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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 10, 2011

Samedi, festival « in » - spectacles vus ou non

Un peu après dix heures, place Crillon, quiétude et derniers petits-déjeuners -

rues d'Avignon, soleil, activité modérée, affiches bien sûr, plantes et fleurs sauvages bien entrnu aussi,

les Scènes intérieures abandonnées, habillent leur intérieur vide d'un placard en mosaïque,

et quelques titres parfois m'arrêtent, m'interrogent.

J'étais très en avance pour le jardin de la vierge, un peu étonnée tout de même d'être seule à attendre devant l'entée secondaire du Lycée Saint-Joseph, forte de ce qui m'avait été dit la veille,

jusqu'à remarquer le mouvement un peu plus loin, et retrouver les banquettes, les tables de prospectus, la fraîcheur du hall.

La vierge, que le plateau respecte maintenant par une petite encoche, a remplacé l'arbre dont je déplore la mort par des palmes, qui ne semblent pas tirer de cette usurpation une santé excellente.

Bien aimé le premier des deux courts « sujets à vifs » « trente-trois tours »

L' « inviteur » David Lescot (auteur, metteur en scène, musicien) ne se contente pas de monter un spectacle par et avec son invité le chorégraphe et danseur congolais (Braza) DeLaVallet Bidlefono, il échange avec lui en « onze pièces de trois minutes, comme onze morceaux sur un disque vinyle, avec entre eux aussi peu ou autant de lien. Onze duos » les « mettant aux prises, en présence, face à face... Le thème de l'album : se battre, comme une possibilité (parmi d'autres) de se connaître. »

Tout n'est pas égal, rien n'est inintéressant. Joli contraste physique, jolie complémentarité et accord, entre le congolais, grand, souple, qui garde toujours distance, humour, élégance, intelligence, et David Lescot, aigu comme un coureur cycliste, dont il a un peu la tenue (en version unie noire), sa musique, sa sensibilité, la pincée d'auto-dérision.

«Me donnait occasion de le connaître, me donnait occasion de le combattre »

Et il y a, intermédiaire entre eux et nous, le regard de la jeune femme (elles sont trois en alternance et je n'ai pas retenu le nom de celle de ce samedi matin) qui intervient surtout pour annoncer chaque pièce, mais reste toujours présente, sur le côté, les regardant en souriant.

Je suis un peu désolée, je n'ose pas trop parler de la pièce suivante « voyage Cola » de Bouchra Ouizguen (chorégraphe et danseuse marocaine), intervenue à un moment où fatigue, une idée très étrangère au spectacle tournant vaguement dans mon crâne, heure, langue (marocain) on fait que suis restée de côté, aimablement de côté.

« Des ritournelles d'enfants, des promesses de voyages, d'ailleurs et de meilleur. Une femme, une artiste, des racines des deux côtés de la Méditerranée avec sa cohorte de clichés et de présupposés. Voyage Cola esquisse le parcours de Bouchra qui, décidément, n'est jamais aux places que lui assignent les diktats. Rebelle, ou simplement elle - n'empêche qu'elle marche de l'avant, la fille. » dit d'elle Alain Buffard, metteur en scène, concepteur, invité à collaborer à son spectacle.

Humour encore, auto-dérision aussi dans sa façon de détourner la danse du ventre et de jouer de l'abondance du sien, de la violence que j'ai cru sentir, qui était certainement là si j'en juge par la comptine qu'elle avait jointe au programme

... »Tikchbila, Tiwliwla

Fatéma a accouché

elle l'a appelé Fouad

elle l'a jeté dans l'oued

son venus les chasseurs

ils se sont bien amusés

la ramasseuse de bois est arrivée » que j'aurais dû lire pour avoir un début d'accès au lieu de rêvasser en regardant les feuilles

retour un rien flottant, avec bonbon, brumisateur, par petites rues,

en saluant une lecture ou autre dans le jardin de Sainte Claire, mais passant outre, dans le désir de faire quelques achats et de retrouver l'antre.


récupération cuisine, gros repas très lent, et sieste, dont j'ai émergé à ma grande honte, vers quatre heures et demi, le temps de noter ceci, ensuquée et vaseuse, dans la moiteur de l'antre (pas fermé vraiment les volets le matin) en sentant s'évanouir toute envie de me remettre en état « sortie » pour partir un peu avant cinq heures et demi pour une seconde série de « sujets à vifs » dans les jardins de la Vierge (tant pis m'offrirai un nouveau billet)

arrosage, ménage un peu, négociation avec carcasse, tentative de remise en état et départ vers huit heures et demi pour marier découverte d'un texte, d'un auteur, et plaisir nostalgique d'ancien combattant vers les Pénitents blancs qui accueillent pour le 40ème anniversaire du Théâtre ouvert de Lucien Attoun, né là, avec « le camp du drap d'or » de Rezvani mis en espace par Jean-Pierre Vincent (j'y étais) dans des conditions de confort bien éloignées - quatre metteurs en scène de cette génération, ou de celle qui lui a succédée, retrouvailles que je ne veux pas manquer.

