Journée sans rien, se laver les cheveux, vaquer, vivre et
reprise de mes voyages de samedi en très long pillage, toute honte envoyée par dessus les moulins comme on le faisait des bonnets (et en me repentant un tantinet d'avoir donné préférence à mon moi)
Voyage en lisant « va-t-en va-t-en c'est mieux pour tout le monde » de Christophe Grossi http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504936/va-t-en-va-t-en-c-est-mieux-pour-tout-le-monde - les trajets, entrecoupés de retour à la femme, la première puis l'autre, et au bureau là où il est si mal :
« Je dois rester assis toute la journée. Sinon je tombe. Je ne parviens pas à parler des lieux et des personnes que j’ai quittés (les libraires des Sandales) ni de ceux que je viens de retrouver dans cet espace qui m’étouffe et me déprime. J’en ai déjà assez de dépenser le salaire de ma peur. »
de l'ancien libraire, de ville en ville, de libraire en libraire (un petit aperçu sur http://brigetoun.wordpress.com/2011/08/20/visites-aux-libraires/) avec le plaisir, ou la fatigue à en perdre conscience de lui-même, de la route, les erreurs de trajets, les amis dans les villes et les repas, les hôtels solitaires avec les voyageurs de commerce, et les repas minables, les rencontres chaleureuses, surprenantes ou mornes, les liens par téléphone ou sms avec les puis la femme, les musiques (et je les recherchais sur you-tube pour accompagner ma lecture, la recherche des oloés, des endroits pour écrire comme :
« Envie de marcher. Palais des Papes. Rocher des Doms. Promenade dans le parc. En face, le Rhône, le Mont Ventoux, les Cévennes, un pont là-bas (le Pont du Gard ?), à droite les toits de la vieille ville. Je cherche un banc, fais le tour du parc, comme le chat, avant d’en choisir un – où vais-je écrire ? Des enfants, partout, et des gens en mouvement, qui parlent et se prennent en photo. »
et puisque je m'attache au voyage les villes, et les formules heureuses qui en rendent compte aussi rapidement que la visite qui a produit cette image
« Annecy, ville trop propre, trop sage, trop figée peut-être – le sentiment que j’en ai eu ce matin du moins. Une ville qui sent la retraite. Les libraires, accueillants.. »
Grenoble : « Et puis trop de monde, trop de tenues estivales qui débordent des terrasses sans parler des attitudes qui vont avec. Tout ce que je déteste. Peu de gens beaux, mais les corps se dénudent et se pavanent en ville à en devenir vulgaires : la télévision a envahi nos villes et nous fait tous tapiner dès que le soleil revient. » (mais belles rencontres)
Lyon : aimable, en petites notations
« Dijon. Le centre ville. Ses bourgeois. Ses maisons de maître dans lesquelles certains samedis on doit se surprendre à aimer inviter tout un tas d’amis qui s’affaleront sur la pelouse bien rase en écoutant un quatuor à cordes, un soliste roumain et un poète marocain.. » même impression et pourtant j'aime cette ville
etc...
en fait les formules à l'emporte-idées s'appliquent surtout aux villes qu'il n'aime guère, pour les autres l'impression se dilue dans le récit du séjour.
Tout de même : « Semur-en-Auxois, vers midi, une oasis – vieilles pierres, petit pont, du médiéval, du vieux commerce, la petite nationale.... la ville du fou des vaches, des herbes bleues le soir et des talus »
etc... faites plutôt le voyage avec lui, dans le livre.
