Le premier samedi du mois, c'est vases communicants
Ce mois d'août, vous le saviez ou non, est exceptionnel, au moins en ce qui concerne les vases communicants, puisque 11 échanges étaient prévus en ce désert du mitan de l'année – et Brigetoun était entre l'excitation d'un enfant devant un comptoir de pâtissier, et l'agacement de ne pas y trouver, tout de suite, toute la palette qu'il attend.
A sacrifié à son petit rite, pour elle, opus vous aussi (mais préférable de retrouver les vases en leur intégralité regroupés par Pierre Ménard sur http://www.scoop.it/t/les-vases-communicants/)
Textes en cours
Ana NB http://www.liminaire.fr/spip.php?article1318
fragment d'un travail sur « le marin » de Pessoa
« ensuite on entend la musique du rêve d’un pays
le rêve d’un pays d’un pays futur la nostalgie d’un pays futur
le rêve je rêvais
on voit sur un écran les paysages les villes les rues les quartiers les murs les quais les ports les gens les fenêtres les personnes les amis les ennemis les arbres les pavés le ciel une à une les rues les villes les pavés les ports les quais les quartiers les fenêtres les paysages »
et
Pierre Ménard http://sauvageana.blogspot.com/2011/08/vases-communicants-aout-2011-la-ville_04.html
beau texte : un homme avance vers amour passé à travers paysages du passé ou d'un avenir désiré, dans une ville différente depuis cette absence « Si j’écoute le battement de mon cœur dans ma poitrine, parfois je n’entends plus rien d’autre, et cela me trouble et me ravit en même temps. La ville autour de moi m’accompagne même si tu n’es plus là. Ses voix éparpillées dans les rues, sa propre rumeur qui s’éteint, qui est en train de s’éteindre. »
noeuds :
Christophe Sanchez http://christopherselac.livreaucentre.fr/2011/08/05/noeuds-par-christophe-sanchez/
cheveux entortillés par le doigt de la petite fille qui habite un corps devenu celui d'une femme désirable
« Ainsi d’un cheveu, elle croisait l’espoir que la gêne face à l’intrus enfin la délaisse et autour d’un seul doigt retenait là l’enfant qui s’évanouissait sous les oeillades indiscrètes. Elle tournait si vite que de ses fils d’or elle faisait des nœuds, de gros nœuds de paille entre ses croches rebondies. »
et
Christopher Sélac http://www.fut-il.net/2011/08/noeuds-vasescommunicants.html
des « poèmes enchassés » et le mode d'emploi
« Je n'ai pas exploré toutes les possibilités, comme la composition de micro-textes enchâssés dans l'ensemble et mis en exergue par la police, sa taille, sa couleur. Ce logiciel, Wisemapping, permettrait aussi de composer une carte mentale à plusieurs.. »
et on peu à partir de noeud aller à « tu ne tiens qu'à deux fils, début de toile d'araignée» ou aux intestins ou au noeud, gorgien bien entendu, qu'il faut trancher...
Samuel Dixneuf http://www.erohee.net/ail/chantier/samuel-dixneuf-les-vases-communicants/
beau, entre récit et poésie, le je des immigrés sur une plage
« Les nuits tourbillonnantes, je ne pense pas au soleil au nadir, je ne pense pas au retour des lumières, j’embrasse l’obscurité, je pars, loin dans la valse du temps, de la mer allée avec les étoiles. »
et
Benoît Vincent http://samdixneuf.wordpress.com/2011/08/05/rimini/
Rimini, depuis la mer, depuis la plage, de huit à quinze ans (comme une chanson aux règles masquées)
« Je discerne qu’il y a des gens ici, dont c’est le jour — pas les vacances. Dont c’est le continu. Les routes se rejoignent, il n’y a pas de paradis. Les continus se rejoignent, à leur croisée, ce n’est pas un sommeil, c’est un surcroît, un regain ; je quitte la plage, mon désert répond au sien. Je cherche les bars les marchés, les edicole, les postes les églises, tout là où des gens. »
Camille Philibert-Rossignol http://www.babelibellus.fr/chezjeanne/vasescommunicants/2011/08/05/la-chair-du-jujubier/
escale dans une île – curiosité – délice – perdue – et la brutale réalité qui dit départ
« Le ciel m’enrobe, m’absorbe comme du miel épais. Une envie me démange, composer un chant éclatant, c’est trop bon d’ignorer qui on est, comment on s’appelait, de respirer des parfums de jasmin, ( et ça existerait une spirale qui aurait une fin), est-ce que mes os sont des diamants roses ? Chaque seconde vécue déploie des milliards de fascinantes facettes. C’est décidé, je reste. Je bouge plus. Je prends racine. »
et
Chez Jeanne http://camillephi.blogspot.com/2011/08/par-monts-et-par-vaux-vers.html
poème, se souvenir, lire, dire quand le soleil décline par monts et par vaux
« et, dans un soupir du ciel..