En faisant un petit détour pour humer l'air de la ville, longer des tablées sur les places,



voir, en m'attardant quelques minutes, des marionnettistes,



croiser des parades qui bougeaient trop pour que puisse les cadrer,

et puis, donc, attendre à côté des terrasses qui emplissent la place de la Principale, devant les Pénitents Blancs. Pour la première des quatre « mises espace » programmées pour cet anniversaire

Mise en espace donc, par Jean-Pierre Vincent, comme à l'époque, quand il jouait aussi dans le off avec Jean Jourdheuil et leur troupe, mais cette année c'était « Cancrelat » texte de Sam Holcroft (avec bien entendu Bernard Charteux comme dramaturge)


Le gradin habituel ces dernières années, mais avec quelques bancs au ras du sol qui rappelaient les conditions nettement plus inconfortables de l'époque et où me suis installée avec plaisir, renvoyée malheureusement par des quadras, dont une belle barbe, à belle assurance vers le côté opposé à la sortie.

Un texte riche : « La salle de classe de Beth, professeur de sciences naturelles. Les élèves crient, se battent, cassent fenêtres et portes... Dehors, la guerre fait rage. Dans les moments d'accalmie, la prof leur fait réviser « l'ovulation », « la sélection naturelle » et leur apprend par exemple que les organismes dont l'espérance de survie est la plus grande ne sont pas forcément les plus forts mais ceux qui s'adaptent le plus aisément à leur environnement, comme les cafards, ou cancrelats. Comment le vivant va-t-il se sortir de cette sale histoire ? », des sujets plutôt graves (sexualité, et naissance du sentiment amoureux, problèmes familiaux juste évoqués, conditionnement à la guerre, rôle assigné à la femme, etc... en gros, pris dans l'action et traités humour). Une très bonne équipe d'acteurs, et cette façon pour le texte de s'imposer, en étant dit sans que les didascalies, lues par une jeune femme, soient jouées (mais elles le sont de plus en plus en avançant dans le spectacle).

Malheureusement carcasse m'a joué le tour de se réveiller, me contraignant, un quart d'heure avant la fin, à l'humiliation de devoir me lever et me tenir debout ou marcher, silencieusement, hors de vue du public mais sous le regard de l'équipe, dans le bas côté jusqu'aux bravos.

Ce qui me rendait difficile de rentrer avec ceux qui le voulaient pour débattre du spectacle (et comme le public n'est pas nombreux, cela, dans mon souvenir, ne manquait pas d'intérêt)

J'ai pourtant hésité un instant à le faire, en constatant qu'il était déjà 11 heures et quart alors que « produit d'autres circonstances » la performance de Xavier Le Roy sur la tentative d'approcher le butô commençait à l'Ecole d'art à 11 heures.

Suis partie le plus vite possible, en coupant par petites rues, mais mon retard était vraiment trop grand, et j'étais trop mal en point, alors, j'ai renoncé et pris la rue Joseph Vernet vers l'antre, regrettant du coup d'avoir annulé les sujets à vif de 18 heures (parce que je trouvais que ça faisait beaucoup).

J'ai ce soir un très très long spectacle en deux parties au cloître des Célestins. J'espère être plus à la hauteur.

4 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Vu sur une affiche. Caubère joue Benedetto. Curiosité oblige. Lu sur le Le Monde : Avignon, c'est Vilar et Benedetto ensemble. Les deux faces d'une même médaille. Pas le in d'un côté et le off de l'autre. Et vous avez trouvé le temps de rédiger ce compte rendu complet. En semant de petites intrigues comme celle-ci : [...] les organismes dont l'espérance de survie est la plus grande ne sont pas forcément les plus forts mais ceux qui s'adaptent le plus aisément à leur environnement, comme les cafards, ou cancrelats. Comment le vivant va-t-il se sortir de cette sale histoire ?

jeandler a dit…

Le vivant, il s'en sortira bien mal, évidemment. En regard de l'inexistant, l'existence est si éphémère, qu'elle n'a qu'une vérité toute relative.

Admirable relation ! Comment fais-tu pour débroussailler cet écheveau ?

joye a dit…

Je ne comprends pas trop ce genre de marathon, étant le genre de personne dont la tête est saturée après trois heures au Louvre.

Mais bon, je ne comprends pas les marathons d'écriture non plus, plus comme la peine de Sisyphus qu'une joie d'écrire.

C'est dommage qu'on doive se pousser à ce point pour ne rien manquer.

Toutefois, tout le monde n'est pas comme moi, c'est une très bonne chose ! ;-)

Gérard Méry a dit…

Si j'étais en Avignon j'irais voir Caubère