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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, mars 09, 2011

Lundi matin, pendant que séchaient mes cheveux, j'ai écouté, enregistré à part, faute d'iPad, le chapitre : « Army » d' « En Guerre » de Jean-Michel Espitallier http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504394, dont j'ai noté, un peu comme pouvais, et comme cela s'imposait à moi, quelques bribes, à travers le brouillage des reprises, chevauchements, bruits de la bande son, avec le frein de la lenteur de ma frappe, et des moments de sidération, ou au contraire de distraction vers mon environnement :

« ennui mortel ou accélération... marché où flânent d'éventuels kamikases... et plier bagage sans avoir pratiquement tiré un seul coup de feu... treillis en toile légère, aérée.... console de jeux... et avons récupéré trois hommes encore en vie qui se tortillaient de douleur... qui paralyse tout le corps... l'ennemi est nulle part, il est partout... la règle numéro deux ne faire confiance à personne... cette sauvagerie.. comme une purge... sang noir qui fait de grandes taches sur le sable... les nerfs sont chauffés à blanc... nous avons découvert une très jeune fille terrorisée... se mêle à la peur panique de tuer... il s'est fait tatouer un grand dragon chinois qui veut dire que la douleur... nous remontions une longue file... on ne se fait jamais à ce genre de choses... nous sommes restés là six ou sept heures sous un soleil de plomb... manifestement il n'y avait personne etc... « et puis le traitement des prisonniers bien sûr.

Et j'ai lu les textes, assez différents comme formes, très construits, qui composent « en guerre », édité une première fois en 2004 (ce qui explique que la guerre dont on parle, sauf quelques retours moyenâgeux, ou à la seconde officiellement mondiale, soit celle que nous refusions en Irak, celle qui pour un occidental était alors La Guerre), quand le texte littéraire, très, redonne importance, rend sensible, en redisant ce que l'on a trouvé autre part, ce que l'on sait, ce que l'on pense.

« ….Léo Michel racontant la prise de Monte-Cassino avec les Goums, la guerre des Malouines à la télévision et la fin du Sheffield frappé par un Exocet en une de Libération, les plaques bleues des Forces françaises en Allemagne, le fil de fer barbelé, Refus d’obéissance, Sarajevo et le retour du mot snipers, le Vietnam (napalm, Rauschenberg, défoliants), avoir été le contemporain de Franco, ..... »

et j'ai fermé le fichier pour aller vaquer, et puis ne l'ai pas re-ouvert, parce que je suivais le live du monde.fr sur la Libye, que ma rêvasserie filait vers les guerres que j'ai connues de loin, un peu plus impliquée peut-être que d'autres, et sans commune mesure avec des enfants pris physiquement dans la guerre - j'ai revu les quatre petits corps agenouillés tous les soirs, et la ferveur avec laquelle j'oubliais que j'avais décidé de ne plus avoir foi, et lançais des appels, avec les mots dictés et communs au groupe, pour ceux qui se trouvaient sur un fil en Indochine (et les jeunes veuves et la famille au dessus de nous, avec l'officier venant annoncer et se trompant de porte, alors que les pères étaient ensemble).

Et, de là, les conversations que j'aurais voulu avoir, de plus en plus (l'aimant et ne le pensant pas étranger à l'amour de la paix et à mon malaise devant la présence-domination dans des pays dont nous aimions les habitants), avec cet homme qui parlait peu de cela, parce que la guerre ne doit pas contaminer la vie des femmes, des enfants, les saveurs, qui était mon respect, paralysant toute appréciation puisque je ne pouvais en parler avec lui, sur ce qu'il avait connu : les rezzous, la guerre de 14, et une guerre plus tard la défense de ponts en France avec troupe composite, tout craquant autour, Royan, l'Algérie, la préparation du débarquement, Ceylan et les projets pour l'Indochine, l'Indochine en responsabilité haute, et puis... quand il suivait les autres guerres multiples à travers les plus jeunes, ne parlait de la guerre que rarement et à des chercheurs - ce groupement pour la paix dont il a fait partie, je crois, jusqu'à en découvrir l'affiliation - le retrait, la méditation, les mémoires, pour lui, comme un compte rendu, avec ce style détaché des gens de sa tenue et de sa génération, dont je ne connais que des bribes, bribes dans lesquelles j'ai passé une partie de l'après-midi.

«.. le contact est pris à Vierzon... À signaler le conducteur sénégalais d'un avant-train de 25, qui se présente au débouché du pont sur la rivière en même temps que les premiers motocyclistes allemands. Ne perdant pas son sang-froid, il engage le combat, en met deux hors de combat, les autres en fuite, puis, libérant son cheval de ses harnais, il le pousse vers la rivière, dans laquelle il précipite son avant-train. Après avoir traversé, sous le feu ennemi, la rivière, puis le canal, il se présente à un officier..... » et partout des soldats sans unité et parfois sans arme, des colonnes de réfugiés, des femmes, des enfants et pas de lait....

J'ai repris, mardi matin, les derniers textes de Jean-Michel Espitallier.