Juste encore,
- Avignon qui est surtout le cadre de rencontres, du festival, le point de chute après virées à Arles, Nimes, Montpellier, Marseille (pas aimé mais y revenir..) avec ce petit clin d'oeil que m'ont fait ces mots, pour les soirées-à-côté-du-festival : « les lumières sont blanches et rouges, des coussins, des lits-banquettes. La scénographie fonctionne et pourtant elle me met mal à l’aise : elle n’est pas faite pour des gens seuls. »
- les villes du Massif central, et l'accueil, et puis à l'automne, quand « le ciel s’étend comme un chat après sa toilette », Paris qui est « adorable »...
et cela continue.. Bordeaux ville-façade trop riche, Bruxelles «je suis fou de cette ville », les villes de l'ouest et les amis, Tours et un merveilleux libraire, la Bretagne et la beauté etc... et le théâtre de la Bastille pour que je souris en me trouvant chez moi... (y rester avec la pyramide, la place des Vosges etc..)
et la fin « va-t’en va-t’en c’est mieux pour tout le monde »
Je voyage, aussi, chaque jour, et reviens parfois en excursion dans mes chemins antérieurs, entre plaisir, interrogation, mots et sentiments, au pays inconnu de Laurent Margantin qui, de jour en jour, se prolonge, se diversifie, s'approfondit, et dont je pille, juste, un peu au hasard, mais pas tout à fait, des facettes, moi pique-assiette sans remords (pour faire le voyage http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?rubrique79 ou ce guide http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article1047)
(et toutes les photos, celle qui est là, ci-dessus, et celles capturées pour des montages, sont de lui, fruits de mes larcins momentanés)
« L’œil qui vous fixe combat à chaque instant cette ancienne rêverie en vous forçant à voir ce que lui seul voit, en vous obligeant à regarder des images toujours nouvelles, loin devant vous. L’œil qui vous fixe éradiquera jusqu’au dernier arpent de votre espace intérieur. »
« Cette pièce métallique fixée dans la roche depuis un siècle est l’élément d’au moins trois songes : celui que je fais en m’imaginant le passage dans ce lieu d’un tramway depuis longtemps disparu ; celui que je ferai lorsque je me souviendrai de mon propre passage dans ce lieu et que je serai moi-même à des milliers de kilomètres de ce même lieu devenu inaccessible, comme le sont la plupart des lieux divers de nos songes. Enfin, cette pièce métallique est l’élément d’un troisième songe : celui que je fais en écrivant ces lignes. »
« Ces yeux sont-ils morts ? Ces yeux sont-ils vivants ? Maintenant que je ne pêche plus – la mer autour de la ville est bien trop mauvaise, battue par la tempête éternelle –, je me rends chaque jour au marché aux poissons et j’ai tout le loisir de regarder leurs têtes, d’observer leurs yeux. Lentement, passant d’un étal à l’autre, je regarde et je fixe leurs yeux, avec chaque jour un peu plus de compassion. »
« Le verre de nos buildings, nous l’avons conçu pour porter le ciel, pour en intégrer les variations les plus infimes. Ainsi, levant la tête vers le ciel, vous le trouverez infiniment multiplié dans le verre, et vous ne serez pas tenté de sortir de notre ville pour le retrouver dans sa seule dimension naturelle : nous vous offrons gratuitement le ciel dans le nombre infini de ses reflets. »
« Les taches de rêve dans notre ville, on ne les nettoie plus depuis que la mairie a supprimé plusieurs dizaine de postes d’agents de nettoyage qui en étaient chargés. On laisse désormais les taches de rêve parcourir nos rues, les passants vont à travers sans s’en rendre compte. »
« D’une rive à l’autre. Une fois c’est la ville qui est la première rive et la baie la seconde ; l’autre fois c’est l’inverse. Au milieu de la traversée, on oublie les deux rives, on est juste dans le balancement du bateau, évaluant la force des vagues et du vent. On est alors au cœur du pays inconnu. »
6 commentaires:
On ne peut pas voir le Pont du Gard depuis le Rocher des Doms. Il est à l'ouest, caché entre les collines.
Le grand Jean-Sébastien ne s'est-il pas inspiré de ses propres œuvres pour se citer dans ses nouvelles créations? Ce « moi » que vous citez me convient parfaitement.
tous ces voyages sur la toile et ces villes comme des plats listés sur une carte de restaurant... bien loin d'une "journée sans rien"
l'art de piller vaut bien ce que l'on pille
j'aime surtout le titre du livre, c'est insolite.
Vas-t'en vas-t'en...et depuis Christophe à Grossi
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