commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, avril 05, 2011

Un camaïeu bleu un rien bricolé, et des sourires. Des olives variées, des minis saucissons pimentés et des souvenirs. Du Gigondas. Des sorties de table pour ramener un livre ou une photo. Un petit cadeau oublié. Des rires. Des mots. Des coudes sur la table, sans avachissement. Des phrases. Etait-il bien utile de mettre fin à ces petits bonheurs, ces raboutages en retrouvailles, en amenant d'autres nourritures ? Nous avons fini par nous y résoudre, sans grande envie, et finalement ne l'avons pas regretté, cela a nourri la conversation.

27 mars

Quand elle n'en pouvait plus d'essayer de faire de la cuisine sur sa petite plaque électrique illégale, dans leur chambre, Jeanne s'arrêtait, sur la place devant le fleuve, à quelques rues de là, devant la vitrine d'un installateur de cuisine, sobrement et richement sophistiqué, à l'unisson du quartier ; elle s'émerveillait devant les grands plans de travail, la façon dont ils semblaient être également trucs à cuire, s'interrogeait sur l'utilité de certains appareils, se réfugiait dans des petits paniers et poteries si délicieusement rustique. Jean la surprit un jour. Il la regarda, un rien navré. Il posa sa main sur son épaule. Elle se retourna et avec un petit sourire : « il faudrait d'abord que j'apprenne à cuisiner » - « ma foi oui, mais tu n'en aurais pas besoin, il y aurait une précieuse personne pour cela – moi ce que je préfère c'est le reste du reflet, les arbres et l'eau. » - « nous aurions une maison dans les bois, toute ouverte, et ferions la cuisine avec les oiseaux ». Il lui prit la main. Ils partirent. « Ce serait formidable s'il pleuvait ou neigeait ta cuisine aux oiseaux. »

29 mars

Par manque de goût pour les discussions molles et sans fin de lente digestion, ou par évitement prudent des possibles désaccords, parce que cela avait été autrefois traditionnel, j'ai investi la cuisine de ma soeur, en apprenant que la machine à laver était hors d'usage. J'ai caressé de l'oeil les piles d'assiettes, le plat regroupant les couverts, les rangées de verre qui avaient été soigneusement disposés par la bande d'ados, sur le bel espace de la grande table. Me suis préparée à une longue méditation impunie, avec en fond, la compagnie agréable des voix aimées, sans que les mots risquent de me troubler. Mais suis restée béante, un moment, devant les deux grands éviers d'une céramique étrange, si blancs, si purs, si modernes qu'on osait à peine envisager de les utiliser. J'ai étudié les robinets, ai testé avec une appréhension timide leur fonctionnement, et puis rassurée me suis mise à l'ouvrage, en demandant à ma vieille pierre d'excuser cette trahison provisoire.

31 mars

Je ne sais si c'est parce que j'ai toujours eu problèmes et joies avec la nourriture, si c'est parce que je veux remplir les creux, tendre les rides molles et reprendre force, mais ne le veux pas vraiment (en outre ai du mal à y arriver et ces efforts inutiles amènent douleurs), mais j'ai adopté ces temps ci le repas et tout ce qui s'y rapporte comme thème pour les paragraphes du convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.bogspot.com

Les trois petits textes ci-dessus en viennent, comme

le 22 mars http://brigetoun.blogspot.com/2011/03/idees-enfuies-dans-leau-en-me-lavant.html

le 28 mars http://brigetoun.blogspot.com/2011/03/je-ne-sais-si-cest-mon-humeur-ou-celle.html

le 30 mars http://brigetoun.blogspot.com/2011/03/nous-etions-un-peu-fatigues-pas-bout-de.html

12 commentaires:

crederae a dit…

magnifique chère Brigitte, les photos et les textes,oui la nourriture nourrit la conversation c'est vrai ah oui la conversation goute mieux pendant qu'on mange.Tout c'est mieux quand il se mele avec le primitive peut être.

a plus tard chère Brigitte, je vais au frigo. haha.
belle journée magique.

crederae a dit…

a ta santé Brigitte, je te verse une tasse de thé...bien sucrée..
bises
à la prochaine conversation
{tout dans mon coeur}
Je me relaxe ici c'est un salon extraordinaire...

JEA a dit…

Ici les Ardennes, pom pom pom pom, ici les Ardennes... Voici nos messages du mardi : les Champs-Elysées sont partis pour Avignon... nous répétons : les Champs-Elysées sont partis pour Avignon...

Brigetoun a dit…

et Avignon s'interroge sur le sens du message

Lautreje a dit…

ah la cuisine ! elle tapisse notre enfance à jamais !
"moi ce que je préfère c'est le reste du reflet, les arbres et l'eau", un délice que je garde en bouche

Anonyme a dit…

un verre de Gigondas siouplé !

micheline a dit…

pour parodier Molière:
"je vis de bonne soupe et puis de beau langage"

JEA a dit…

@ brigetoun

sens nord-sud
aux bons soins de la Poste et de ses cochers

Brigetoun a dit…

oh pardon ! mal réveillée - et puis... bon, merci

joye a dit…

Merci à toi pour toujours nous mettre en appétit.

Pierre R. Chantelois a dit…

Belle sensualité des objets et délice des mets. Une harmonie pour faire d'un repas une conversation réussie. Et quel beau rappel :

un chaud froid de poularde, une purée de bintjes émulsée en couronne autour de filets de morue pochée, si délicieusement populaire, une salade de feuilles très blanches d'endive, de dés de fenouil à la vapeur et de lamelles de truffes blanches, une roue de Brie et des sorbets de poire et de citron avec de grosses meringues brillantes

Gérard Méry a dit…

Voila une nouvelle, la dame d'Avignon fait bombance !!!