Un ciel avec une promesse de bleu, un air picotant mais assez doux pour tolérer quelques pas pour saluer les plantes, pieds nus et en chemise, tasse de café en main, des grammes revenus, une petite pomme de terre au fond d'un panier trop solitaire et tout de même un peu pitchoun, un début de lassitude au moment de dessaler de la morue, trois semaines de papiers et cartons à évacuer, m'en suis allée, âme quasi joyeuse et pas quasi ferme.
Ai dit au-revoir au bleu fugitif au dessus des remparts, suis partie sous une opale lumineuse avec mon couffin.
J'ai rencontré des arbres à divers stades de leur bourgeonnement, et des feuillages résistants,
des choux d'ornement et des pensées dans les bacs, et de la végétation éternelle par fausseté,
Les halles étaient presque à moi seule, ai eu temps de plaisanter, refaire le monde,
et repartir très vite malgré cela avec asperges, poires, les premières tomates annonçant leur époque, gros filet de lieu, pageot, petite pointe de thon, rouget, bintjes, petites bretonnes, petit chèvre frais de la Drôme, un livre presque au hasard
Je n'ai rien oublié ? petits cigares, Canard enchaîné, Libération « des écrivains »
Ai rangé plus harmonieusement ou raisonnablement le contenu du couffin, remonté une botte qui s'endormait, et, en me redressant, admiré la vitrine d'une boutique si chic qu'elle dédaigne de montrer autre chose que son sigle et un journal négligemment jeté pour révéler un publi-reportage
Ai nargué l'escalier, j'étais assez fraiche et peu chargée pour le vaincre presque aisément.
Voilà, voilà (si, lu plein de belles ou intéressantes, ou belles et intéressantes choses sur internet, tissées avec le live du monde.fr sur le japon et un peu d'el-watan).
Passionnant, n'est-il pas ?
Et puis, la nuit tombée, ai lu la proposition de François Bon pour l'atelier nocturne de la BUA, ai été impressionnée (je vous souhaite le temps de suivre les liens), me suis dit non, ai vu «commencez par le sombre, le secret, le souterrain », ai trouvé trois mots et suis partie, beaucoup trop vite, ai été incapable de revenir dessus http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2472#forum5482 et ça a donné
Trou dans les tripes
vide central, ne vous recroquevillez pas
dans le trou, reprenez forces, tendresse, ne restez pas
douleur où elles étaient, attendez
douleur aux tripes, bercez la de musique
douleur aux tripes, rêvez
corps vidé, se passer de tripes
corps guenille, regardez autour
oublier trou, regarder les autres
deviner les trous des autres
corps faible, aimez les faiblesses
trou dans les tripes
qu'elles gueulent, prenez y colère
gardez la colère
cuisez la colère pour la préciser
expulsez la colère
dédiez la colère
vidés de colère, prenez la pour joindre les vraies
unissez vous aux colères
pensez la colère, aiguisez la
ne la gaspillez pas
essayez
11 commentaires:
Je vous fais un aveu : j'adore ces chroniques sur la simplicité de vivre... et vos petits cigares qui me rappellent une belle époque. Je fumais de gros billots churchilliens ;-)
Trou dans les tripes à la mode de quand...
;-)
j'avais crainte de montrer ma violence - c'est cool
Ta colère est une énergie de vie !
et ton couffin miam miam !
merci pour le joli marché virtuel
du réconfort entre les trous
Comment être vivant sans être en colère ?
De ma terre gelée, livrée au vent du Nord-Ouest (ici on dit le «noroît»), je suis Carcasse vibrante, tous sens et esprit en éveil, qui me lie à la Vie. Merci d'être, tout simplement.
J'ai eu quelques craintes pour Libé - puisque vous mentionnez Libération, et le numéro de jeudi dans lequel Eric Chevillard cite François Bon - avec l'arrivée de Nicolas Demorand, mais il sait écrire, et il est plus agréable à lire qu'à entendre !
Belle promenade.
je lis assez rarement finalement Libération, de plus en plus rarement, et de toute façon Laurent Joffrin ou Demorand je ne sais quel est celui qui me déplaît le plus.
Il reste des articles intéressants, et puis là je le prenais pour certains noms et j'ai bien aimé plusieurs des points de vue
pas la peine de lancer des tomates sur Youri ! ! !
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