m'apaiser. peut-être. retrouver mon lire.
fermer les fenêtres. ne plus guetter le nuage.
celui qui me laissait vagabonder errer composer.
ramener, Perette, veux-tu, et la crème. et l'oeuf.
revenir. ne pas oublier. revenir. Vers... »
chats, ville et Bosphore
Matthieu Duperrex d'Urbain trop urbain http://www.microtokyo.org/?p=2354&utm
et les chats d'Istanbul vénérés (contrairement aux chiens ces impurs), passionnante étude sur l'éthique de la rue,
« Il existe plein d’histoires sur des citoyens qui vont jusqu’à récupérer à la fourrière un chien qui ne leur appartient pas, mais qui appartient à ce coin de rue-ci, à ce kiosque-là, comme un voisin ivrogne qu’on irait chercher en cellule de dégrisement. Par ailleurs, les animaux des rues, chats et chiens confondus, servent évidemment de médiation entre plusieurs couches sociales, y compris sous l’angle de l’affrontement idéologique… »
et
Aymeric Bôle-Richard de Microtokyo http://www.urbain-trop-urbain.fr/les-chats-de-galata/
les chats de Galata, sont petits dieux, rois, politiques, débatteurs, mais doivent veiller à ne pas être détrônés (et la journée du chat-héros est régal)
« L’évocation de lointaines mégapoles sans félin et de ceux délogés des quartiers Roms lui fit presque craindre que cette situation ne lui arrive à lui et sa bande. Après tout, son observation du monde et la rencontre de centaines d’étrangers semblaient lui souffler que les Hommes ont souvent le chic pour minimiser ce qu’il y a de plus important : la diversité, la perception de l’environnement et le flegme »
Christine Jeanney http://www.ecrivant.net/spip/spip.php?article212
méditation (magnifique) sur toutes les secondes échappées qui construisent nos villes, nos vies, et celles d'avant, pendant, après la lettre
« La seconde échappée ne prend pas de mesures, ne formule pas de décisions, elle ne tend pas le cou pour sonder la crevasse ou le moelleux du sol, n’a pas de temps à perdre, n’examine pas les éléments. Elle vibre dans une tonalité différente, l’entièreté d’un monde prise à l’intérieur. »
et
Anna Vittet http://tentatives.eklablog.fr/ana-vittet-dans-journal-du-chakra-vase-comunicant-d-aout-a4765194
un chat qui se conforme au journal du rat qui figurait en ces lieux, pour nous avouer que
« il a fallu que j'attende qu'il soit suffisamment pris dans le sommeil pour qu'ils puisse voir ma gueule ouverte et se sentir appelé, cette bête de nuit qui ose bruire dans le jour, ce rat qui continue à vivre comme s'il n'avait pas le choix, dans les poubelles des villes, dans la ville-poubelle, discrétion, concessions. » et qu'il y disparaisse, bien entendu
colophane
Isabelle Pariente-Butterlin http://ecritol.lavoisy.eu/
explosion qui suit la chute qui suit l'envol de cela qu'on savait fragile
« explosion au sol, myriades éclatées, transparentes, éparpillées, glissantes, collantes, poisseuses, myriades d’éclats éclatés éclatements éclaboussures, éclaboussures sèches et dorées, mais poisseuses, morcèlement … de ce qui » était la colophane
et
Olivier Lavoisy http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article104
ambre musical – une grisante évocation - le petit bout de résine, trouvé par Nils dans la voiture de l'oncle invite l'ambre . « De bosquets en trouées, c’est maintenant une fugue, la quintessence du langage, menée en mode mineur le plus harmoniquement renversant qui crée des tensions sensibles. Des pizzicati pourraient bien parler avec la flûte et le basson, alors que la clarinette et le cor se noueraient entre eux. Le cor soulignerait alors l’ensemble des voix, de concert avec le marumba, en un contrepoint préparant le glissement progressif vers ce grand méconnu qu’est l’alto, recombinant en chemin tous les timbres. »
images du passé
François Bon http://cafcom.free.fr/spip.php?article298
aller d'un village à la ville, vers la verticalité, depuis le « pays de vent : les maisons y étaient basses (Rabelais disait que les hommes aussi) » - les trois maisons à un étage réunies en une seule soigneusement décrite - « une grande partie de ma vie, dans tous les rêves avec escaliers, c’est toujours cette maison aux couloirs, portes fermées à clé ou percées dans les murs, et des univers qui changent radicalement même s’il s’agit toujours d’un seul étage, que je reviendrai, avec cette sensation d’accès multiples, de passage possible d’un escalier à l’autre », à la maison de ville avec son escalier (un des deux) du XIII° siècle qui « débouche sur l’étroite étendue circulaire sous le toit conique d’ardoise, avec fenêtre donnant sur la place et l’église. Je n’ai pas souvenir que mon père ni ma mère soient jamais montés dans ce recoin sous la charpente. Dans les rêves ultérieurs, et même dans la complexité des rêves où on retrouve le mort, il y a toujours ce fait que l’escalier est trop étroit pour que mon père l’emprunte. »
et
Jacques Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2626
une photo d'archive : Juliette, la petite amie d'un ami – 1986 – la camaraderie proche, l'armée et quelqu'un avec qui parler, les retrouvailles, un hébergement
« Au matin Antoine préparait le thé : c’est lui qui m’a fait connaître Mariage Frères chez qui je me fournis toujours. Juliette se réveillait juste. Je ne sais pas pourquoi j’ai pris la photo. Sans doute parce qu’elle était bien jolie, Juliette, avec un grain de beauté au coin de la bouche, et de beaux cheveux. »
et c'est joli, l'odeur du thé qui revient, et cette fille.
