oreiller salé au réveil, par la baie de visée agrandie du blockaus la rade frissonnante dans le petit jour, mer qui prend couleur en même temps que montent les odeurs du chemin des douaniers – Saint Mandrier au fond, mufle sombre couché
les soirs sur le balcon du boulevard Jules Michelet, au dessus des pins de la terrasse une bande de mer noire sous un immense ciel de flammèches, murmures de voix, musiques qui s'effacent, le chantonnement des pins et de l'eau, la chaleur du jour qui sort de la peau, le quartier et la rade qui s'endorment
les vitres qui tremblent un peu comme celles d'un bateau dans les chassis métalliques de la vieille véranda et le mistral sur l'eau, risées furieuses qui traversent, une branche qui fouette, la coulée d'or du soleil décolorant le froissement de l'eau juste en face
porte ouverte de la maison de pêche, le talus avec les racines des arbres, la plage qui se prolonge infiniment sous l'eau, verte très pale, presque jaune, dans le calme plat de la reverse entre brise de terre et brise de mer – la fuite des yeux sur l'eau qui gagne en bleu jusqu'aux îles
entre les deux pins au sommet du petit cap, le large où se perdent la crique et la longue plage, rousseur du sol, odeur des pommes de pin chauffées au sol, odeur forte des rochers, chanson des petits tourbillons, l'infini variation des couleurs de la mer
j'espère que vous avez lu, pleins d'une indulgence bienveillante ou mieux, parce que maintenant j'en viens au lien vers ce que vous conseille de lire.
Nouvel atelier d'écriture, mercredi, de François Bon dans le cadre de Numer-île http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2646 à partir de Gracq (très beaux passages des « Lettrines »), du regard face à la mer, depuis le cadre d'une fenêtre ou autre, avec les variations selon le temps et éventuellement le changement d'espace - et la mer étant le rêve primal de nous autres êtres humains, issus du liquide maternel, ce fut une série de très belles contributions, avec dans l'ordre Brigetoun dont le mieux que l'on puisse dire c'est qu'elle a été la première (très, très vite, en obéissant bien aux consignes, parce que désir grand et toutes ces visions de la mer pendant des années, si loin de moi, mais sentiment de mon peu, alors vite pour aller déjeuner – mais je n'avais d'autres photos que ce qui s'était caché dans mes yeux longues années passées) et puis, et là on monte d'un cran avec
Tiphaine Touzeil,
Jacques Bon (comme pour le précédent),
François Bon lui-même (preuve de l'importance pour tous de cela : regarder la mer),
Laurent Margantin (et il le reprend chez lui avec de superbes photos, il peut, lui, grrr),
Daniel Bourrion (qui participe rarement et magnifiquement),
Dominique Hasselmann,
Josée Marcotte depuis son outre océan – pas le même que Laurent,
Paesine un seul paragraphe dense de beauté,
Christine Eschenbrenner pour moi belle découverte,
Benoît Vincent (mais c'est à lire chez lui, allez-y),
Laure Moralli en concision poétique
et enfin Jean-Jacques Dorio (ceci étant l'état en fin de matinée jeudi, peut-être y a-t-il eu suite)
la jeune Brigitte qui était en moi, pas si mécontente quoi qu'elle en dise de ses notations, (on est toujours trop indulgent ou sévère pour soi même, le tout étant d'éviter la médiocrité satisfaite, ce dont je ne suis pas à l'abri) dit que les photos, pour ne pas correspondre exactement aux angles de vue qui étaient les siens n'en sont pas si loin.
P.S. À dix heures du soir ai trouvé la participation de Pierre Ménard que vous souhaite de lire et regarder http://liminaire.fr/spip.php?article1326
9 commentaires:
La vie en bleu...
Ce doit être la saison !
c'était surtout cette réunion à Ouessant (et je ne vis plus près de la mer depuis plus de quarante ans mais ça doit être atavique)
Il me semblait retrouver dans le choix des mots des réminiscences que nous laisse la mer lorsqu'on s'en approche. Elle est si mystérieuse et elle n'a de cesse de nous fasciner.
@ brigetoun : "Les pages sont des plages où les mots jouent à la marée."
(Benoît Dehort, "Oeuvres complètes", tome 6, page 14, Editions du goudron, 2009)
admiration pour ce travail, les consignes, le rendu.
trouve très beaux les cinq paragraphes et que la Brigitte sévère devrait écouter plus souvent jeune Brigitte...
Saint Mandrier: souvenir d'une amitié, aussi claire que la mer.
mais si, la jeune Brigitte est toujours en toi !!
Tiens, on a eu le même ciel ici (sinon la même eau).
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