Au sol, devant ma porte, ai trouvé un tas de réclames, les ai pris entre bras et hanche et emportés au rempart (container) – un pigeon surveillait mon respect des règles – ai voulu le prendre en photo, en petite vengeance (mais n'étais pas coupable, je respecte toujours les petites règles) – il a dédaigné la portée de mon petit appareil.

Me suis rabattue, un peu plus loin le long du rempart sur une basse-court fort disciplinée

qui déambulait, ou le prétendait, avec dignité, dans un jardin outrageusement civilisé, en peine de terre et de graines épandues.

Courses pharmacie faites, une fois que le mantra-liste-de-noms sur lequel me concentrais en défiance de mes pertes de mémoire de plus en plus fréquentes (certains noms de la génération suivante se sont effacés avec ceux d'écrivains, peintres, etc.. bien aimés), mes yeux se sont éveillés, ont accédé à la vision, libérés, sur la fuite des parasols de la place, le rythme croissant des branches, la profondeur de l'ombre qui perdait, dans le lointain, la lumière qui la nourrissait, et cette fente qui me renvoyait au ciel.

Ciel aimable, qui n'était pas pierre rudement pure et lumineuse, mais jeu de stridence bleue devenue masse d'air grâce aux écharpes qui s'y jouaient,

bleu qui s'adoucissait, se diaprait en douceur vers le bout de la rue de la grande Fustrerie, le châtelet, le pont,

bleu franc au dessus de moi avec cette envolée, cet effacement de la blancheur qui s'effilochait en invitant le rêve,

et, dans un coin, deux ailes perdues, qui se défaisaient en tombant lentement – ai pensé à Icare, me suis demandé où il s'était écrasé.