Pour illustrer les maisons de terreur (billet sur http://brigetoun.wordpress.com ) à propos de Lovecraft j'ai hésité un instant devant elle mais :
les fenêtres et leur courage bleu-vert,
la crainte d'attirer épouvante sur elle (superstitieuse, primitive, me veux),
une petite tendresse,
l'ai gardée ici, et j'imagine une société d'amis qui se répondent d'étage en étage et de pot de fleur en pot de fleur
Alors il y avait ça – et en cherchant bien, s'il n'y a pas eu, en ces murs, créatures monstrueuses, par contre luttes d'influence, petits complots ordinaires, machinations et colères explosives ou souriantes, y trouvèrent sans doute asile –
mais c'était faire injure à la beauté de ces rinceaux que de les assimiler aux copies néo-gothiques même les plus charmantes, alors restera vouée la porte au souvenir des frocs, soutanes, camails, pages en cote partie, et servantes aux multiples jupes, au présent des pantalons, shorts, robes fraiches et appareils photo, et me suis contentée de grimaces.
Comme ce jour les objets semblaient me déclarer la guerre, j'ai laissé passer les heures et puis m'en suis allée écouter les malheurs d'Antiochus, ce cher prince :
«Il ne me reviendra que le nouveau tourment
D'apprendre par ses pleurs à quel point elle l'aime :
Je la verrai gémir ; je la plaindrai moi-même.
Pour fruit de tant d'amour, j'aurai le triste emploi
De recueillir des pleurs qui ne sont pas pour moi. »
et de ceux qui s'agitent autour de lui, c'est à dire Titus et la chère Bérénice, celle de Racine, montée par la Comédie Française, dans une mise en scène de Muriel Mayette.
Brusque envie de classicisme qui m'en venue jeudi.
et c'était un bel et bon Antiochus, Jean-Baptiste Malastre, dont la voix caressait le vers, le donnait dans son rythme, sans perdre le sens, et qu'importe qu'il soit assez chenu pour un jeune prince, comme l'était le Titus d'Aurélien Recoing aussi fermement bon en chef d'état que véhément en amant déchiré.
Un peu injuste que l'âge, de la silhouette, et même de la voix, dont la caresse prend un côté chevrotant, rende, par contre, difficile pour Martine Chevallier d'être crédible en Bérénice, ou souligne (impression personnelle) ce que le rôle à d'égoïsme, d'avidité, de faiblesse revendicatrice, malgré l'émotion qui devrait être là, dans les intonations, émotion qui ne se trouve vraiment que dans le renoncement final.
Un beau décor, simple (petit souvenir de mes pas sous la colonnade de la Comédie) d'Yves Bernard, les actes s'enchaînant par un petit passage crépusculaire et l'ouverture d'une ou plusieurs zones de la toile-beige/murs entre les colonnes sur des panneaux-bleu-profond/espace.
Et le vers de Racine, parfaitement dit, était là.
(belles photos du programme, mal rephotographiées)
9 commentaires:
Belle soirée, Bérénice m'émeut toujours... et le plaisir de t'y avoir croisé !
douceur après la terreur !
Depuis Suétone, les malheurs de Bénérice n'ont eu de cesse d'être scrutés et d'être exposés au public à travers les âges. Un retour aux Belles Lettres qui s'est traduit - me semble-t-il - par beaucoup d'émotions.
Les fenêtres bleues de la rue... Jacob ?
oui Monsieur (je suis allée vérifier, le nom semblait plausible d'après l'emplacement mais je ne le connaissais pas)
1ère photo : une version plus ancienne de l'immeuble de mon Oncle... Manquent seulement la fillette de la concierge et un canari.
Cela doit être drôlement dur de jouer en noir et blanc ! ;-)
En piteux état la façade de la première photo
Suis entrée dans cette maison, comme beaucoup elle surprend par son amplitude à l'intérieur.
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