Ores donc, puisque ce mercredi suis pas trop flambante, un peu bancale pour aller vérifier la couleur du ciel (bleu semble-t-il dit le mouchoir qui surplombe la cour) et flottante pour aligner trois idées, et pas trop consciente pour lire, je racle ce que j'arrive à lire des notes écrites dans le noir de la salle hier soir (m'aidaient à tenir en attention, quand je ne tordais pas mes mains pour faire fuir béatitude ensommeillée, sont décousues, me semblaient fausses trois minutes après et sont passablement illisibles quand ne se chevauchent pas).
Quatuor à la belle renommée naissante, ou plus que, croissante. Jeunesse des silhouettes, du visage très légèrement joufflu sans être gras du violoncelliste, la jolie grimace, bouche pincée par l'attention, du premier mouvement. Et bien sûr le jeu des regards entre eux. Et les corps penchés sur les instruments, se redressant, comme une petite houle.
(sur la photo ci-dessous, trouvée sur leur site mercredi : Laurent Martaing, alto – Philippe Bernhard, premier violon – la fragilité de Loïc Rio, second violon et François Kieffer, violoncelle)
Le quatuor n°4 en si bémol majeur de Haydn (qui remplaçait le Debussy prévu à l'origine)
Attaque emportée de l'allegro con spirito et romance qui rebondit. Clarté. Crescendo. Des paliers. Nouvel élan. Et ce moment où le violoncelle, après un passage dans l'aigu, semble rappeler à l'ordre, en quelques accords graves, la fougue des autres.
Le début lent, velouté, grave, solennel de l'adagio, et la dentelle de notes claires qui vient et court dessus.
L'entrée gaillarde du Menuetto, à la saveur populaire – les dialogues, notes tenues, modulations.
Et Brigetoun continue à baigner dans le plaisir.
Le lied chaloupé (oui un peu) de l'allegro ma non troppo – La volubilité extrême et gracieuse de la fin.
Suivait le long et beau quatuor n°1 en fa majeur de Beethoven
l'allegro con brio et l'alternance du thème énergique et du chant allègre – ruptures et reprises, place donnée au violoncelle et à l'alto, développements.
L'entrée lente, comme précautionneuse, dans l'adagio affetuoso ed appassionato, le chant lyrique du premier violon – unisson à mi ton (je ne sais comment l'on dit) – la phrase lente qui courre d'un instrument à l'autre – la méditation – l'élégie – les nuances, l'émotion
Le scherzo dansant, frémissant, la montée en trilles, les staccatos, la danse
Le long allegro molto, : franc, danse populaire, reprise. L'écho entre premier violon et l'alto. Richesse et complexité claire. Brigetoun tendue dans écoute et dans lutte contre un bâillement de bien-être prolongé vers l'assoupissement.
Après l'entracte classiquement longuet,
Quatuor à cordes en fa mineur opus 80 de Mendelssohn
Tragique, ample, beau, alternant frénésie et chant dans lequel les beaux instruments qu'ils jouent ont possibilité de sons inouïs, sur un velouté lumineux.
Canons dans le grave. Cris. Petits éclairs de lumière
Et le formidable 4ème mouvement haché, dissonant, avec des douceurs, des cris, de l'agitation.
Sur leur site, j'ai trouvé, mercredi, des vidéos de ce quatuor opus 80, re-écoutées en fin de journée http://www.modiglianiquartet.com/videos_fr.html
P.S. Cela que j'ai noté, avant de m'endormir mardi soir, qui n'était qu'une partie du désarroi dans lequel suis devant ce que nous devenons
Entendu Guéant à l'assemblée cette nuit dire que la France souhaitait assimiler et non simplement intégrer les futurs français, s'assurer qu'ils adhèrent à nos valeurs et notre culture. Je suis bien ennuyée parce que valeurs et culture de qui, s'il faut que ce soient celles du président je ne remplis certainement pas les conditions. Suis je légitime ? Et s'il part le redeviendrai-je ?
Moyennant quoi ils (qui, comment ?) vont établir une charte de l'assimilation.
13 commentaires:
Leur méthode Assimil ?
chanceuse vous êtes d'avoir entendu de tels mouvements !
chanceux nous sommes - je - que de lire votre regard/oreille après ces instants
qu'une envie : l'écouter à mon tour.
p.s. : no pasaran ?
Alors...bonbons pour les yeux autant que pour les oreilles ? C'est pas de refus !!!
;-)
Un privilège autrefois que d'assister au lever du roi et en musique...
Ici, à votre bain de plaisir !
désarroi, c'est le mot !
les agitateurs s'agitent eux-mêmes...
"Béatitude ensommeillée "Quel bonheur de se laisser ainsi emporter tout en gardant l'esprit vigilant .. et "légitime"
Ah oui, intégrer à quelles valeurs ?
Je ne vous le donne pas en mille.
Mais plutôt à six mille.
S'agirait-il d'un... nivellement ?
je ne sais pas, mais à première vue je ne les prendrais pas, les gens au pouvoir, comme arbitres de ma morale et de ma culture
et peut-être y aura-t-il d'autres sons de cloches dans le pays et dans le monde qu'à cette assemblée de prêcheurs en eaux troubles
un peu débraillé le quatuor ..si bémol voit çà !!!!
J'ai lu, relu et relu. Quel est le nom de de quatuor? Brigetoun a tant plané dans les béatitudes que le nom de ce beau quatuor semble devenu accessoire. J'ai trouvé par le lien : le quatuor Modigliani. Merveilleuse Brigetoune ;-)
Casse-toi pau'con chanté en grégorien : cadeau du locataire de l'Elysée. Tu nous consoles, nous adoucis, en nous emmenant dans de telles promenades culturelles. Merci. Bises.
L'Elysée, dans la mythologie grecque, est une région des Enfers.
Heureusement qu'avec toi et la musique nous sommes plus près du Paradis que des Enfers !
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