Très paresseuse ces jours ci, je me trouvais ce matin, vaguement bringuebalante mais pas tellement, idiotement craintive seulement, à la tête de quinze jours de blanchissage et nettoyage à charrier en un « énorme » sac qui me battait les chevilles et courbait les épaules, et en manque de tout légume ou fruit (pour le reste pouvais me débrouiller avec réserves)
Suis partie dans nos rues, caramel fondant en bouche, et dans la joie d'une lumière glorieuse. Me suis confiée à elle et aux petites vierges et, avec deux pauses sur des bords de jardinières, ai fait petit circuit et suis revenue avec patates, légumes, un pantalon et deux paires de drap propres.
Et puis ai laissé couler journée, avec quelques tâches et lectures paresseuses. Quelques plaisirs de lecture aussi sur le web, et vais me faire pilleuse, pour en reprendre une petite partie, notée dans la matinée.
(de fins nuages s'en allaient flottant, et la lumière frisait les façades)
comme, sur twitter, les interventions de Francis Royo
« J'ai organisé un " bed and breakfast " pour un pigeon (doublement) bagué et visiblement exténué. En partant, il a réglé en liquide. »
ou Laurence Skivee
« “Esquivons les ecchymoses des esquimaux aux mots exquis” Marcel Duchamp »
et dans un autre genre de Pierre Haski
« Croisé du beau monde à France info: Ali Coulibaly, l'ambas. de Côte d'Ivoire, avec gardes du corps, et Benoit Hamon, avec ses certitudes. »
(et la géométrie, le jeu des formes de l'Oratoire se carrait de plaisir et s'affirmait)
Isabelle Butterlin en déplacement obligé et quelques uns de ses twitts,
« I'm faudrait un smiley-avec-les-yeux-ébahis-et-rêveurs, ça existe, ça ?
pour le sac au dos, c'est bon, et euh... comment déjà ? Ah oui: haut les cœurs, euh... j'essaie ... .)
Oh mon Dieu ... Les femmes trop parfumées en première ... Comment font les hommes pour supporter ça ?
Fissures du quai raccommodées. Hommes d'affaires rasés de frais. Femmes seules aux talons hauts. Quelque part quelqu'un pleure.
Tunnel. Rétrécissement. Univers rétréci. Reflets. Mes mains. Dupliquées.
Avancée inodore du printemps derrière une vitre de TGV
Découpe colorée des champs / vert / jaune / brun. Et des bouquets d'arbres en fleurs »
etc...
Les nuages dans le ciel sont beaux à consoler de tout »
(yeux et soleil glissant sur la pierre et les petits ressauts)
le journal du rat (indispensable) de Christine Jeanney, pour ce mardi http://tentatives.eklablog.fr/05-04-2011-a3352433
« jour _ souriez, vous êtes filmé, dansez, vous êtes repéré, chantez, vous êtes entendu, virevoltez, vous êtes fredastaire et les plafonds vous indiffèrent, nous, les rats, sommes accrochés aux lustres à vous sourire
nuit _ yeux ouverts, niché sur un lampadaire, ai assisté à un spectacle époustouflant, roulis et inflexions souples, les chauves-souris nageaient dans l'air, des bancs de poissons nocturnes en apnée, n'ai pas dormi »
(La lumière embrassait les pierres, fardait leur flétrissure et saleté, jouait des ombres)
un bref billet de La Grange http://www.la-grange.net/2011/04/04/femme
« De l'autre côté de la voie, il y a une jeune femme avec des chaussettes jaunes. Je ne sais pas son nom, sa voix, son rire, son regard. Je n'ai plus le souvenir de l'instant, juste une photo rapidement prise avant que le passage à niveau se lève.
Nous croisons tant d'histoires inachevées. »
(les branches des platanes de la place de l'horloge comme des joyaux baroques détachés sur l'iris du ciel)
le dernier numéro du Prince d'Hervé Jeanney http://rvjeanney.wordpress.com/2011/04/05/le-prince-21/
« Luciano n’ose lorgner vers le portefeuille lequel est dans un blouson à la mode col de faux mouton avec frisotis lequel est pendu au perroquet lequel est seul mutiquement dans le hall, doit-on dire vestibule entrée couloir dans cette villa, et que je me pavane sur le Forum romain, et que je serre la pince des chefs d’Etat à Munich, »
(mes chères voisines et leur épiderme vivant)
« La pensée plus que jamais peut et doit s’appuyer sur l’écriture, fut-elle strictement pour soi, dans la mesure où il lui est de plus en plus difficile de se déployer hors de tout support, perturbée qu’elle est en permanence par le discontinu fondamental de l’existence contemporaine. » sur l'indispensable Flottoir http://poezibao.typepad.com/flotoir/2011/04/penser.html de Florence Trocmé
et le poète du jour sur Poezibao de la même K.Zwide http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/04/anthologie-permanente-k-zwide.html
« J'ai taillé une cuiller dans une racine de rosier
et, même sans épine, sa forme était étrange,
conforme à la nature zigzagante
du voyage du rosier dans la terre. »
(même la lamentation des moignons de l'hôtel d'Europe amorce un sourire)
Pas du jour, mais récent et relu avec jubilation, la suite du feuilleton des cravates (recherche d'emploi) de Guillaume Vissac http://www.fuirestunepulsion.net/spip.php?article959
« Je lui serre la main, il me serre la main et il me lance son nom, toutes les syllabes du mien sont sur le CV imprimé qu’il mastique à la main. J’aurais aimé avoir commencé par la phrase : laissez-moi anticiper toutes vos questions et répondre d’avance »
11 commentaires:
se confier à la lumière et aux petites vierges ... quel programme !
Oh! Frémissement de mon pigeon! Remerciements de plumes.
Toi, tu as eu l'énergie d'utiliser le mot "bringuebalant", c'est pas rien.
Il faut parfois saluer les petites vierges qui veillent sur les rues qu'on leur confie... elles sont des porte-bonheur. Il me semble que votre journée plein soleil a été jubilatoire, comme le montrent très justement les extraits que vous nous proposez à lire.
j'ai ri sur le pigeon puis je me suis souvenue, mes déplacements en première, dès l'aube les mélanges écœurants des parfums.
Mon œil attiré comme à chaque fois par une photographie comme une énigme, mais cette fois j'ai reconnu...une niche, comme un appel, à trop les avoir regardées, photographiées, souvent, je ne vois plus qu'elles. Pourtant, il y a aussi le ciel, tu as raison, le regarder, souvent console de tout.
Les Avignonnais sont coquins :
ils font des niches !
Nous croisons tant d'histoires inachevées. »
tant de beautés cachées
tant de mots magiciens perdus dans le silence
Photo 6 (?),
Brel :
- "Les fenêtres musardent
Quand elles sont mansardes
Et abritent les hardes
D’un poète oublié..."
délicieusement bringuebalante au goût de caramel !!!
Bonsoir Brigitte
Je devrais passer plus régulièrement te lire et te découvrir, c'est un plaisir de lire ta manière de conter ou raconter ta journée et tes pensées. J'apprécie ton style. Merci
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