Il y a une liste d'armements, les justifications possibles (l'axe du bien, c'est à dire l'axe du mal, la prise de Sadam ou Sadman,)

« L’axe du mal fait le mal où se trouve le bien. Nous sommes l’axe du bien en lutte contre le mal. L’axe du mal fait le mal au bien qui lutte contre le mal. Nous sommes les forces du bien pour le bien des forces du bien qui luttent afin de rétablir le bien de l’axe du mal. »

une liste des rois assez savoureuse, et toujours pour plaider sa cause, et extrapoler vers tous les conflits armés :

« – Nous avons amassé des arbalétriers, des condottieri, des dragons, des commandos, nous avons amassé des centurions, des pandours, nous avons amassé des carlistes, des voltigeurs, des bérets verts, des archers, nous avons amassé des skinheads, des apaches, des marsouins, nous pouvons compter sur les armagnacs, sur les forces spéciales, sur les cipayes, sur les evzones,» et la liste est infinie, variée, s'étire, et s'achève par:

« Des menaces ?–

Non, juste une mesure de précaution. »

et bien entendu les stupides et ignobles traitements subis pas les prisonniers.

Et puis, tout en suivant l'actualité, j'ai repris ce splendide texte « Abatoir 26 » de Raymond Bozier http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503489/abattoir-26 et http://brigetoun.blogspot.com/2010/08/paix-repos-ny-rien-guetter-sommes.html

« je suis la tempête du désert, le nuage et l’orage

foudre et plomb, je vous saute à la gorge »

N'avais plus le temps pour « Une guerre, détruire – les soldats » de Dominique Dussidour

http://www.publie.net/fr/ebook/9782814501423/une-guerre-détruire-–-les-soldats et http://brigetoun.blogspot.com/2009/01/revenue-dans-mon-antre-oreilles.html

« Celui qui inflige la douleur l’inflige au nom du bien. Celui qui tue tue au nom du bien. Le bien a des millions de visages – et il a les actes du mal. »

parce qu'il me fallait accrocher mes cadres ce qui n'était pas une petite affaire avec ma maladresse, et aller me mettre en joie en écoutant à l'opéra le quatuor Modigliani, jeunes hommes en noir, nous jouant sur leurs beaux instruments (Guadagnini 1780, Gagliano 1734, Mariani 1690, Goffriller 1706), Haydn, Beethoven et Mendehlssohn, un beau moment, dont je parlerai peut être mercredi, dans le billet de jeudi – faut suivre. Ai été trop bavarde, et suis trop dolente (ce qui ne m'a pas empêché d'écouter) pour le moment.

12 commentaires:

joye a dit…

Ta vie est plein et riche d'expériences vécues ou lues, mais toujours superbement décrites. Merci de les partager avec nous, brige.

Anonyme a dit…

chance d'avoir pour tante Brigetoun !

D. Hasselmann a dit…

Je repense au choc de la lecture de "Tombeau pour 500 000 soldats".

Brigetoun a dit…

Kouki je m'interroge sur ce qui évoque une "tante" Brigetoun, le suis et beaucoup (pense pas que ce soit vu comme une chance, je suis hors jeu) je ne le savais pas encore

Anonyme a dit…

j'ai une tante que j'aime beaucoup, franche et pleines d'histoires ... tu as les bouquins en plus.

micheline a dit…

Le bien le mal,en vieillissant on voit de plus en plus trouble !

Lautreje a dit…

de tout temps, toujours et encore maintenant : la guerre ! et je m'interroge toujours : ce sont les femmes qui font les hommes ! quelle est la responsabilité des femmes quand elles éduquent un enfant ?

arlette a dit…

"Quand une révolution devient une guerre " cette phrase lue est effrayante

JEA a dit…

A propos de Monte-Cassino, je termine la lecture des Mémoires de Churchill. Pas un mot, pas un mot sur les troupes (coloniales) françaises...
Les conflits avec de Gaulle ont laissé des traces.

jeandler a dit…

Et dire qu'il y a certains esprits qui affirment sans sourciller que depuis 45 nous vivons en paix !
Nous vivons au contraire une nouvelle Guerre de Cent Ans et mondiale, cette fois.
La musique n'adoucit nullement les moeurs.

Pierre R. Chantelois a dit…

Une phrase terrible : « Celui qui inflige la douleur l’inflige au nom du bien. Celui qui tue tue au nom du bien. Le bien a des millions de visages – et il a les actes du mal ». En ces temps agités, elle devrait être brandie tel un étendard.

Gérard Méry a dit…

La révolution est partie delà,Zine El Abidine Ben Ali au chevet de Mohamed BouaziziTout a commencé à Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie. Mohamed Bouazizi, jeune diplômé au chômage, devient vendeur de fruits ambulant pour survivre. Mais le 17 décembre 2010, (jour de mon anniversaire) les autorités lui confisquent son stock. Lorsque Mohamed tente de protester, il est frappé et humilié par la police. Pour lui, c’en est trop : il s’immole par le feu devant le gouvernant de Sidi Bouzid. Il mourra le 4 janvier 2011, à l’hôpital,...la suite on la connait...