commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, avril 03, 2011


Samedi matin, pendant qu'une fine équipe qui avait investi une rame du RER C, sous la houlette de François Bon, http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2471, accueillie par des petits gâteaux, écrivaient sur ce qui filait (ou s'encadrait lors des arrêts) par les fenêtres, et que certains d'entre nous commentaient sur twitter les photos mises en ligne, je suis sortie pour quelques courses dans mon quartier, à l'heure où on s'affairait pour préparer les terrasses.

Le ciel était blanc au dessus de moi, mais avec de grandes nappes de bleu qui s'ouvraient sous les nuages glissants, mes mollets avaient frais, l'air était en douceur naissante,

et les alignements de façades, rue de la grande Fustrerie et rue du Limas, jouaient entre ombres et lumière dorée.

Jeudi soir, c'était atelier à la BUA, http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2487 à partir de « la Toussaint » de Bergounioux. J'étais en piteux état. J'ai pris « un peu de bleu dans le paysage », l'ai feuilleté rapidement, gagnée par mal-être, ai lu avec un plaisir toujours renaissant une demie page et me suis endormie benoîtement.
Au réveil, une heure après, me suis lancée sur un souvenir fantasmé (pour ceux qui reconnaîtrait l'endroit, cela, très transformé, se serait passé il y a cinquante ans ou un peu plus, et même les lieux privilégiés ont beaucoup évolué depuis lors) – mais lisez donc d'abord le texte de François Bon et (tant pis pour moi) les spécialement belles contributions.
et Pierre a raison. Je précise, ce qui est sorti de cette tentative c'est :

Quand les voitures arrivaient à l'embranchement du chemin qui conduisait à l'anse argentée, quand nous nous arrêtions devant Tonio ou l'autre gars de la ferme de garde ce jour là, mais c'était généralement Tonio - et nous le voyons se pencher un peu et sourire en découvrant notre mère et nous les trois filles, dans l'une ou l'autre des voitures - au moment de payer les quelques francs plus ou moins symboliques que les T. s'étaient résignés à demander à chaque véhicule, depuis que l'existence de cet endroit s'était répandue, pour que les visiteurs, devenus officiels, ne saccagent plus les vignes entre la petite route et la rangée de pin arrondie pour embrasser la plage, nous lui demandions qui était au château, et de prévenir que nous irions les saluer, vers cinq ou si heures, si cela leur convenait, certaines qu'il ne manquerait pas de signaler notre présence.

Et en effet, il y avait toujours ce moment où nous devions laisser les autres corps allongés dans le sable, remettre nos robes, refaire nos chignons ou nous recoiffer, reprendre la voiture cahotant sur les ornières de la petite route, à cette époque où l'endroit avait gardé encore un peu de sa sauvagerie, jusqu'à la grande terrasse dorée par le soleil de la fin d'après-midi, avec le mur couvert d'un glorieux bougainvillier qui cachait la ferme, la grande masse carrée du château, parfaite, entre ses quatre tours, et l'esplanade sur laquelle nous ressortions, pendant que les adultes continuaient à parler, après révérence, sourires, tasse de thé et plaisanterie gentiment galantes de Yo, l'ancêtre, et nous traversions la terrasse, irrésistiblement attirées, et restions là, avec sa petite fille, regardant l'allée qui descendait entre les buissons de mimosas jusqu'à la grande plage privée, le bleu de la mer, les îles au large, la courbe de la côte jusqu'au fort sur notre gauche, et à droite la petite pointe de rochers dans les pins derrière laquelle se creusait l'anse argentée, et je pensais que je ne verrai jamais un endroit aussi simplement beau.

Mais avant, il y avait eu la plage, encore assez peu fréquentée pour que les groupes s'égaillent en liberté, la pente très douce pour entrer dans l'eau, marcher interminablement, en voyant la surface frissonnante monter très lentement le long de nos jambes, et je voyais mes pieds avancer dans un vert pâle très doux, les cris et les rires, les moments où je pouvais m'écarter et n'avoir plus conscience que du ciel et de la mer dans laquelle je flottais plus que je ne nageais, qui se recueillait entre les deux pointes, comme une coquille, et puis s'ouvrait au delà, dans le soleil.

9 commentaires:

joye a dit…

Le fond de l'air est frais ce soir, n'est-ce pas ?

Pierre R. Chantelois a dit…

J'ai compris sur le tard, après une deuxième lecture, que ces trois derniers paragraphes portaient votre signature. Et déjà petite fille il y avait une ancêtre dans votre entourage. ;-) Yo est-elle une énigme?

Brigetoun a dit…

toutes ou presque les petites filles ont des vieillards (ou vus comme tels) dans leur entourage. Yo ou quel que soit son nom était le seigneur des lieux, l'ancêtre de la famille qui habitait et travaillait là

JEA a dit…

Merci au destin quand dans nos paysages intérieurs, se dressent des ancêtres comme des cèdres...

D. Hasselmann a dit…

Terrasses, oui, donc c'est bien ce que je disais : un peu partout ! Le RER a-t-il été saluer à Versailles Aillagon, le gardien du château ?

Anonyme a dit…

partie sur les terrasses la mer dans l'air

Brigetoun a dit…

les terrasse ici ont déjà un peu plus d'un mois (mais il arrive qu'elles soient entourées de manteaux).
Le château auquel songeais a mal (de l'avis de mes souvenirs) vieilli et je le découvre sert maintenant à des noces et banquets (friqués)

Gérard Méry a dit…

Tu as raison je ne vois pas ici de pâquerettes aux pétales violacés !!

arlette a dit…

Vues aériennes avec un petit air de connaissance quant au texte ..... il me semble aussi un souvenir presque ... avoir ressenti un parfum d'enfance
Le ciel brouillé de bleu où peut s'inscrire des imaginaires