les chaises
L'autre-je http://iowagirl.over-blog.com/article-l-invitee-d-honneur-lautreje-80849499.html
les chaises vides empilées sur une vie – toutes ces chaises qui se sont vidées quand besoin était d'une aide
« Elle regarde les chaises vides de sa vie empilée, tente de les compter, se perd, recommence, se reprend, souffle de lassitude, recompte encore une fois en s’aidant de sa main. Elle commence par le bas, remonte une colonne de chaises, puis redescend la colonne suivante, elle arrive au bout, se dit non, ce n’est pas possible, j’ai dû me tromper... »
et
Joye http://lautreje.blogspot.com/2011/08/linvitee-dhonneur-iowagirl.html
le garçon qui surveille les chaises du café de la plage et qui rêve que la si belle patronne est forcément sans amour pour son époux et forcément maltraitée par lui
« Je me demandais pourquoi il ne finissait pas son boulot plus vite, histoire de retrouver cette déesse de Debbie dans son lit et ses bras. Cela prouvait ma théorie que la bête ne couchait pas vraiment avec la belle, et qu’il devait la garder dans la cave de peur qu’elle s’enfuie.»... mais qui est encore un peu jeune
aéroport
Louise Imagine http://xavierfisselier.wordpress.com/2011/08/05/bientot-6h-louise-imagine-vasescommunicants/
depuis bientôt six heures dans les formalités angoissantes d'un aéroport de pays sans liberté
« Une inquiétude lourde, oppressante teintait l’atmosphère. Chaleur étouffante, odeur de transpiration, doigts se nouant se dénouant, piétinements. Elle, se cala au fond de son confortable siège en plastique et ferma les yeux. Mal de crâne en préparation. Dans sa paume, tout contre elle, la douceur de l’objet. Sa chaleur… » objet qui restera mystérieux et talisman
et
Xavier Fisselier http://louiseimagine.wordpress.com/2011/08/04/vase-communicant-daout-2011-par-xavierfisselier/
chauffeur de taxi et fin de voyage -
« Nous nous étions croisés, nous avions parlé ensemble mais je réalisais que jamais nous ne nous croiserions à nouveau. Un sentiment oppressant d’inconfort m’envahit soudainement. Je vivais cette expérience quotidiennement, immanquablement la même, se connaître puis disparaître. Il ferait partie de moi, et moi de lui, pour toujours. Pourquoi nous étions nous rencontrés, lui et moi? Qu’allait-il advenir de nous, de lui, de moi? »
et enfin, traverser
Nicolas Bleusher ci-dessous :
traverser du réel au rêve pour rencontrer garçon aimé
« Je m 'enfouis dans le souvenir de son cou. Je le soulève, je nous arrache, si lourds, à ce temps parallèle, luttant des minutes entières contre les forces du passé, battant des ailes et des talons pour échapper aux démons de sa mélancolie... »
et
Brigitte Célérier à moins que ce ne soit Brigetoun ébauche une déclinaison, chez lui http://nicolasbleusher.wordpress.com/2011/08/05/traversee/, de quelques modes de traverser ou d'être traversée, comme : « suivre une des perles glissantes, se pencher, opacifier par le souffle, savoir que le verre est là, entre... »
9 commentaires:
Ce tissage est chatoyant, les mots et les photos tissent notre traîne. Merci à toi, pour ce beau partage.
Je ne saurais mieux dire que l'Autreje. Toutefois, force est de remarquer que le JE se conjugue de plus en plus au pluriel dans les vases communicants. Le JE s'expose, se décline, s'impose, se décime au gré des émotions.
Quelle moisson et les images si savamment choisies. On se laisse porter par la vague, attendant la prochaine...
Comme "les chaises vides de sa vie empilée"
De bien beaux vases en fleurs de mots
Merci pour ce joli bouquet, qui complète si bien les vases...
qu'en pense le chat qui baille !
qu'il n'aurait pas dû avouer qu'il a mangé notre ami rat
Quel boulot, brige !
Entre le potager, les enfants, les petits-enfants et arrière-petits-enfants, n'ai que le temps d'un survol, mais quel plaisir ! Merci.
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