Sortie en rue du hibou gelé - petit pull écharpe autour du cou - tailleur une vague envie de gants, - conscience de l'absence de pluie – le temps de mettre jambes en marche – cou et épaules qui se relâchent – et brusquement au bout de la rue – sentir lumière et pureté bleue
la souplesse s'installe – le crâne se déride – mais sur les joues la fraîcheur – salut joyeux au soleil – petit espoir de chaleur – timide pas maintenant – on s'en souvient reviendra
sur la place de l'horloge, groupes souriants attentifs, des touristes de mon âge,
et ignorant leurs regards, l'éternel couple, heureux d'être baigné dans la gloire de l'azur étincelant
Molière, oublieux de la lanterne menaçante, souriait, balançait son pied, l'offrait à la douceur,
la peau usée des murs ronronnait de quiétude tendre
et les toits dardaient flèches étincelantes en offrande.
Pas encore dénouée complètement, éternuant, toussant, raclant gorge, mais revivante, ai nettoyé la cour qui séchait, vaqué un peu, lu un peu, pour trouver nouveau frissons, fort légers mais délicieux d'effroi, « la peur », recueil de nouvelles de Maupassant http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503991/la-peur,
pour le plaisir de la langue, du style, des descriptions, pour l'esprit, pour cette façon de nous faire ressentir les sensations des personnages, comme toujours ou presque chez lui.
Les premières nouvelles :
« apparition » désinvolture, campagne, une demeure inhabitée, un service, une rencontre,
« Oh ! personne ne peut comprendre, à moins de les avoir ressenties, ces épouvantables et stupides terreurs. L’âme se fond ; on ne sent plus son coeur ; le corps entier devient mou comme une éponge, on dirait que tout l’intérieur de nous s’écroule. »
« sur l'eau » la barque, la brume, « Je me sentais la volonté bien ferme de ne point avoir peur, mais il y avait en moi autre chose que ma volonté, et cette autre chose avait peur. », la plus parfaite sans doute, ou du moins pour moi
et, plaisirs et peurs renouvelés, différents : « la nuit (cauchemar) » - « un tic » - « auprès d'un mort » ce récit fait par un quasi-mourant : « Alors mon compagnon, ayant pris l’autre bougie, se pencha. Puis il me toucha le bras sans dire un mot. Je suivis son regard, et j’aperçus à terre, sous le fauteuil à côté du lit, tout blanc sur le sombre tapis, ouvert comme pour mordre, le râtelier de Schopenhauer. » - « un fou » - « la peur (1) »
« La peur (et les hommes les plus hardis peuvent avoir peur), c’est quelque chose d’effroyable, une sensation atroce, comme une décomposition de l’âme, un spasme affreux de la pensée et du coeur, dont le souvenir seul donne des frissons d’angoisse. Mais cela n’a lieu, quand on est brave, ni devant une attaque, ni devant la mort inévitable, ni devant toutes les formes connues du péril : cela a lieu dans certaines circonstances anormales, sous certaines influences mystérieuses en face de risques vagues. La vraie peur, c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois. »
et... (soit ce que je n'ai pas lu (ou relu pour le dernier) encore : la peur 2, la main, la main de l'écorché, qui sait ? et le Horla)
L'efficacité. Histoires sans monstres, sans grandes manifestations effrayantes, juste inexplicables, ou qui le semblent mais sans qu'on ait la certitude qu'il n'y a pas une explication logique.... je trouve cela beaucoup finalement plus effrayant que les nouvelles à la Lovecraft, qui sont plus évidemment en dehors de toute réalité (mais auxquelles je prends grand plaisir http://brigetoun.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=190&action=edit).
Un peu ce que dit, justement, cette phrase de « sur l'eau » comparant le fleuve à l'océan : « Eh bien, je crois que les histoires chuchotées par les roseaux minces avec leurs petites voix si douces doivent être encore plus sinistres que les drames lugubres racontés par les hurlements des vagues. »
17 commentaires:
Et plus mélodieuses, aussi.
bonjour chère Brigitte, ah tes mots sont puissant,
alors peut être c'est parceque les hurlements des vagues ca peut être plus facilement éviter parceque c'est facile à reconnaitre mais les petites choses mélodieuse, comme dit joye, ce n'est pas si facile de reconnaitre et alors de se défendre contre.
merci aussi pour la petite fleur soleil de la poste précédente.
belle promenade encore magique.
Ah Brigitte je veux cette statue de Molière pour mon livre de Molière est-ce que je peux l'avoir? sil vous plait?
je suis terrible.
ciao.
Maupassant termine bien cette journée qui m'apparaît plus jubilatoire qu'à l'habitude. Soleil aidant. Beau clin d’œil à Lovecraft, lu sur l'autre Brigetoun ;-)
je veux dire j'aimerais l'imprimer.
roseau sournois et vague franche
Mirae bien entendu (enfin la photo, la sculpture est encombrante et n'est pas à moi)
la peur sournoise, glissante, est plus angoissante que la peur vêtue d'un monstre... brrrr ces histoires chuchotées !
merci!
bises
bien étrange de retrouver Maupassant du du Hibou gelé comme passé subrepticement d'un ordinateur à l'autre...
Un peu ...
et c'est déjà tout un monde
si peuplé de dits et de non-dits.
ces chuchotis de l'eau d'entre les roseaux..qui alimentent les rumeurs
.."La souplesse s'installe, le crâne se déride"... et l'APN nous fait part de tout ce que tu rencontres et que tu accompagnes d'aussi jolis mots.
joli article !
Tiens, je n'avais jamais remarqué que Molière avait ce sourire presque heureux.
Presque le sourire de l'Ange de Reims !!!! enfin presque
Les murs ronronnant ??? Stanley en est jaloux
Comment veux tu que les vagues chuchotent
ça leur arrive souvent, tu ne les as jamais entendu chantonner sur la plage en léchant tes pieds
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