et « j'ai soif, vous voulez bien ? » - et toi, devant le bosquet, parce que tu es sorti, et tu regardes la terrasse, la véranda, les lumières – et il y a une fille assise sur la margelle de pierre, une qui s'ennuie sans doute, qu'on n'invite pas – toi c'est comme si tu l'avais entendue, et tu sens que tu trembles, un peu, de rage ou de honte, tu ne sais pas, et tu voudrais être à côté d'elle et dire quelque chose de drôle, et qu'elle aime ça, et que ses yeux brillent, mais bien sûr là ce n'est pas le moment, ce ne sera d'ailleurs jamais le moment, et puis tu n'es pas drôle, enfin pas comme il faudrait avec elle.... tu dessines dans la terre avec ton pied des signes que tu ne vois pas, et la musique n'est que coups de basse, et comme tu ne le supportes plus, tu tournes le dos à la maison, à cette bande de... tu n'es pas content d'avoir pensé cette bande de, c'est sot, c'est d'un gamin vexé, tu n'es pas un gamin vexé... alors tu descends lentement entre les buissons devinés, parce que maintenant tu vois les différences de noirs, et le chemin en pente très douce, et au bout il y a la plage, et la mer, et tu commences à l'entendre, ou tu le crois, mais en fait c'est encore un peu de leur musique et puis les branches, tu continues à avancer, la lune est sortie de derrière ce qui te la masquait, et la terre est un peu argentée – tu te calmes, tu l'entends maintenant la mer – tu dévales le petit talus, tu fais rouler des pierres, tu souris, tu t'assieds sur le sable, un peu avant l'humide, tu tiens tes jambes contre toi, tu te demandes comment retrouver les autres demain, et puis cela t'ennuie, tu regardes la mer, très noire et frémissante, les rochers de chaque côté qui la ferment comme une coquille ouverte sur le large, la raie frissonnante que dessines la lune, tu es triste, et calme, ça sent le bois pourri, tu es merveilleusement triste, tu t'allonges, tu t'endors en pensant que tu diras que tu avais trop bu - j'étais dans un état, je ne sais plus - même si ce n'est pas vrai, puisque..
14 commentaires:
39 kgs, la photo une, j'ai cru que tu prenais de la brioche
Craindre beaucoup, peut-être.
Ignorer tout, non.
Le projet immobilier "Carré Vernet" du Crédit Agricole concerne l'ancien jeu de paume XVIIe des Mignard (rue Bouquerie) ainsi que la chapelle ND-du-Refuge plus récente.
Voir le projet chez :
- Cabinet fiscal Urios
- FB Patrimoine
- Euro Group Invest Patrimoine
Michel, je ne veux pas savoir - de toute façon je pleure la longue façade qui était là - je sais elle n'avais rien mais elle me plaisait, et que ce soit du faux ancien ou du neutre NON - ou alors un truc très contemporain et sans complexe
C'était l'ancien orphelinat.
Les vieilles pierres, les façades défraichies, les airs d'antan sont dépassent - et sont dépassées par - les architectes. Les pierres de taille de main ouvragées sont remplacées par des pierres industrielles. Il ne faut pas freiner le progrès, dit-on. À propos, votre décision de publier votre « truc un peu faiblard » était la bonne. Faiblard, disiez-vous?
"Avignon" précise "FB immobilier", mince alors...
"FB Patrimoine", en fait.
Merveilleusement triste .....
Si bien dit
on jette on reconstruit on se souvient c'était si bien???
ton histoire d'arbre m'a fait remonter des souvenirs de Nouvelle Calédonie, de mon enfance...le niaouli...
Une verdeur retrouvée, le pied vaillant par les rues allant. Un peu faiblard, tes mots ? Et moi qui dût reprendre mon souffle pour te suivre... Quel rythme !
Cette dernière ligne où tu changes de la deuxième à la première personne (tu diras que tu avais trop bu - j'étais dans un état, je ne sais plus - ou le narrateur se trahit, quoi, et il ne peut pas continuer à se cacher - c'est superbe.
Bienveillante rêverie éveillée, bienfaisante balade. C'est un peu d'air pur, doux, chantant...
?
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